vendredi 27 avril 2018

Lu "My absolute darling " de Gabriel Tallent aux éditions Gallmeister.

L'immense succès américain pour le premier roman de ce jeune auteur. L'histoire, contemporaine, se passe dans le Nord de la Californie, autour de Mendocino, petite ville popularisée par le film " Un été 42" et dont je garde un souvenir ébloui par la beauté de ses paysages pour les avoir trop brièvement fréquentés à la fin des années 80.
Turtle, adolescente de 14 ans , est l'objet et la victime de cet amour absolu que lui porte son père depuis la mort de sa mère quand elle était enfant dans des conditions mystérieuses. Mais ces deux êtres-là, le père et la fille, vivent dans de drôles de conditions, partagés entre l'amour de la nature, des arbres, des animaux et de la mer, qui les entourent, et la passion des armes à feu dont ils sont pourvus presque jour et nuit. Cet amour absolu est un amour-haine d'une puissance et d'une violence invraisemblables puisque le père aime tellement sa fille qu'il la bat et la viole, puisqu'il faut bien appeler viol ces incestes à répétition. Et Turtle est terriblement, puissamment, violemment déchirée par son attachement fusionnel -au mauvais sens du terme- à son père et par sa conscience grandissante que sa sauvegarde et son avenir passent par sa capacité à s'en affranchir. Une première rencontre de Turtle avec un adolescent de son collège auquel elle va s'attacher, puis une deuxième avec une fillette que son père va ramener chez eux sans prévenir, vont précipiter cet affranchissement par une fin tragique et d'une violence folle.
C'est vraiment un livre prenant , particulier et original, et d'une puissance , d'une profondeur impressionnantes.

48h bien agréables au Printemps de Bourges avec une bonne bande d’amis.

Il y a bien longtemps que je me promettais d’aller visiter la grande manifestation de la chanson française, avec les FrancoFolies de La Rochelle où je me suis rendu plusieurs fois. 
Le Printemps de Bourges - très belle ville !- n’est pas une affaire de «Bourges» ! C’est une manifestation très populaire et très intergénérationnelle. Intéressant. On y voit et écoute des chanteurs et chanteuses confirmés comme des débutants qui viennent y saisir leur chance. J’y ai découvert et beaucoup apprécié Juliette Armanet pleine de charme et de sensibilité, de personnalité dans la voix et sur scène ; Catherine Ringer, à la personnalité intelligente et au métier affirmé, que je trouve beaucoup plus épanouie et convaincante qu’il y a 20 ou 30 ans ; Véronique Sanson plus convaincante dans le registre émotionnel que dans celui des décibels; les Brigitte qui m’ont un peu déçu car le charme de l’alliance de ces deux femmes et de leurs voix fines et aiguës se brise un peu quand l’une «prend le pas» sur l’autre; un groupe canadien génial, éclectique et drôle, «Walk off the earth »( ah ! Ces huit mains sur une seule guitare !!); Quant à Rag’n bone man, ce balèze blanc plein de tatouages à la voix des meilleurs chanteurs de soul noirs, je l’aurais apprécié si son ingénieur du son n’avait pas cru que la qualité se mesure à la puissance : nous sommes partis pour protéger nos oreilles...

lundi 16 avril 2018

Lu "La disparition de Stéphanie Mailer" de Joël Dicker, paru aux éditions de Fallois.

Je ne suis pas, d'ordinaire, un grand amateur de romans policiers. J'en ai pourtant beaucoup lu dans mon adolescence mais je me suis éloigné du genre. Mais là...
J'avais déjà beaucoup apprécié "la vérité sur l'affaire Harry Quebert" et j'attendais le prochain livre du jeune (il a 33 ans seulement) écrivain suisse romand. Le voilà et c'est franchement réussi, passionnant, palpitant. L'histoire se passe dans les Hamptons, dans la grande banlieue de New York en 2014 où une jeune journaliste, Stéphanie Mailer, est assassinée alors qu'elle enquêtait sur une autre affaire, datant de 1994, lors de laquelle quatre personnes avaient été assassinées et qui avait été élucidée par deux policiers émérites. Sauf que...les mêmes policiers, vingt ans après, s'aperçoivent que ladite journaliste s'apprêtait à révéler que l'enquête s'était égarée et que le véritable auteur des crimes n'était pas celui condamné. À partir de là redémarre une formidable enquête pleine de rebondissements progressant à la fois dans l'actualité et dans les souvenirs de l'enquête passée. C'est vraiment formidablement fait et ça tient en haleine au-delà de l'imaginable.

