mardi 25 avril 2017

Après le 1er tour de l'élection présidentielle …

La surprise de dimanche, c'est qu'il n'y a pas eu de surprise ! Les sondages ne s'étaient donc pas trompés et nous aurons donc un 2ème tour Macron / Le Pen comme annoncé depuis des mois.
Les seules surprises, au fond, ce sont la percée de Mélenchon d'une part, l'effondrement de Benoît HAMON d'autre part, les deux étant en partie liés. J'y reviendrai.
J'oserai ajouter une deuxième surprise : la présence de Marine Le Pen au 2ème tour a semblé ne plus surprendre personne !
En 2002, l'élimination de JOSPIN et la présence du papa de Marine au 2ème tour avait été un coup de tonnerre ! Une surprise désagréable, une blessure terrible pour la Gauche.
Là, rien, on s'habitue.
Et pourtant, c'est encore plus grave. D'abord car on le voyait venir et rien ni personne n'a pu l'empêcher. Signe que la crise démocratique est toujours plus importante et profonde.
Ensuite parce que, à la différence de 2002, « Madame La Peine » comme l'appelle un de mes amis journaliste engagé, va faire un score beaucoup plus élevé que son père au 2ème tour.
La faute à l'élimination de la Droite et à la proximité des électorats droite extrême – extrême droite ; la faute aussi à la « trahison » de Chirac en 2002 oubliant dès son élection, la majorité des électeurs qui l'avaient porté au pouvoir pour 5 ans supplémentaires. Des électeurs désormais tentés de dire « on ne m'y reprendra plus ».
C'est d'ailleurs la question majeure qui se pose à Macron : il vient de réaliser 24 % ce qui le place en tête, bravo à lui.
Mais pour être élu et obtenir 51 % (au moins ! Espérons plus, beaucoup plus) il faut en réunir 27 % de plus soit bien plus que les « convaincus » du 1er tour.
Et ce sont ceux-là qu'il ne faudra pas oublier demain. Alors, bien sûr, à la différence de Chirac, Macron s'est engagé sur une ligne d'unité nationale, rassemblant des femmes et des hommes de son parti nouveau, du centre, de gauche et de droite.
Soit. Mais on ne pourra pas réunir une majorité présidentielle solide le 7 mai et législative en juin, sans faire toute leur place, dans la clarté à ceux qui vont s'additionner aux 24 % du 1er tour.
Soyons clairs : le 7 mai, nous serons nombreux à voter Macron. Mais soyons lucides aussi : nous ne le ferons pas tous avec les mêmes arrière-pensées. A Gauche comme à Droite, il y aura des hommes et des femmes qui voteront surtout « contre » Madame Le Pen, sans la moindre adhésion à MACRON. Ceux-là, dès le cycle électoral achevé, s'engageront dans l'opposition. C'est leur droit et la loi de la démocratie.
Mais il y en aura d'autres qui, comme moi, voteront pour Macron et souhaiteront sa réussite. Et seront disponibles pour l'aider.
Non pas parce que c'est l'intérêt de Macron, celui-là n'est pas l'essentiel, mais parce que c'est l'intérêt de la France ! Parce qu'il faut que la France avance et réussisse !
Alors, bien sûr, nous le ferons, je le ferai avec mes convictions, celle d'un socialiste qui n'a pas changé depuis son engagement en 1973. Un socialiste réformiste, un social- démocrate assumé, un socialiste de gouvernement.
Et un socialiste qui voudra peser !
Un socialiste, en particulier, qui voudra peser pour que le progrès économique et le progrès social marchent de pair. C'est vrai que j'ai plus confiance en Macron pour le premier que pour le second. Eh bien, pour le second, il faudra l'aider !! Et il faudra qu'il nous écoute.
Au fond, c'est le débat essentiel qui est là : le débat sur la République, son histoire et ses valeurs.
Cette République à laquelle Madame Le Pen tourne le dos, cette République qu'Emmanuel MACRON doit incarner.
Liberté – égalité – fraternité. Avec la liberté, la République assure le libéralisme au sens politique – et donc économique – du terme. Mais elle le conjugue harmonieusement avec l'égalité c'est à dire la lutte acharnée contre les injustices et, peut-être surtout, la fraternité, condition essentielle de notre capacité à vivre tous ensemble dans la République et à y construire notre avenir commun.
Voilà l'enjeu de ce 2ème tour puis des élections législatives. Voilà ce que j'attends de Macron. Avec espoir et avec vigilance. Avec exigence.
C'est l'essentiel.
Après, il restera à la Gauche de se refonder, de se reconstruire et de se mettre au travail, courageusement.
Le score pitoyable de Benoît n'est pas que de sa responsabilité, même si sa responsabilité est première. Mais il sanctionne aussi un quinquennat que les socialistes n'ont pas su assumer dans la clarté et la cohérence et le président – sortant n'est pas indemne de cette responsabilité.
Et il sanctionne un Parti qui n'est plus un Parti, qui n'est plus une intelligence collective, un émetteur d'idées et de propositions, pas plus qu'il n'est porteur d'une stratégie politique ni d'une discipline librement consentie ou d'une solidarité.
Bref, un champ de ruines.
Chic ! Voilà du travail pour ceux que seul l'avenir intéresse.

