vendredi 23 décembre 2016

Pourquoi je m'engage aux côtés de Manuel VALLS

J'ai donc choisi de soutenir Manuel VALLS dans la primaire de la Gauche du mois de janvier. Pourquoi ?
- d'abord parce que son expérience de ces dernières années est irremplaçable. Il a été un très bon Ministre de l'Intérieur, et un Premier Ministre remarquable dans une période difficile et tendue du gouvernement de la France. Et dans le monde troublé dans lequel nous vivons, je suis convaincu que cette expérience-là est indispensable. Comment dire les choses sans agressivité : je crois qu'on ne s'improvise pas sans risque Président et que l'expérience de l'appareil d'Etat à très haut niveau est une sorte de pré-requis.
- ensuite parce que cet homme-là a de l'autorité naturelle. Certains s'en font même des gorges chaudes en parlant d'autoritarisme. Ce sont tous ceux qui, imbibés de la culture gauchiste, continuent à croire qu'il serait " interdit d'interdire"... Et, en particulier, ceux qui se sont affranchis ces dernières années de la discipline de vote du groupe majoritaire, affaiblissant considérablement notre efficacité collective. Mais, pour ma part, j'en ai marre de cette République molle, hésitante, confuse, évanescente et brouillonne. J'en ai marre des "accommodements raisonnables" dans tous les domaines. Je pense que notre cher pays a besoin d'ordre et d'autorité. Sans excès. Une fermeté sereine, voilà ce que j'attends d'un chef d'Etat.
- enfin, parce que Manuel a des convictions républicaines profondes et un discours républicain qui me séduit et me convainc. Que voulez-vous : je suis convaincu que nous manquons singulièrement de République, de culture républicaine, de tradition républicaine. Je suis convaincu que nous avons trop abandonné nos valeurs républicaines et, en particulier, cette grande et belle valeur de LAÏCITÉ, qui est un atout majeur pour notre nation. Je suis aussi convaincu que le modèle républicain d'intégration reste un vrai projet et qu'il mérite qu'on le relance avec ambition. Bref je crois, tel Mendes France en son temps que la République est un projet d'une grande modernité. Et qui mieux que Manuel défend cette idée ?
Alors on me dit -et j'entends !- que Manuel ne serait pas assez "à Gauche". Mais la Gauche de gouvernement n'est jamais assez à Gauche ! Elle est même systématiquement victime du procès en trahison à peine a-t-elle commencé à gouverner. Car voilà bien son pêché originel : cette Gauche-là, la mienne, celle de Manuel et de beaucoup d'autres, elle préfère se retrousser les manches et se mettre les mains dans le cambouis, elle préfère se coltiner à la dure réalité des problèmes que de rester dans l'incantation et le rêve. Elle préfère l'action aux beaux discours. Et Manuel est de cette Gauche-là depuis l'âge de 18 ans. Il l'a apprise aux côtés de Rocard d'abord, JOSPIN ensuite. Il l'a mise en application à Evry, ville de banlieue dans une municipalité d'union de la Gauche. Alors "pas assez de Gauche" ? Peut-être. Mais qui sont les donneurs de leçons ?