jeudi 12 avril 2018

MACRON, LES RELIGIONS ET LA LAÏCITÉ : LES LIMITES DU "EN MÊME TEMPS"


J'ai voulu me donner du temps après le discours du Président de la République devant la conférence des évêques de France aux Bernardins. Le temps de la lecture, stylo en mains, du texte officiel sur le site de l’Élysée et non pas des extraits de presse plus ou moins tronqués. Le temps de la réflexion et de quelques échanges avec des personnes de confiance. Le temps de ne pas me précipiter...
Il faut dire que la cascade des réactions précipitées n'encourageait pas à s'y noyer !
MELENCHON, qui n'est pas suspect, historiquement, de manquer au devoir de laïcité même s'il fait preuve d'une indulgence invraisemblable à l'égard de certains - certaines!- élus ou dirigeants de son Parti, aurait mieux fait de s'en tenir à sa première réaction, sobre et nette. Pourquoi, ensuite, qualifier le Président de "sous-curé "? Ca ne fait pas vraiment avancer le débat dans la dignité...
Benoît HAMON, défenseur d'une conception très souple et relative de la laïcité, sans doute plus en accord avec MACRON qu'il ne le dit, a livré, pour s'en démarquer sur une radio publique des explications aussi alambiquées qu'incompréhensibles.
Olivier FAURE a rappelé opportunément la loi de 1905...qu'il proposait, il y a peu de modifier, ôtant toute crédibilité à son propos.
Et le génial BIANCO , qui "observe" la laïcité avec la loyauté qui s'impose à l'égard des Présidents qui le nomment, n'aura retenu que deux paragraphes du discours pour lui accorder son label, occultant tout le reste et ressortant des déclarations de MACRON datant de l'an dernier pour se réjouir d'être ainsi conforté. Drôle de rigueur pour le Président d'un observatoire qui, il est vrai, n'a rien d'indépendant...
Revenons donc au discours. Il est long, très long, et d'une qualité littéraire et intellectuelle indiscutable.
Et dans cette longue dissertation, peu avant la fin du discours, deux paragraphes définissent la laïcité d'une façon juridique et républicaine quasi-parfaite. J'y adhère et pourrais les signer.
Seulement voilà : "en même temps " - car il faut bien, désormais, s'inscrire dans ce balancement quasi-protocolaire de la pensée et de l'expression - oui, en même temps que ces deux paragraphes incontestables, des dizaines d'autres participent d'une "religiosité" assez invraisemblable, non pas en tant que telle dans la bouche du citoyen Emmanuel MACRON qui a bien le droit de penser et d'exprimer ce qu'il veut, mais dans celle du Président d'une République "indivisible, laïque, démocratique et sociale " comme le dit l'article premier de notre constitution.
D'où, au total, une formidable ambiguïté, des interrogations et des inquiétudes légitimes et, évidemment, une première question incontournable : le Président a-t-il cédé à la tentation de plaire à son auditoire avec cette pointe de démagogie traditionnelle des orateurs qui aiment plaire et se faire applaudir... ou bien est-ce vraiment ce qu'il pense ?
Ne soyons pas mesquin et retenons la deuxième hypothèse. Mais c'est presque plus grave...
Car au fond, ce faisant, le Président commet quatre erreurs et non pas des moindres, dont chacun jugera si ce sont des erreurs ou des fautes.
- Première erreur, la plus marquante, relevée par tous parce qu'elle est assénée d'entrée de jeu : cette histoire "du lien abîmé entre l'Eglise et l'Etat". Première observation : vous avez remarqué comme le Président, tout au long de son discours et à de nombreuses reprises, parle de "L'Eglise" et non pas " des églises" ? Comme s'il n'y en avait qu'une, l'église catholique. Comme si la loi de séparation "des églises et de l'Etat" de 1905 n'avait pas de valeur intemporelle à l'égard de toutes les églises. Deuxième observation : " le lien" ? Quel lien? La loi de séparation, loi de la République, n'a-t-elle pas, justement, coupé ce lien ? N'a-t-elle pas instauré une indépendance réciproque, celle du pouvoir politique vis-à-vis des églises et, inversement, l'indépendance de celles-ci à l'égard du pouvoir politique et de ses tentations concordataires ? Alors pourquoi parler d'un lien quand la loi de la République l'a fait disparaître ? Voulait-il parler de "relation" , l'indépendance n'interdisant en rien la relation, le dialogue, l'échange dans le respect mutuel ? Non, il a parlé de lien et cela résonne comme une négation de la loi de 1905.
