Je suis surpris des
appels que je reçois sur le thème "Et toi, et vous, qui
soutiens-tu, qui soutenez-vous ?", signe évident du délitement
de la vie politique française, comme si les principes et la
cohérence n'existaient plus. Alors, je m'explique : je suis membre
du Parti Socialiste depuis 1973 et si vous comptez comme moi, cela
fait donc 43 ans. Cette adhésion ne m'a nullement été dictée,
encore moins imposée, elle est librement consentie. C'est,
pardonnez-m'en, un engagement de conviction. Pour autant, je ne suis
nullement enrégimenté : adepte sans réserve de la philosophie des
Lumières, je garde ma raison indépendante, mon libre-arbitre et mon
esprit critique. Et, pour être franc, par les temps qui courent, cet
esprit critique a bien du travail ! Mais que voulez-vous, ce parti a
tous les défauts du monde, il est même en état de mort clinique
que, seuls, ses dirigeants ne veulent pas voir, mais c'est mon
parti.
Or, appartenir à un parti ou à une organisation
collective quelle qu'elle soit, c'est accepter ses règles de
fonctionnement, c'est adopter une discipline collective librement
consentie. Je le fais sans mal parce que c'est ma nature - ma
pratique des sports collectifs, du rugby en particulier, ou de la
voile en équipage m'ont donné, tout petit, la culture du
"collectif" - et sans problème philosophique majeur dans
la mesure où j'appartiens à un parti démocratique où le vote et
le fait majoritaire sont nos règles de fonctionnement collectif de
base. Et comme je suis aussi de nature humble, j'ai toujours pensé
que l'intelligence collective était supérieure à ma petite
intelligence personnelle. Et je l'ai fait pendant 43 ans sans
défaillance, même quand cela m'en coûtait : faut-il rappeler 2007
? Je n'ai jamais caché mes réserves, pour ne pas dire plus, sur la
candidature de Ségolène Royal. Mais ça ne m'a pas empêché de
sillonner la France pour faire 50 réunions ou plus pour défendre sa
candidature ! Comme tous les dirigeants socialistes. Ça
ne l'a pas empêché, elle, de proclamer que sa candidature avait été
sabotée par les dirigeants socialistes, contre toute évidence. Mais
les médias ont "gobé" sa thèse.
Et je l'ai fait -
appliquer cette discipline collective librement consentie - sans
aucune exception, quoiqu'il m'en coûte. J'en profite pour rappeler
qu'en 1988, pour ma première candidature aux élections législatives
dans les Hautes-Pyrénées, j'ai été battu par un "dissident"
socialiste soutenu par une alliance contre nature de quelques
socialistes, communistes et appareils de droite. Depuis, j'ai la
dissidence en horreur...Et j'ai toujours refusé de soutenir les
dissidents - en France ! - quoi qu'ait pu en dire la même Madame
Royal, qui m'a accusé d'être "l'âme" du complot de La
Rochelle - vous savez, chez ces gens-là, on ne perd pas, on est
victime d'un complot … - contre toute réalité et contre toute
évidence, et qui avait exigé - contre toute justice - que le
pouvoir m'en sanctionnât. Et le pouvoir, si peu républicain,
obtempéra...
Pourquoi vous dis-je tout cela ?
Pour vous dire
que je n'ai pas l'âme frondeuse et que je suis profondément
respectueux du fait majoritaire. Si j'osais un trait d'humour, je
dirais que je ne serai pas le frondeur de HAMON...
Et, donc, mon
parti s'étant fixé des règles démocratiques, et notamment ces
fameuses primaires à l'égard desquelles j'ai plus d'une réserve -
mais on en reparlera plus tard -, mon devoir est de respecter
celles-ci et leurs résultats. C'est aussi simple que cela.
HAMON,
donc, par le respect des règles que j'ai librement acceptées.
Alors,
on me dira à juste titre que je n'ai pas caché, lors de la
primaire, mes divergences politiques avec BENOIT pour qui, je le
répète, j'ai beaucoup d'estime, de respect et d'amitié. Ces
divergences sont réelles, et n'ont pas, hélas, disparu. C'est
surtout sur la conception de la République qu'elles portent, sur le
fait que celle-ci n'est pas faite que de droits mais aussi de
devoirs, et qu'il n'est pas interdit d'interdire pour protéger les
libertés. Elles portent aussi sur le réalisme économique : je ne
peux pas accepter l'idée qu'il n'y a pas de dette en France et que
celle-ci ne soit qu'une vue de l'esprit négociable avec les
banquiers. Mais, bon. Soyons clairs : je ne vois aucun autre candidat
qui réponde plus et mieux à mes convictions. Donc HAMON, aussi, par
comparaison.
Reste un point : BENOIT veut rassembler la Gauche, et
il a bien raison. Mais accepterait-il l'idée que rassembler la
Gauche commence par rassembler les socialistes ? Il vient de déclarer
qu'il ne ferait pas la course derrière Mélenchon. Il est temps !
Car, franchement, depuis 3 semaines, on avait vraiment ce sentiment
... tandis qu'on attend toujours qu'il fasse le moindre geste à
l'égard des 42% des électeurs de la primaire qui n'ont pas voté
pour lui. Je pense que c'est une faute politique, et même
stratégique : pour rassembler la gauche, il faut d'abord rassembler
les socialistes !
Alors, HAMON par raison, HAMON par
comparaison...il reste à BENOIT de nous donner l'envie de voter pour
lui par envie. Qu'il nous dise, par exemple, qu'il a besoin de nous
...