dimanche 22 décembre 2019

Vu « Edmond » , la pièce d’Alexis Michalik au théâtre du Palais Royal.


Cette pièce est à l’affiche depuis plusieurs années et son succès ne se démentant pas, il fallait en avoir le cœur net.
La pièce écrite, réalisée et parfois jouée par Alexis Michalik est, il faut le reconnaître, un très bel exemple de l’art théâtral dans ce qu’il a de meilleur : un sujet culturellement et historiquement original, une écriture simple, une mise en scène vivante, des décors rustiques et changeants, des acteurs enjoués et souvent drôles, tout cela donne un remarquable moment de théâtre. Edmond, c’est Edmond Rostand, jeune écrivain pas encore connu, à peine marié et père de famille vivant modestement à la recherche du succès littéraire. Et l’histoire imaginée par Michalik dans cette œuvre de fiction, c’est celle de la préparation audacieuse, risquée, improvisée à bien des égards, de ce qui sera le grand succès de Rostand, Cyrano de Bergerac.
C’est gai, vivant, enjoué, parfois très drôle ( Ah ...Ces deux producteurs corses, proxénètes mafieux à l’accent caricatural, comme ils sont drôles !). Bref, un régal .

Vu « Xenos », le dernier solo d’Akram Khan, à la grande halle de la Villette.


Akram Khan, le chorégraphe et danseur anglais d’origine bangladaise livre ici sa dernière création qui est aussi son adieu à la scène en tant que danseur. Xenos est un hommage aux « étrangers » du monde entier et, notamment, des colonies des grands pays européens qui sont venus combattre et mourir en Europe pendant la grande guerre.
J’apprécie beaucoup et depuis longtemps cet homme, sa créativité et son talent artistique, sa curiosité de tout, sa capacité à travailler avec des artistes venus de tous les horizons, qui souvent m’a procuré de belles émotions. Mais « Xenos » ne restera pas comme son meilleur spectacle : il y a certes de très belles lumières, une scénographie travaillée et de très belles images, mais la chorégraphie est pauvre . Quoi ? Peut-être 15 minutes de danse sur un peu moins de 2 heures... Je n’ai pas chronométré mais suis resté sur ma faim .

dimanche 8 décembre 2019

Lu " De l'urgent, du presque rien et du rien du tout" d'Olivier de KERSAUSON paru aux éditions du cherche midi.


Mon copain Kersau avec qui j'ai aimé naviguer naguère - mais peut-être ce temps n'est-il pas complètement révolu?- nous livre ici un abécédaire qui est comme une leçon de vie. 
Il y a deux KERSAUSON, l'un public et l'autre privé, celui des grosses têtes qui ne m'intéresse pas parce qu'il cultive un jeu artificiel fait de grossièreté et de machisme, et celui que ceux qui le connaissent apprécient parce que c'est un homme d'une grande finesse, d'une grande culture, et un poète.
Le premier n'est pas du tout présent dans ce livre, le second y affleure parfois même si, je le reconnais, j'eusse aimé qu'il s'y montrât plus. Mais on découvre publiquement des pensées que le public, l'opinion n'imaginait peut-être pas, la tendresse pour les femmes qu'il a épousées, sa haine du racisme, ses propos généreux pour les migrants... ceux qui attendaient des propos marins seront déçus; ceux qui veulent mieux connaître ce personnage riche et complexe seront intéressés.

Vu "Gloria Mundi" le dernier film de Robert Guédiguian,


avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darrousin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier et, comme décor majeur la ville de Marseille dont Guédiguian reste l'éternel chantre Guédiguian ou le cousin de Ken Loach avec de la politique française et de la poésie en plus ....en l'occurrence, je rapproche ce film du "Sorry we missed you" de Loach dans la mesure où l'un et l'autre décrivent les ravages désastreux de la précarité de l'emploi sur la vie concrète d'une famille.
Loach évoquait une famille réduite à quatre personnes, le père, la mère, le fils et la fille adolescents. Guédiguian raconte une famille plus grande, les parents plus âgés, leurs deux filles et leurs maris, un bébé qui arrive et l'ancien mari de la mère. Et la précarité qui ravage tout cela avec son cortège de tensions, de violence, de désastres humains. Avec ces deux particularités ou ces deux ajouts : l'un des deux jeunes couples se distingue, s'oppose au reste de la famille par sa volonté, son obsession d'être des "premiers de cordée" en référence explicite aux propos du Président de la République, en exploitant commercialement la misère du monde et en piétinant dans l'immoralité la plus abjecte les autres membres de la famille ; et l'ancien mari de la mère qui sort de prison pour un meurtre commis vingt ans auparavant dans une bagarre de rue qui a mal tourné, et n'arrive pas à " trouver sa place" dans cette nouvelle condition, la liberté recouvrée...
Et, à la différence de Loach qui dépeint l'engrenage infernal et progressif des effets de la précarité , Guédiguian raconte, in fine, une explosion de violence dans cette famille où le "premier de cordée" va dépasser les bornes et où l'ancien détenu va trouver, paradoxalement et généreusement, sa place.
Et puis, il y a la "musique ", la poésie de Guédiguian, Marseille et ce couple encore formé d'Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darrousin, parents et grands-parents affectueux et attachants.
Un très beau film.