lundi 1 juin 2020

J’ai un peu connu Bedos, l’homme, et beaucoup fréquenté ses spectacles.


Il avait une première qualité : il me faisait rire, beaucoup rire, mourir de rire comme on dit. Et, par les temps qui courent, je suis de ceux qui pensent que l’humour est une part indispensable non seulement de la nature humaine mais aussi des sociétés modernes et, même, de la vie publique.
Nous sommes en état de manque d’humour permanent et il faut saluer le rôle social éminent de ces saltimbanques qui nous divertissent et nous font rire. Il était un vrai saltimbanque au sens noble du terme.
Bedos était un « écorché vif », un de ces hommes qui portent en eux le malheur d’une jeunesse violente et qui veulent donner aux autres ce dont ils ont été privés plus jeunes: à ses enfants d’abord car ce fut un « papa-poule » formidable, à ses femmes car il en eut plusieurs mais auxquelles il restait fidèle, à son public aussi à qui il donnait beaucoup... Il est même étonnant de constater cette fidélité à sa mère, sur la fin de sa vie, elle qui l’avait pourtant singulièrement maltraité...
Il était un « méditerranéen » véritable, né à Alger et y laissant de vraies racines culturelles et sentimentales. Passionné, fougueux, sentimental, tendre, excessif...Il avait retrouvé une « part de son Algérie » en Corse où il sera enterré.
Et puis Bedos était un homme de gauche, profondément de gauche, j’allais dire maladivement de gauche. Je ne m’en suis pas plaint...je l’ai connu quand il s’est engagé aux côtés de François Mitterrand, lui dont l’esprit caustique eût pu être incompatible avec la nature parfois florentine du Président mais qui appréciait par dessus tout sa défense des libertés et son amour immodéré de la Culture.
J’ai revu Guy Bedos il y a quelques temps lors d’une de mes promenades dans Paris. C’était dans l’Ile Saint-Louis, près de chez lui, à la terrasse d’un bistrot. Brève rencontre, conversation émouvante et plaine de tendresse et, désormais, très beau souvenir.

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