vendredi 23 décembre 2016

Pourquoi je m'engage aux côtés de Manuel VALLS

J'ai donc choisi de soutenir Manuel VALLS dans la primaire de la Gauche du mois de janvier. Pourquoi ?
- d'abord parce que son expérience de ces dernières années est irremplaçable. Il a été un très bon Ministre de l'Intérieur, et un Premier Ministre remarquable dans une période difficile et tendue du gouvernement de la France. Et dans le monde troublé dans lequel nous vivons, je suis convaincu que cette expérience-là est indispensable. Comment dire les choses sans agressivité : je crois qu'on ne s'improvise pas sans risque Président et que l'expérience de l'appareil d'Etat à très haut niveau est une sorte de pré-requis.
- ensuite parce que cet homme-là a de l'autorité naturelle. Certains s'en font même des gorges chaudes en parlant d'autoritarisme. Ce sont tous ceux qui, imbibés de la culture gauchiste, continuent à croire qu'il serait " interdit d'interdire"... Et, en particulier, ceux qui se sont affranchis ces dernières années de la discipline de vote du groupe majoritaire, affaiblissant considérablement notre efficacité collective. Mais, pour ma part, j'en ai marre de cette République molle, hésitante, confuse, évanescente et brouillonne. J'en ai marre des "accommodements raisonnables" dans tous les domaines. Je pense que notre cher pays a besoin d'ordre et d'autorité. Sans excès. Une fermeté sereine, voilà ce que j'attends d'un chef d'Etat.
- enfin, parce que Manuel a des convictions républicaines profondes et un discours républicain qui me séduit et me convainc. Que voulez-vous : je suis convaincu que nous manquons singulièrement de République, de culture républicaine, de tradition républicaine. Je suis convaincu que nous avons trop abandonné nos valeurs républicaines et, en particulier, cette grande et belle valeur de LAÏCITÉ, qui est un atout majeur pour notre nation. Je suis aussi convaincu que le modèle républicain d'intégration reste un vrai projet et qu'il mérite qu'on le relance avec ambition. Bref je crois, tel Mendes France en son temps que la République est un projet d'une grande modernité. Et qui mieux que Manuel défend cette idée ?
Alors on me dit -et j'entends !- que Manuel ne serait pas assez "à Gauche". Mais la Gauche de gouvernement n'est jamais assez à Gauche ! Elle est même systématiquement victime du procès en trahison à peine a-t-elle commencé à gouverner. Car voilà bien son pêché originel : cette Gauche-là, la mienne, celle de Manuel et de beaucoup d'autres, elle préfère se retrousser les manches et se mettre les mains dans le cambouis, elle préfère se coltiner à la dure réalité des problèmes que de rester dans l'incantation et le rêve. Elle préfère l'action aux beaux discours. Et Manuel est de cette Gauche-là depuis l'âge de 18 ans. Il l'a apprise aux côtés de Rocard d'abord, JOSPIN ensuite. Il l'a mise en application à Evry, ville de banlieue dans une municipalité d'union de la Gauche. Alors "pas assez de Gauche" ? Peut-être. Mais qui sont les donneurs de leçons ?