Spectacle de Kader BELARBI

Vu, au Parvis à Ibos, dans nos chères Hautes-Pyrénées, le spectacle du ballet du capitole proposé par l'ami Kader BELARBI autour de la chorégraphe Maguy MARIN. KADER, magnifique danseur et ancienne étoile de l'opéra, dirige le ballet du capitole depuis bientôt 5 ans, et y fait un travail tout à fait remarquable dont j'ai déjà eu l'occasion de parler souvent. À 54 ans, ce passionné et travailleur infatigable garde l'obsession de "tirer la danse vers le haut", et il y parvient avec ce corps de ballet qu'il a métamorphosé. Et, à l'inverse d'un Millepied un tantinet mégalo et narcissique, il sait que les vraies stars ce sont les danseurs, ses danseurs. Il présentait hier une soirée ouverte par une de ses premières créations, il y a 20 ans ou plus, "salle des pas perdus", sur les errements de quatre voyageurs avec valises sur une musique pour piano de Prokofiev. Suivaient deux œuvres de Maguy Marin :
- "Éden", étonnant duo - on ne dira pas "pas de deux" car il n'y a quasiment pas de "pas"!- sur un bruit de pluie et d'orage, où la danseuse est portée pendant un quart d'heure par son compagnon, s'enroulant langoureusement autour de lui avec une harmonie et une synchronisation époustouflante des corps. Très original et intéressant.
- "Groosland", pour vingt danseurs sur une musique de Bach. Un ballet pour les gros !
Étonnants costumes où les danseurs et danseuses sont transformés en bibendums bien disgracieux mais font la preuve spectaculaire que le poids et le volume n'empêchent pas la légèreté et la grâce. C'est très amusant et gai. Et ça donne envie de danser à ceux qui, comme moi, n'ont pas assez surveillé leur tour de taille ! KADER nous avait invité à le rejoindre en coulisses pour voir les danseurs retirer ces combinaisons de latex doublées de mousse : c'est aussi un exploit que de danser emprisonné dans ces saunas étouffants ...

vendredi 16 décembre 2016

Danse


Depuis la mort de Maurice Béjart, je tiens Jiri Kylian pour le plus grand chorégraphe contemporain. Ce natif de Prague, désormais installé aux Pays-Bas, est pour moi celui qui sait le mieux conjuguer danse classique et modernité, et trouver toujours l'harmonie du mouvement des corps avec les musiques.
Eh bien, il livre en ce moment à Paris, un spectacle formidablement harmonieux et d'une élégance rare.
" Bella figura" d'abord. Je le voyais pour la quatrième ou cinquième fois et c'est toujours le même bonheur, un peu comme on retrouve" le Boléro"  de Béjart ou " le parc" de Prejlocaj : des " must" . Ces danseuses et danseurs avec ces longues et belles robes rouges et leurs torses nus, se meuvent avec une sensualité exceptionnelle et une harmonie délicieuse sur plusieurs musiques dont un très beau Vivaldi.
"Tar and feathers" ou encore " le goudron et les plumes"  sur plusieurs musiques dont le joli concerto pour piano de Mozart, est peut-être un ton en dessous, mais c'est une très belle création.
Enfin, " symphonie de psaumes" , autre création sur la musique éponyme de Stravinski, est une très belle réussite. Ces psaumes-là sont bien laïques ! Sereins et équilibrés, solennels et légers.... une très belle réussite pour conclure une très elle soirée.

vendredi 9 décembre 2016

Débat sur "le discours politique" au théâtre Toursky

Le théâtre Toursky, dans les quartiers nord de Marseille est animé depuis des décennies par mon ami Richard MARTIN, un saltimbanque - comme il aime à se définir - révolté, progressiste et libertaire. Un passionné de culture comme je les aime. Il m'avait invité à un débat sur "le discours politique" ce mercredi soir, débat animé par un psychanalyste universitaire et auquel un ancien élu communiste devait me porter la contradiction. Je parle du sujet avec application, j'expose l'influence détestable des chaînes de télé 24h/24, de l'ambiance délétère des réseaux sociaux, de la dictature mortelle des tweets et de ces satanés 140 signes qui signent la mort du raisonnement et de la réflexion. Mais je vois bien que la salle n'accroche pas. Elle n'en a rien à faire de ce "discours sur le discours". Elle veut parler politique. Quand la parole vient à la salle, elle éructe dans un flot de protestations parfois très violentes contre les élus, tous menteurs et corrompus. J'essaye d'en appeler à la raison, d'en revenir au sujet qui nous avait été fixé. Mais l'élu communiste ne m'aide pas, il avoue même se sentir conforté par les propos violents d'un participant et dénonce, dans mon discours sur la complexité des sociétés, le camouflage d'une "vacuité de la pensée". Aimable le gars. À peine demago.
Et je me rends compte brutalement qu'on est à Marseille, où le Front National réalise des scores très élevés, où la passion du langage est imprégnée de la culture méditerranéenne, où la violence verbale est une sorte de seconde nature, fût-elle superficielle, où le comportemental est théâtral par essence. Je me sens loin de mes Pyrénées mais l'expérience est enrichissante...

