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au Sud, en Tunisie, l'élection à la présidence de la République
tunisienne de Kaïs Saïed, professeur de droit constitutionnel tout
juste retraité, ne manque pas d'inquiéter : l'homme est un
conservateur invétéré, partisan de la peine de mort, de la
pénalisation de l'homosexualité, farouche opposant à l'égalité
Hommes-Femmes dans la question de l'héritage ce qui n'a rien, on en
conviendra, de réjouissant. D'autant moins réjouissant que cet
hyper-conservatisme sociétal lui a valu, bien sûr, le soutien des
islamistes d'Ennahdha pourtant en nette régression électorale mais
qui s'offrent une victoire inespérée...par procuration.
L'autre
pilier de l'inquiétude qu'il génère est ce qu'on peut qualifier
sans crainte de "populisme" puisqu'il ne cesse de dénoncer
la démocratie représentative comme mère de tous les maux de la
Tunisie et qu'il n'a qu'un mot à la bouche, "le peuple".
D'où un projet de décentralisation très poussée où l'on créerait
des "Assemblées du peuple" un peu partout sans que l'on
sache, par exemple, ce que deviendront les pouvoirs
régaliens...
Mais,
parce qu'il y a toujours un "mais", la vague qui l'a porté,
près de 75% des voix, 90% des moins de 25 ans - attention aux
jugements hâtifs : la jeunesse l'a massivement soutenu...- est telle
qu'elle lui impose une sorte d'obligation de réussir . Et comme
l'homme, à force de dénoncer les partis, n'en a pas créé un (y
cèdera-t-il comme de Gaulle ?), et que les élections législatives
ont commencé de se dérouler sans candidats estampillés par lui, il
sera forcément contraint, pour rassembler, de passer des
compromis.
Et
puis cette vague s'est imposée à un autre populisme, celui des
médias et de l'argent-roi, de la corruption et de la fraude
auxquelles il a opposé une rigueur absolue, une austérité
rébarbative, refusant par exemple de collecter des fonds pour sa
campagne, histoire de ne pas se compromettre.
Je
ne tranche pas : je ne sais pas ce qui était le mieux - ou le moins
pire- de l'hyper-réactionnaire ou du corrompu-corrupteur mais au
moins réjouissons-nous de l'élimination du second....
Enfin,
n'oublions jamais le poids des femmes dans la société civile
tunisienne, un des grands acquis du "Bourguibisme". Leur
capacité de résistance et de mobilisation contre toute atteinte,
notamment religieuse et intégriste, à leurs libertés fondamentales
est exceptionnelle. Et parmi celles-là, il y en a une dont on ne
parle pas et qui pourrait avoir un rôle essentiel : l'épouse du
nouveau Président. Je ne la connais pas mais je l'observe : C'est
une magistrate qui est peut-être croyante, je ne sais, mais qui ne
porte pas le voile...et, je ne sais pas pourquoi, sans d'ailleurs que
cela nous ramène à un débat d'actualité en France, si mal posé,
si contradictoire et brouillon, j'y vois comme un signe d'espoir.
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À l'Est, ERDOGAN.... le Président turc sanctionné récemment par
le suffrage universel à Istanbul mais qui sait , comme tous les
dictateurs, faire jouer le nationalisme le plus élémentaire pour
ressouder son peuple autour de lui. Erdogan qui, avec la complicité
explicite de Trump, ce pitre qui ne trompe plus personne avec ses
hésitations et ses contradictions, vient donc de lancer son armée,
l'une des plus puissantes et des mieux équipées de l'OTAN, - mais
au fait, comment lire l'utilité de l'OTAN en la circonstance ?- dans
le Nord de la Syrie, à l'assaut des positions kurdes.
Erdogan
est un maître-chanteur qui tenait déjà les européens, son couteau
sous leur gorge, avec le chantage de l'immigration : "
foutez-moi la paix ou bien j'ouvre en grand les portes des camps de
réfugiés sur mon sol et des centaines de milliers d'entre eux vont
déferler sur l'Europe "...
Ça
ne lui suffit pas car ces gens là, comme le disait si bien
Thucydide, "vont toujours au bout de leur pouvoir". Il veut
donc un deuxième objet de chantage : " Foutez-moi la paix ou
bien je relâche les milliers de djihadistes venus de vos pays - et
qui n'aspirent qu'à y retourner -, qui étaient les prisonniers des
kurdes et qui vont devenir les miens".
Et
l'Europe est quasiment mutique. Le Conseil européen a mis des heures
à trouver un compromis sur une condamnation bien molle. La France et
l'Allemagne, il est vrai, sont allés un peu plus loin avec l'embargo
sur les armes et une condamnation plus ferme. Mais faut-il être
cruel ? La porte- parole du gouvernement a vendu la mèche en
souhaitant que cette opération militaire "se termine au plus
vite "... on ne saurait dire plus explicitement "terminez
vite cette sale besogne et qu'on n'en parle plus". Sous-entendu"
puisque vous nous dites qu'il ne s'agit que de créer une zone de
sécurité le long de votre frontière, on veut bien vous croire mais
faites-en vite la démonstration" !
Seulement
les kurdes sont les kurdes. On ne dira jamais assez combien et avec
quel courage ils se sont battus contre Daesch. En première ligne,
les armes à la main, rue par rue, immeuble par immeuble, protégeant
de leurs vies nos pays et nos libertés. Avec, aux côtés des
hommes, ces femmes kurdes combattantes, auxquelles Caroline FOUREST
rend hommage dans un film qui sort ces jours-ci et qui tombe bien, ou
mal je ne sais, pour nous mettre le nez dans notre honte. Des femmes
non voilées, laïques, seulement courageuses.
Ça
n'a jamais été dit mais tout le monde le sait, il y avait - et il y
a toujours sans doute- quelques centaines de soldats français des
forces spéciales pour aider ces combattants kurdes. Il se trouve que
je connais bien un officier qui en commanda certains et qui
m'expliqua un jour la solidarité admirative et fraternelle que ses
hommes éprouvaient pour ce qu'on peut bien appeler en la
circonstance ces " frères d'armes" . Frères et sœurs
d'armes. Il n'imaginait pas une seconde qu'on puisse un jour les
laisser tomber. On va voir......