Quant au terme "abîmé ", il est tout aussi étrange, d'autant qu'assez explicitement le Président en exonère l'église de toute responsabilité, l'Etat seul en étant responsable. Diable !... Et comme chacun comprend que le Président fait allusion au mariage pour tous, on ne peut s'empêcher de poser la question : du législateur qui a voulu faire progresser les droits universels et mieux protéger une catégorie de citoyens, ou bien des parents qui ont emmené leurs enfants tendrent une banane sur le passage de Christiane TAUBIRA en criant " C'est pour qui la banane ? C'est pour la guenon !" , qui a le plus abîmé la République ?
Comprenons-nous bien : si le Président avait évoqué "la relation distendue entre les églises et l'Etat" , il eût été incritiquable. Mais il a parlé "du lien abîmé entre l'église et l'Etat" et les mots ont un sens.
- Deuxième erreur du Président : évoquer, s'adressant aux catholiques , " la République que vous avez si fortement contribué à forger" est une réécriture de l'histoire de France assez stupéfiante ! Le pape Pie X doit se retourner dans sa tombe... Sa condamnation du Sillon et de Marc SANGNIER, désireux de réconcilier l'église et la République fut-elle une illusion ? Et les menaces d'excommunication contre les parlementaires qui voteraient la loi de séparation, illusion aussi ? Le Président ne sait-il pas que la République , depuis les lois Ferry jusqu'à la loi de séparation-et même bien au-delà ! - , s'est forgée dans un combat acharné contre "le Parti religieux " ?
- Troisième erreur : ce long dégagement confus par lequel le Président réduit la question de la spiritualité à celle du "salut" et, par extension, suggère que celle-ci, la spiritualité, serait affaire exclusive des religions et, mieux encore de " l'Eglise". C'est une double offense : à tous ces grands penseurs, CAMUS le premier, bien sûr, mais tant d'autres qui ont démontré si heureusement le contraire, et à tous les citoyens athées, agnostiques, ou tenants de philosophies humanistes, qui cherchent, réfléchissent, s'interrogent en permanence sur les questions liées à cette spiritualité. Derrière cette troisième erreur s'en cache une autre : Monsieur le Président, si vous êtes un vrai libéral, ce qui ne fait plus guère de doute, s'il vous plait, sur ces sujets si intimes, ne vous immiscez pas dans le dialogue des citoyens avec eux-mêmes....
- Quatrième et dernière erreur : le Président s'adresse aux catholiques, les interpellent, les enjoint, les encouragent. Mais le Président de la République, Président de tous les français, n'a-t-il pas pour vocation première de s'adresser à tous les français ? Dit autrement:  Que va-t-il dire aux autres désormais ? Et si son discours aux français se résume à une juxtaposition de discours aux différentes catégories de français dans la diversité de leurs engagements philosophiques ou religieux - ah! Le futur discours aux athées ...- on voit bien poindre le danger, celui, quoiqu'on en dise, du communautarisme.
Quatre erreurs, ou quatre fautes, chacun en jugera, et une énorme ambiguïté justifiant inquiétudes et questionnement : voilà bien les limites du "en même temps". C'est tout de même embêtant quand il s'agit de la République et de ses valeurs .
Jean Glavany