Solidarité avec les salariés en grève de la polyclinique de l'Ormeau !

Ce matin, le conseil départemental des Hautes Pyrénées, a organisé un débat sur le conflit social de l'Ormeau qui dure maintenant depuis un mois, voté une motion de soutien aux grévistes, organisé une solidarité financière avec eux, et suspendu sa session pour recevoir une délégation syndicale. Un mois de grève et une négociation qui n'en finit pas de ne pas démarrer par la faute d'une direction aveugle, sourde et muette, enfermée dans ses certitudes datées d'un siècle, rétive à toute avancée et calée sur l'obsession financière de ses actionnaires privés. L'impasse invraisemblable de ce conflit qui devrait être clos depuis longtemps si le simple bon sens et le sens du dialogue pouvaient prévaloir, laisse entrevoir le double risque du pourrissement et du raidissement, sans garantie aucune sur les conséquences de ces risques.
J'en appelle à la double responsabilité des Ministres de la Santé et du Travail pour qu'ils fassent injonction à ce groupe de revenir à la table de négociation dans les plus brefs délais.

mercredi 7 décembre 2016


Manuel Valls quitte Matignon pour se lancer dans  l'aventure présidentielle. Dans la pure tradition des marins, je lui souhaite " bon vent, bonne mer ". L'homme a des qualités d'homme d'Etat, mais je me souviens la campagne des primaires de 2011 où il avait notoirement échoué, à force d'écouter trop ces mauvais conseillers obsédés par la " triangulation ". Avant de trianguler, c'est-à-dire aller se situer sur les thèmes de la droite pour démontrer une capacité de transgression et afficher sa liberté, il faut d'abord rassembler les siens. Je serai un ami exigeant à son égard et lui rappellerai sans cesse cette ardente obligation du rassemblement qui obéit à un ordre historique : rassembler les siens pour rassembler la Gauche  avant de rassembler les français. Le second tour de l'élection présidentielle se situe après le premier, nous l'avons oublié en 2002 ! Et le premier tour se situe après la primaire, Juppé l'avait oublié.


Bernard CAZENEUVE accède à Matignon et il n'y avait pas meilleur choix. Cet homme est LA grande révélation politique de ce quinquennat qui s'achève. Il est bosseur, sérieux, compétent, honnête, à quoi j'ajoute deux qualités essentielles pour moi : il est Républicain dans l'âme et il a le sens du collectif. Ça n'est pas un malade du narcissisme et il sait très bien résister à la tentation du superficiel et du spectaculaire. Il y a quelques mois, il était en visite dans mon département pour deux jours et il était venu à la maison, en toute intimité. Il nous avait livré son humilité et sa très grande détermination face à la tâche si difficile qui était la sienne, Ministre de l'Intérieur. Je lui avais dit ma complicité et mes encouragements. Bref, j'ai confiance en lui et je crois vraiment que vous pouvez avoir confiance en lui.

mardi 6 décembre 2016

Les déclarations de Ségolène Royal à Cuba

Les déclarations de Ségolène Royal à Cuba avaient quelque chose de dangereusement décalé par rapport à la réalité du vécu du peuple cubain depuis des décennies. Et la déclaration penaude du Ministre des Affaires Étrangères, rappelant que, pour le gouvernement français, le régime cubain était bien une dictature a remis les choses au point au prix d'un nouveau cafouillage gouvernemental. C'est sans doute cela la bonne gouvernance.
Mais franchement, la réaction de Jack Lang, s'interrogeant pour savoir si l'intéressée n'avait pas abusé du rhum cubain avait, elle, quelque chose de franchement déplacé. Je pensais Jack Lang à l'abri de ce genre de machisme vulgaire.