Spectacle de Kader BELARBI

Vu, au Parvis à Ibos, dans nos chères Hautes-Pyrénées, le spectacle du ballet du capitole proposé par l'ami Kader BELARBI autour de la chorégraphe Maguy MARIN. KADER, magnifique danseur et ancienne étoile de l'opéra, dirige le ballet du capitole depuis bientôt 5 ans, et y fait un travail tout à fait remarquable dont j'ai déjà eu l'occasion de parler souvent. À 54 ans, ce passionné et travailleur infatigable garde l'obsession de "tirer la danse vers le haut", et il y parvient avec ce corps de ballet qu'il a métamorphosé. Et, à l'inverse d'un Millepied un tantinet mégalo et narcissique, il sait que les vraies stars ce sont les danseurs, ses danseurs. Il présentait hier une soirée ouverte par une de ses premières créations, il y a 20 ans ou plus, "salle des pas perdus", sur les errements de quatre voyageurs avec valises sur une musique pour piano de Prokofiev. Suivaient deux œuvres de Maguy Marin :
- "Éden", étonnant duo - on ne dira pas "pas de deux" car il n'y a quasiment pas de "pas"!- sur un bruit de pluie et d'orage, où la danseuse est portée pendant un quart d'heure par son compagnon, s'enroulant langoureusement autour de lui avec une harmonie et une synchronisation époustouflante des corps. Très original et intéressant.
- "Groosland", pour vingt danseurs sur une musique de Bach. Un ballet pour les gros !
Étonnants costumes où les danseurs et danseuses sont transformés en bibendums bien disgracieux mais font la preuve spectaculaire que le poids et le volume n'empêchent pas la légèreté et la grâce. C'est très amusant et gai. Et ça donne envie de danser à ceux qui, comme moi, n'ont pas assez surveillé leur tour de taille ! KADER nous avait invité à le rejoindre en coulisses pour voir les danseurs retirer ces combinaisons de latex doublées de mousse : c'est aussi un exploit que de danser emprisonné dans ces saunas étouffants ...

vendredi 16 décembre 2016

Danse


Depuis la mort de Maurice Béjart, je tiens Jiri Kylian pour le plus grand chorégraphe contemporain. Ce natif de Prague, désormais installé aux Pays-Bas, est pour moi celui qui sait le mieux conjuguer danse classique et modernité, et trouver toujours l'harmonie du mouvement des corps avec les musiques.
Eh bien, il livre en ce moment à Paris, un spectacle formidablement harmonieux et d'une élégance rare.
" Bella figura" d'abord. Je le voyais pour la quatrième ou cinquième fois et c'est toujours le même bonheur, un peu comme on retrouve" le Boléro"  de Béjart ou " le parc" de Prejlocaj : des " must" . Ces danseuses et danseurs avec ces longues et belles robes rouges et leurs torses nus, se meuvent avec une sensualité exceptionnelle et une harmonie délicieuse sur plusieurs musiques dont un très beau Vivaldi.
"Tar and feathers" ou encore " le goudron et les plumes"  sur plusieurs musiques dont le joli concerto pour piano de Mozart, est peut-être un ton en dessous, mais c'est une très belle création.
Enfin, " symphonie de psaumes" , autre création sur la musique éponyme de Stravinski, est une très belle réussite. Ces psaumes-là sont bien laïques ! Sereins et équilibrés, solennels et légers.... une très belle réussite pour conclure une très elle soirée.

vendredi 9 décembre 2016

Débat sur "le discours politique" au théâtre Toursky

Le théâtre Toursky, dans les quartiers nord de Marseille est animé depuis des décennies par mon ami Richard MARTIN, un saltimbanque - comme il aime à se définir - révolté, progressiste et libertaire. Un passionné de culture comme je les aime. Il m'avait invité à un débat sur "le discours politique" ce mercredi soir, débat animé par un psychanalyste universitaire et auquel un ancien élu communiste devait me porter la contradiction. Je parle du sujet avec application, j'expose l'influence détestable des chaînes de télé 24h/24, de l'ambiance délétère des réseaux sociaux, de la dictature mortelle des tweets et de ces satanés 140 signes qui signent la mort du raisonnement et de la réflexion. Mais je vois bien que la salle n'accroche pas. Elle n'en a rien à faire de ce "discours sur le discours". Elle veut parler politique. Quand la parole vient à la salle, elle éructe dans un flot de protestations parfois très violentes contre les élus, tous menteurs et corrompus. J'essaye d'en appeler à la raison, d'en revenir au sujet qui nous avait été fixé. Mais l'élu communiste ne m'aide pas, il avoue même se sentir conforté par les propos violents d'un participant et dénonce, dans mon discours sur la complexité des sociétés, le camouflage d'une "vacuité de la pensée". Aimable le gars. À peine demago.
Et je me rends compte brutalement qu'on est à Marseille, où le Front National réalise des scores très élevés, où la passion du langage est imprégnée de la culture méditerranéenne, où la violence verbale est une sorte de seconde nature, fût-elle superficielle, où le comportemental est théâtral par essence. Je me sens loin de mes Pyrénées mais l'expérience est enrichissante...