lundi 9 avril 2018

Vu " La vie" , le spectacle de Francois Morel à l'Astrada à Marciac.

 Un hymne à la chanson populaire française, bourré de tendresse , d'émotion et, bien sûr, d'humour. 

François Morel est auteur-compositeur, accompagné d'un groupe de quatre musiciens très éclectique et il nous a fait passer un sacré bon moment.

Vu " Mektoub, My love: Canto Uno " , le film d'Abdellatif Kechiche, avec Shaïn Boumedine et Ophélie Bau.

Le film, qui se passe en 1994 du côté de Sète, raconte - longuement ... trois heures- une dizaine de jours de vacances estivales d'un groupe de jeunes d'une vingtaine d'années. Ces jeunes, locaux ou vacanciers, sont d'origines diverses et de condition plutôt modeste, et l'essentiel de leur temps se passe sur la plage le jour et dans une boîte de nuit l'été. Les rapports filles-garçons sont ... d'une grande liberté. Le film commence d'ailleurs par une scène de sexe très chaude qui peut faire croire à un film "x". Mais ça n'est pas le cas, il s'agit juste de donner le ton. Reste la manière de filmer de Kechiche, comme obsédé -ou fasciné, je ne sais- par la beauté humaine, celle des hommes et, bien sûr, celle des femmes. Le réalisateur s'attarde sur bien des gros-plans, sur les visages, les bustes, ou les fesses des femmes. Et il arrive, avec beaucoup de tendresse, sans jamais de vulgarité, à montrer leurs beautés et leurs charmes, parfois subjuguants, même en mettant en valeur leurs rondeurs. C'est assez fascinant. Et cette débauche-là, Kechiche a voulu la mettre en relief par l'allégorie un peu "téléphonée" de l'agneau sacré : l'héroïne bien dévergondée, qui est éleveur de brebis, invite son cousin, plus réservé et timide, à photographier pendant des heures la mise bas d'une brebis...soit. 
Même si les longueurs provoquées par des dialogues assez pauvres ou des musiques de boîte bien assourdissantes, sont un peu lourdes , il reste un film d'ambiance très original, esthétique au possible et, finalement, plein de charme.

jeudi 5 avril 2018

Vu " Ithaque, notre odyssée 1" un spectacle de Christiane Jatahy par l'Odéon-théâtre de l'Europe aux ateliers Berthier.

En voilà un théâtre qui n'est pas classique !! Mais alors pas du tout... Plutôt genre déjanté et parfois même avec excès. Je ne vois pas bien, en particulier pourquoi, alors que la pièce est jouée entre deux parties du public qui se font face - ça, c'est plutôt assez courant, notamment sur cette scène - , au bout de 35 minutes on demande au public de changer de place et d'aller se mettre "en face "....ça se fait gentiment, dans l'ordre et la sérénité, mais comme c'est étrange et incompréhensible, ça déconcentre et trouble. L'explication est que, pendant cette première partie, on n'a pas joué la même chose des deux côtés et qu'intervertir les publics leur permet de découvrir ce qui s'est joué jusque là...de l'autre côté du rideau. Mais, justement, jouer deux morceaux de pièce différents sur la même scène séparée en deux par un rideau est une autre chose surprenante car on est perturbé par les sons- des acteurs et du public- de l'autre représentation. Bref, troublant tout cela.
On pourrait se dire que tout cela n'est pas très grave car la première partie de la pièce est décousue et incompréhensible. Je n'ai toujours pas compris le lien entre l'histoire d'Ithaque, l'île d'Ulysse dans l'Odyssée, celle où Pénélope l'attend et où il finira par revenir, et cette longue évocation du Brésil et de sa gouvernance douteuse et corrompue. Peut-être suis-je aveugle et sourd mais je n'ai pas compris...
En revanche, j'ai été beaucoup plus intéressé par la dernière partie et la fin, celle où les trois femmes sont toutes des" Pénélope", où les trois hommes sont tous des "Ulysse", et où l'allégorie des migrations douloureuses et du retour à la mère -patrie est pleine de sens. Là, la mise en scène s'enrichit d'un recours précieux à la vidéo et la scène est transformée en bassin où l'eau montante symbolise les flots meurtriers de la mer .
Bref, du théâtre très inhabituel et très divers...

Il y a eu deux entretiens dans la presse cette semaine sur lesquels je voudrais revenir:

  • le premier est celui de Laurent Berger, le patron de la CFDT, dans Le Figaro de mardi. Les autres médias n'en ont retenu que la phrase où il dit ne pas souhaiter un conflit long et dur à la SNCF, donnant d'ailleurs à ce propos une interprétation à mon sens erronée. Mais l'essentiel est ailleurs, dans sa très grande sévérité avec nos gouvernants : Berger dit qu'il "en a marre" d'entendre ceux-ci dire que les cheminots sont des nantis, la fonction publique une lourdeur et les syndicats des conservateurs incapables de défendre l'intérêt général. Et il ajoute avec force qu'il va bien falloir qu'un jour, ce pouvoir comprenne que la démocratie sociale est une composante essentielle de la démocratie tout court. Le Président et le gouvernement feraient bien d'entendre ce message d'un homme sérieux et responsable.