lundi 5 décembre 2016

Lu "Je ne danse que sur les vagues" de Gilles Le Baud

Lu "Je ne danse que sur les vagues" de Gilles Le Baud aux éditions Glenat, dans la collection "Hommes et océans". Gilles est un ami et je revendique donc la subjectivité de mon propos à son égard. C'est un ami navigateur et nous avons bourlingué ensemble sur bien des bateaux et bien des mers : du Cap Horn au Sud jusqu'au Spitzberg au Nord, des Scilly aux îles du Ponant, de la mer d'Iroise au calanques … Comme moi, il aime être sur l'eau, tous les bateaux mais en particulier les voiliers, comme moi il aime la culture maritime, les phares et les balises, les ports et les chansons de marin, les escales et les appareillages, les régates et les mouillages. Et nous aimons partager tout ça. Il raconte ici ce qui est un beau raccourci de sa vie : dans les années 70 (au siècle dernier !) Gilles a gagné deux fois la course en solitaire de l'Aurore, devenue depuis " La solitaire du Figaro". Et voilà qu'à 65 ans, en 2013, 40 ans après sa première victoire, il a voulu recourir cette course. Sauf qu'il avait 40 ans de plus, que son corps et sa condition physique avaient "évolué", que l'arthrose y avait pris une place non négligeable … Sauf aussi que les bateaux ont beaucoup évolué et, surtout, que les techniques et technologies de navigation ont connu une révolution considérable. Et Gilles raconte ces évolutions, cette révolution, en juxtaposant les récits des courses des deux époques. C'est ce qui est passionnant dans ce livre : la juxtaposition des temps, de celui d'aujourd'hui avec celui "que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître", comme le témoignage d'une vie qui s'est située dans cette révolution technologique. Où l'on prend conscience qu'on était un peu fous de naviguer à l'époque sans trop savoir où on était ni ce qu'il y avait sous la coque. Où l'on prend conscience de l'incroyable sécurité que nous apporte aujourd'hui la technologie moderne ... mais Gilles raconte aussi comment, d'un point de vue humain, rien n'a véritablement changé. Et ça, c'est plutôt réjouissant. Lisez Gilles Le Baud !

vendredi 2 décembre 2016

Décision de François HOLLANDE

Sa voix était blanche, presque chevrotante, preuve évidente d'une émotion très forte. Rien d'étonnant, au fond, dans cette forme : tous ceux qui connaissent bien Francois HOLLANDE savent à quel point il avait vraiment envie de se représenter. Il lui a donc fallu dominer, contrarier sa nature profonde. C'est en cela que l'on peut parler de courage.
Mais c'est surtout la lucidité politique qui m'aura le plus marqué dans cette intervention. Et c'est quand il a prononcé ce mot, lucidité, qu'il m'a paru le plus convaincant. Il a donc eu, et ça n'est pas une mince affaire, la lucidité de comprendre que se représenter était une impasse et présentait un grand risque politique pour lui - mais ça, encore, c'était son problème - , mais aussi pour la Gauche et, même, pour la France. Et il en a tiré les conséquences. Respect.
Respect et, maintenant, il nous faut nous tourner vers l'avenir pour reconstruire.
Reconstruire à partir des décombres du Parti Socialiste qui est, soyons lucides nous aussi, dans un état pire que celui de la SFIO en 1969 : plus de projet, plus d'idées, plus de stratégie, plus d'alliance ... et maintenant plus de leader !
Le principal avantage de la décision de Francois HOLLANDE, c'est que l'entreprise de reconstruction peut ne pas attendre l'été prochain. Alors n'attendons pas !