lundi 24 avril 2017

"l'identité de la France" de Fernand Braudel

Lu le tome 1 de "l'identité de la France" de Fernand Braudel, paru dans la collection "Champs" chez Flammarion, tome 1 consacré à "l'espace et l'histoire". Je vais, bien sûr, me plonger dans les autres tomes pour bien savourer la cohérence et la profondeur de ce travail magnifique, sur lequel j'avais travaillé lorsque j'étais étudiant et vers lequel je m'étais promis de revenir. J'y suis et je m'y retrouve avec délectation. Et c'est toujours ce balancier subtile et fécond entre diversité et unité de la France qui m'intrigue et me fascine, balancier que Braudel aborde avec tant de méthode scrupuleuse, faisant appel à toutes les sciences humaines pour étayer son raisonnement : la France est diverse et une, une et diverse. Tout est dans le "et". L'histoire comme on l'aime.

jeudi 20 avril 2017

" Marlène" de Philippe Djian


Lu " Marlène" de Philippe Djian , paru chez Gallimard . Le dernier roman du romancier français installé au pays basque. Deux anciens commandos du Yémen, d'Irak et Afghanistan essayent de se reconstruire dans une petite ville de province dont on ne connaîtra jamais le nom mais ça n'a aucune importance. L'un est aussi rigoureux, propre et autodiscipliné que l'autre est chien perdu sans collier, borderline et menant une vie dissolue . Le premier veille sur l'autre, son frère d'arme mais c'est parfois compliqué. Et, bien entendu, les femmes, deux sœurs en l'occurrence, vont compliquer les choses..
C'est du pur Djian , au style si particulier, sans guillemets ni ponctuation, passant du coq à l'âne sans vergogne, mais si vivant. Et le problème de la reconstruction psychologique des soldats de retour des théâtres d'opération est subtilement abordée . À lire.

mardi 18 avril 2017

Mes dernières lectures

Lu "Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une" de Raphaëlle Giordano, paru chez Eyrolles. Un livre qui aurait dépassé les 500.000 exemplaires, ce qui m'avait intrigué. Un jeune femme de 38 ans, mariée, un enfant, un boulot intéressant, semble tout avoir pour être heureuse. Mais elle ne l'est pas. Elle a l'impression de ne plus être joyeuse et épanouie, d'être victime d'une routine dévastatrice. Et les hasards de la vie vont lui faire rencontrer un "routinologue" qui va lui apprendre à réenchanter sa vie par plein de petits trucs simples et concrets.
Le livre est intéressant, amusant même. Très positif, constructif. Mais il semble être un objet commercial pour coach spécialisé dans ce genre de problème ...

Lu aussi "De sang et de lumière" de Laurent Gaudé paru chez Actes Sud. Un recueil de 8 poèmes d'un des meilleurs écrivains français contemporains, prix Goncourt 2004 pour le remarquable "le soleil des Scorta". Ces textes sont tristes, noirs, poignants. Ils parlent d'exil, d'exode, de camps de réfugiés. Mais ils sont pleins d'une humanité bouleversante. Et il commence par un hymne à la poésie très convaincant. Manifestement, Laurent Gaudé n'est pas qu'un grand écrivain, c'est aussi une belle personne.

Exposition Pissarro

De bref passage à Paris, j'en profite pour aller voir l'expo Pissarro au musée Marmottan. L'ami de Monet, son voisin à Giverny, au cœur de l'histoire des Impressionnistes, est très représentatif des influences diverses qui ont marquées les époques de sa vie. Ses longs séjours à Rouen ou au Havre, en particulier, ont donné des œuvres très puissantes et éternelles. J'en profite pour aller faire un tour à l'expo permanente du musée et à sa salle consacrée à Monet pour revoir « Impression soleil levant » (et non pas « couchant » comme disent certains ignares que je ne citerai pas...), ce tableau qui donna son nom à l'impressionnisme et qui fut peint à Londres par le grand maître. Un tableau qui a marqué ma vie d'amateur d'art.

lundi 3 avril 2017

Disparition d'Ahmed Kathrada

Disparition, en Afrique du Sud, d'Ahmed Kathrada, dirigeant historique de l'ANC, et compagnon de captivité de Nelson Mandela. J'ai eu le privilège de connaître ce grand Monsieur : en 1994, après les premières élections libres auxquelles j'avais eu le bonheur de participer comme observateur de l'ONU et de l'Union Européenne , Francois Mitterrand m'avait invité à l'accompagner pour la première visite officielle d'un chef d'Etat au nouveau Président de l'Afrique du sud, Nelson Mandela. Et , à cette occasion, Danielle Mitterrand m' avait demandé de l'accompagner à Robbin Island pour visiter le pénitencier où Mandela et ses compagnons avaient passé 27 longues années. Et Kathrada nous avait servi de guide, nous accompagnant dans la cellule de Mandela, la sienne, la carrière où ils cassaient des cailloux...J'ai le souvenir d'un vieux sage avec un charisme très différent de celui de Mandela, plus secret , moins chaleureux , mais avec une profondeur de pensée impressionnante.
Je crois savoir , au moment où le Président Zuma  vient de procéder à un remaniement gouvernemental d'ampleur qui ressemble fort à une " prise de tous les pouvoirs" , qu' Ahmed Kathrada avait, ces derniers mois, manifesté une très grande sévérité à l'égard du Président sud-africain , sévérité qui pourrait bien révéler une fracture irrémédiable au sein de l'ANC....il faut obsever cette situation avec une grande attention. En attendant : Hommage et grand respect pour Ahmed Kathrada.