  • le second est celui de Bernard Henri-Levy dans l'Express à l'occasion de son dernier livre que je n'ai pas encore lu mais qui traite de géopolitique et de l'Occident face aux nouvelles menaces du monde.Je ne partage pas l'indulgence de BHL vis-à-vis de Sarkozy. Et je ne porte pas le même jugement enthousiaste que lui sur l'intervention en Libye. Enfin, dans son approche d'Israël où il affirme que sa sévérité à l'égard de Netanyahu ne le détournera jamais de sa défense de la seule démocratie de la région - ce qui est vrai- , je trouve que sa sévérité à l'égard du Premier Ministre Israélien est bien discrète...Mais je lui reconnais un beau talent d'écriture, une culture indéniable et un intérêt pour les grands dossiers du monde qui a toujours de la hauteur de vue.Et, en l'occurrence, il aborde là avec force, la force nécessaire, un dossier dont on ne parle pas assez : le dossier kurde. Un dossier qui se pose en des termes simples de morale publique : l'Occident en général, la coalition militaire engagée en Irak et en Syrie, en particulier, et la France tout particulièrement, vont-ils, va-t-elle abandonner les kurdes face à l'agression de l'armée d'Erdogan alors qu'ils se sont appuyés sur eux pour combattre Daesh, qu'ils les ont armés pour cela et que les combattants kurdes ont montré un courage, une détermination, et une efficacité éblouissante dans cette guerre ? 

C'est une question centrale sur laquelle je reviendrai dans ces pages car j'ose encore espérer que la réponse à cette question , qui ne manque pas d'inquiéter, n'est pas encore définitive.

lundi 2 avril 2018

Revenons sur cette semaine douloureuse pour la République et essayons de réfléchir à ces deux événements- Les attentats de Trèbes, l'héroïsme du colonel Beltrame et le martyre de Madame Knoll- avec un peu de distance :
Le geste du lieutenant-colonel Beltrame relève de l'héroïsme pur et aucune considération ne peut en rabaisser la portée . Que ce héros soit salué avec toute l'admiration qu'il mérite.
Même si je dois m'exposer à l'ire des militants de Gauche les plus sectaires, ceux qui pensent qu'on n'a pas le droit de dire du bien de Macron, j'ai trouvé le discours du Président aux Invalides de très grande tenue. Et j'ai trouvé que le scénario de la cérémonie commençant sur le parvis du Panthéon était républicaine comme il le fallait.
À l'inverse, j'ai été effaré par la tentative - vite avortée - de récupération politico-religieuse de ces milieux qui voulaient y voir un martyre chrétien, ce qui était la pire des initiatives pour alimenter une pseudo-guerre de religions dans laquelle les djihadistes veulent nous entraîner. Heureusement, on a découvert que ce colonel héroïque n'était pas seulement chrétien mais aussi franc-maçon et les récupérateurs de basse espèce se sont tus...
Reste le caractère individuel, comme toujours, de cet acte d'héroïsme : l'initiative courageuse de cet homme, sauvant la vie d'une femme et s'exposant à la mort était-elle inscrite dans la stratégie de nos forces de l'ordre ? Non bien sûr. Le GIGN, dont c'est la charge, était sur place et allait intervenir. Comme quoi, l'héroïsme peut être transgressif...
Quant à l'horrible assasinat de Madame Knoll, morte parce qu'elle était juive, il nous ramène aux pires heures de la barbarie antisemite et ne mérite qu'indignation, condamnation et recueillement.
L'initiative de la marche blanche était heureuse. Mais qu'a-t-il donc pris au CRIF pour en interdire l'accès à certains élus de la République quand l'union nationale s'imposait à l'évidence ? Au point de mettre Madame la peine et Mélenchon, nullement suspect à titre personnel même si son parti eut parfois quelques indulgences coupables, dans le même sac de l'interdit. Pire encore, on me dit - je dirais même "de source bien informée "- que si l'un et l'autre furent accueillis par des sifflets, la dame eut droit à la protection du service d'ordre du CRIF et pas lui. J'ose espérer que ça n'est pas vrai.
Comme quoi l'indignation peut être sélective...
Vu "le collier rouge" de Jean Becker avec François Cluzet, Nicolas Duvauchelle et Sophie Verbeek, d'après le roman de Jean-Christophe Ruffin . De bien beaux acteurs mais une histoire sans relief et un résultat mitigé.Si je me laissais aller, je dirais " bof"...