Je ne veux surtout
pas polémiquer avec Christian ESTROSI, d'abord parce que l'heure n'est pas du
tout à la polémique, ensuite parce qu'à l'occasion de son deuxième tour aux
élections régionales face à Marion Marechal Le PEN, j'avais trouvé que l'homme
avait fait un joli pas sur le chemin républicain, enfin parce qu' à l'Assemblée
nationale, ces dernières années, nous avons tous les deux construit une
relation cordiale, dussé-je choquer les rétrogrades qui pensent que les hommes
de gauche et de droite ne doivent pas se parler. Quitte à aggraver mon
cas, je dois dire que le passionné de
sport que je suis n'est pas insensible au côté brut de décoffrage de l'ancien
champion de moto…
Ce n'est donc pas
du tout l'homme que je vise, mais les responsables politiques, de droite ET de
gauche, qui parlent trop et trop vite,
sous la pression des médias qui nous poussent sans vergogne à la faute de
l'immédiateté, de l'émotion et du spectaculaire. Faire le buzz, comme on nous y
invite chaque jour, devient carrément irresponsable dans les situations
tragiques que nous vivons où il faut surtout du calme et de la lucidité
sereine...
J'en reviens donc à
ESTROSI. L'actualité et sa mémoire infaillible, nous rappellent les deux
déclarations qu'il avait faites devant le conseil municipal de Nice en janvier
2015, quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo et de l'hyper cacher
:
Dans la première,
il stigmatisait les élus du Front national et leur esprit polémique: " il
faut être capable de nous retrouver au-delà de nos divergences
politiques". Il avait bien raison. Pourquoi a-t-il oublié cette règle
républicaine un an après ?
Dans la seconde, il
vantait Nice, ville la plus sûre de France, en soulignant les investissements
réalisés dans la vidéosurveillance : " Avec 999 caméras, nous en avons une
pour 343 habitants contre une pour 1532 à Paris. Je suis convaincu,
ajoutait-il, que si Paris avait été équipé du même réseau que le nôtre, les
frères Kouachi n'auraient pas passé 3 carrefours sans être neutralisés
"...
Évidemment, cette
déclaration résonne aujourd'hui d'une façon pathétique. Mais oublions ESTROSI
qui n'est pas le seul à tomber dans ce piège infernal. Quand donc tous ces
responsables politiques qui se précipitent pour commenter dans l'immédiateté et
l'émotion, comprendront-ils qu'il est des moments où il faut savoir se taire et
qu'on n'est jamais contraint de parler, de répondre à un micro tendu, à une
caméra dirigée vers vous ?
Pourquoi donc
ont-ils tous oublié ces vieux principes d'éducation et de civisme, le silence
est d'or, il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche...?
La réponse est
toujours la même : faire l'actu, le buzz, être dans le film, ne pas laisser une
occasion de passer dans le petit écran.
Mon père m'a un
jour appris un vieux dicton de l'armée de l'air : " il vaut mieux fermer
sa g..., quitte à passer pour un c…que l'ouvrir et ne laisser aucun doute sur
le sujet".
Encore une règle
désuète sans doute.