Solidarité avec les salariés en grève de la polyclinique de l'Ormeau !

Ce matin, le conseil départemental des Hautes Pyrénées, a organisé un débat sur le conflit social de l'Ormeau qui dure maintenant depuis un mois, voté une motion de soutien aux grévistes, organisé une solidarité financière avec eux, et suspendu sa session pour recevoir une délégation syndicale. Un mois de grève et une négociation qui n'en finit pas de ne pas démarrer par la faute d'une direction aveugle, sourde et muette, enfermée dans ses certitudes datées d'un siècle, rétive à toute avancée et calée sur l'obsession financière de ses actionnaires privés. L'impasse invraisemblable de ce conflit qui devrait être clos depuis longtemps si le simple bon sens et le sens du dialogue pouvaient prévaloir, laisse entrevoir le double risque du pourrissement et du raidissement, sans garantie aucune sur les conséquences de ces risques.
J'en appelle à la double responsabilité des Ministres de la Santé et du Travail pour qu'ils fassent injonction à ce groupe de revenir à la table de négociation dans les plus brefs délais.

mercredi 7 décembre 2016


Manuel Valls quitte Matignon pour se lancer dans  l'aventure présidentielle. Dans la pure tradition des marins, je lui souhaite " bon vent, bonne mer ". L'homme a des qualités d'homme d'Etat, mais je me souviens la campagne des primaires de 2011 où il avait notoirement échoué, à force d'écouter trop ces mauvais conseillers obsédés par la " triangulation ". Avant de trianguler, c'est-à-dire aller se situer sur les thèmes de la droite pour démontrer une capacité de transgression et afficher sa liberté, il faut d'abord rassembler les siens. Je serai un ami exigeant à son égard et lui rappellerai sans cesse cette ardente obligation du rassemblement qui obéit à un ordre historique : rassembler les siens pour rassembler la Gauche  avant de rassembler les français. Le second tour de l'élection présidentielle se situe après le premier, nous l'avons oublié en 2002 ! Et le premier tour se situe après la primaire, Juppé l'avait oublié.


Bernard CAZENEUVE accède à Matignon et il n'y avait pas meilleur choix. Cet homme est LA grande révélation politique de ce quinquennat qui s'achève. Il est bosseur, sérieux, compétent, honnête, à quoi j'ajoute deux qualités essentielles pour moi : il est Républicain dans l'âme et il a le sens du collectif. Ça n'est pas un malade du narcissisme et il sait très bien résister à la tentation du superficiel et du spectaculaire. Il y a quelques mois, il était en visite dans mon département pour deux jours et il était venu à la maison, en toute intimité. Il nous avait livré son humilité et sa très grande détermination face à la tâche si difficile qui était la sienne, Ministre de l'Intérieur. Je lui avais dit ma complicité et mes encouragements. Bref, j'ai confiance en lui et je crois vraiment que vous pouvez avoir confiance en lui.

mardi 6 décembre 2016

Les déclarations de Ségolène Royal à Cuba

Les déclarations de Ségolène Royal à Cuba avaient quelque chose de dangereusement décalé par rapport à la réalité du vécu du peuple cubain depuis des décennies. Et la déclaration penaude du Ministre des Affaires Étrangères, rappelant que, pour le gouvernement français, le régime cubain était bien une dictature a remis les choses au point au prix d'un nouveau cafouillage gouvernemental. C'est sans doute cela la bonne gouvernance.
Mais franchement, la réaction de Jack Lang, s'interrogeant pour savoir si l'intéressée n'avait pas abusé du rhum cubain avait, elle, quelque chose de franchement déplacé. Je pensais Jack Lang à l'abri de ce genre de machisme vulgaire.