lundi 28 novembre 2016

Un week-end tranquille sur le terrain des Hautes-Pyrénées

Un week-end tranquille sur le terrain des Hautes-Pyrénées au contact de mes concitoyens et pour me mettre à jour de mon courrier et de mes dossiers :
- Visite aux salariés en lutte – et en grève – de la clinique privée de l'ORMEAU à Tarbes. Le grand groupe privé, Médipôle, qui a acheté cette clinique il y a 2 ans, est concentré désormais sur la recherche du profit. Les conditions de travail et les relations sociales se sont lentement mais sûrement dégradées. Jusqu'à cette explosion. Ma solidarité est totale avec ces personnels qui n'en peuvent plus et le disent.
- Bonnefont, 354 habitants, dans le canton de Trie-sur-Baïse et du Magnoac. Samedi, on y inaugurait une salle des fêtes bien belle, face à l'école communale et à proximité d'un foyer pour enfants handicapés mentaux. Les services publics en milieu rural concrétisent cette « modernité rurale » que bien des urbains ignorent. Et nous étions nombreux, samedi matin dans ce petit village pour y témoigner d'une République rurale bien dynamique, accrochée à ses valeurs.
- Où l'on apprend que « la plus grande démocratie du monde », les USA, ont élu Président, celui qui a recueilli 2 millions de voix de MOINS que sa concurrente.
Et on appelle ça démocratie ??
Et personne ne dit rien ?
- J'aime CUBA, l'île musicale et son peuple si simple et si chaleureux, Cuba où j'ai séjourné à plusieurs reprises.
Cuba me manque d'ailleurs …
Et je n'avais que 10 ans quand la révolution cubaine a porté Castro au pouvoir.
Plus tard, j'ai apprécié que cette révolution ait mis fin à une dictature épouvantable qui avait transformé l'île en casino-bordel pour les touristes américains riches et pervertis.
Mais Fidel a remplacé une dictature par une autre et si il y eut de belles avancées en matière d'Education et de Santé, les atteintes aux libertés et aux droits de l'Homme étaient insupportables. Et, au fond, les américains ont rendu un fier service à Fidel avec leur embargo qui « victimisait » le peuple cubain et le « coalisait » autour de son leader maximo.
Fidel s'en va avec son bilan éminemment critiquable et mes pensées vont au peuple cubain : Quand retrouvera-t-il libertés et prospérité ?
- Vu « Alliés », le film de ZEMECKIS avec Marion Cotillard et Brad Pitt. Deux acteurs magnifiques, un scénario pathétique dans le monde des agents secrets pendant la seconde guerre mondiale. Un très beau film.
- Fillon sera donc le candidat de la Droite à l'élection présidentielle. Et l'on s'étonne qu'une primaire de Droite ait permis aux électeurs, de Droite, de désigner un candidat de Droite, avec un programme de Droite !
Et pendant ce temps, la Gauche n'en finit pas de se diviser, de se déliter, de s'effilocher ...

lundi 21 novembre 2016

Quelques réflexions politiques après le premier tour de la primaire de la droite

- d'abord un motif de réjouissance avec cette belle participation citoyenne. Que voulez-vous, en ces temps d'incivisme triomphant, cet engagement collectif a quelque chose qui redonne confiance dans la démocratie.

- ensuite, une pensée pour Alain Juppé : une fois encore, une fois de plus, la preuve semble faite que le favori des sondages à un an de l'élection ne sera jamais élu. C'est terrible pour lui et pour tous ceux qui le voyaient élu, mais avant l'heure, ce n'est pas l'heure.

- Sarkozy éliminé. Tant mieux. Non pas parce qu'il est de droite, ses concurrents l'étaient tout autant, mais parce qu'il a trop bousculé et violé la République. Fillon et Juppé sont de droite aussi, conservateurs assurément, réactionnaires parfois, mais ils ont un fond républicain, une culture de la République qu'on ne peut pas nier. Et qu'ils aient éliminé Sarkozy n'est pas une moindre affaire. Tant mieux. Ca, c'est fait.

- Reste l'essentiel : il y a une forte chance qu'au deuxième tour de l'élection présidentielle, celui de ces deux-là qui sera le candidat de la droite soit opposé à madame " La peine" comme la surnomme un de mes amis dont l'humour n'est pas le moindre défaut. Et, évidemment, nous serons appelés à nouveau au rendez-vous républicain. Sauf qu'il y a le souvenir de 2002, quand tous les responsables de gauche, après l'élimination de JOSPIN au premier tour se précipitaient dans les télés pour appeler à voter Chirac. Sans condition. Et avec les conséquences que l'on sait : sitôt élu Président, avec sans doute une majorité de voix de gauche, Chirac leur fit, nous fit un pied de nez. Il ne faudra pas recommencer cette mauvaise plaisanterie. Il faudra voter les yeux ouverts et poser des conditions. Républicaines. Nous en reparlerons si l'occasion se présente.