lundi 5 décembre 2016

Lu "Je ne danse que sur les vagues" de Gilles Le Baud

Lu "Je ne danse que sur les vagues" de Gilles Le Baud aux éditions Glenat, dans la collection "Hommes et océans". Gilles est un ami et je revendique donc la subjectivité de mon propos à son égard. C'est un ami navigateur et nous avons bourlingué ensemble sur bien des bateaux et bien des mers : du Cap Horn au Sud jusqu'au Spitzberg au Nord, des Scilly aux îles du Ponant, de la mer d'Iroise au calanques … Comme moi, il aime être sur l'eau, tous les bateaux mais en particulier les voiliers, comme moi il aime la culture maritime, les phares et les balises, les ports et les chansons de marin, les escales et les appareillages, les régates et les mouillages. Et nous aimons partager tout ça. Il raconte ici ce qui est un beau raccourci de sa vie : dans les années 70 (au siècle dernier !) Gilles a gagné deux fois la course en solitaire de l'Aurore, devenue depuis " La solitaire du Figaro". Et voilà qu'à 65 ans, en 2013, 40 ans après sa première victoire, il a voulu recourir cette course. Sauf qu'il avait 40 ans de plus, que son corps et sa condition physique avaient "évolué", que l'arthrose y avait pris une place non négligeable … Sauf aussi que les bateaux ont beaucoup évolué et, surtout, que les techniques et technologies de navigation ont connu une révolution considérable. Et Gilles raconte ces évolutions, cette révolution, en juxtaposant les récits des courses des deux époques. C'est ce qui est passionnant dans ce livre : la juxtaposition des temps, de celui d'aujourd'hui avec celui "que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître", comme le témoignage d'une vie qui s'est située dans cette révolution technologique. Où l'on prend conscience qu'on était un peu fous de naviguer à l'époque sans trop savoir où on était ni ce qu'il y avait sous la coque. Où l'on prend conscience de l'incroyable sécurité que nous apporte aujourd'hui la technologie moderne ... mais Gilles raconte aussi comment, d'un point de vue humain, rien n'a véritablement changé. Et ça, c'est plutôt réjouissant. Lisez Gilles Le Baud !

vendredi 2 décembre 2016

Décision de François HOLLANDE

Sa voix était blanche, presque chevrotante, preuve évidente d'une émotion très forte. Rien d'étonnant, au fond, dans cette forme : tous ceux qui connaissent bien Francois HOLLANDE savent à quel point il avait vraiment envie de se représenter. Il lui a donc fallu dominer, contrarier sa nature profonde. C'est en cela que l'on peut parler de courage.
Mais c'est surtout la lucidité politique qui m'aura le plus marqué dans cette intervention. Et c'est quand il a prononcé ce mot, lucidité, qu'il m'a paru le plus convaincant. Il a donc eu, et ça n'est pas une mince affaire, la lucidité de comprendre que se représenter était une impasse et présentait un grand risque politique pour lui - mais ça, encore, c'était son problème - , mais aussi pour la Gauche et, même, pour la France. Et il en a tiré les conséquences. Respect.
Respect et, maintenant, il nous faut nous tourner vers l'avenir pour reconstruire.
Reconstruire à partir des décombres du Parti Socialiste qui est, soyons lucides nous aussi, dans un état pire que celui de la SFIO en 1969 : plus de projet, plus d'idées, plus de stratégie, plus d'alliance ... et maintenant plus de leader !
Le principal avantage de la décision de Francois HOLLANDE, c'est que l'entreprise de reconstruction peut ne pas attendre l'été prochain. Alors n'attendons pas !