Suite de mes lectures

- lu encore " Un Attentat " de Jean-Noël JEANNENEY paru au Seuil. J'ai déjà écrit, ici, l'amitié et même l'affection que je porte à Jean-Noël JEANNENEY, que j'ai croisé souvent dans ma vie politique, avec lequel je partage ce qu'on peut appeler des connivences politiques et intellectuelles, à quoi s'ajoute l'admiration que j'éprouve pour cet historien hors pair. L'attentat qu'il aborde ici, c'est celui du Petit Clamart du 22 août 1962, quand un commando dirigé par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, tenta d'assassiner le général De Gaulle. Avec la méticulosité de l'historien et après, bien entendu, un gros travail de recherche, on découvre pas seulement les faits mais aussi les parcours des 14 membres du commando, les milieux dont ils sont issus, l'OAS bien sûr, l'enquête, le procès etc... Mais aussi les conséquences politiques puisque l'auteur avance la thèse selon laquelle cet épisode a accéléré la décision du Général d'instaurer l'élection du Président au suffrage universel. Et il ouvre des débats, 54 ans après, sur la peine de mort, le droit de grâce présidentielle, les lois et les tribunaux d'exception, la capacité des sociétés démocratiques à restreindre les libertés publiques quand la menace est trop violente, ou bien encore le rôle joué par l'intégrisme religieux dans la violence politique. L'éclairage du présent par l'histoire comme forme incontournable de la culture politique.

- lu toujours " Dieu n'habite pas La Havane " de Yasmina KHADRA , paru chez Julliard. Je suis un fidèle lecteur de l'écrivain-ancien flic algérien, qui m'a habitué à voyager dans la violence terroriste de l'Orient, lointain comme l'Afghanistan, ou plus proche comme au Liban ou en Libye. Et là, nouveauté, Khadra nous emmène à Cuba, pour une histoire d'amour entre un chanteur de rumba sur le retour et une jeune femme "exilée de l'intérieur" aussi belle que violente. Très belle et très violente. Le tout au cœur d'une ville pauvre, d'une économie étatisée, aux privatisations déroutantes, des habitations familiales surpeuplées et des solidarités spontanées, des rues dangereuses et des nuits agitées. L'amour violent dans un environnement violent. Mais aussi aux rythmes envoûtants de la musique cubaine, celle dont les notes volent dans les rues, celle dont les chants sont sur toutes les lèvres. Et ça fonctionne très bien.


- "Petit pays" de Gaël Faye, paru chez Grasset est un livre beau, triste et bouleversant. Il raconte la destinée tragique d'une famille franco-burundaise, à Bujumbura dans les années 90. Époque marquée par l'épouvantable guerre entre Hutus et Tutsies et le génocide qu'elle a provoqué, tant au Rwanda qu'au Burundi. À travers le récit du jeune garçon de cette famille tragiquement décimée, on voit la barbarie de la guerre remplacer peu à peu l'innocence des jeux d'enfants et la naissance d'une blessure épouvantable qui saigne et ne cicatrisera jamais. Pathétique ouvrage, ce roman est un témoignage historique. Âmes sensibles ou amateurs de légèreté, s'abstenir.


- J'ai passé de très longs et bons moments avec " Les frères Karamazov " de Fedor Dostoievski. Ce monument de la littérature russe du 19ème siècle représentait pas moins de 1700 pages dans l'édition électronique que j'avais emportée sur ma tablette. Mais quel régal ! Oublions les trois frères Karamazov, Dimitri, le paradeur qui ressemble tant à son père que tout les oppose, Ivan le sentimental chevaleresque et Aliocha, le mystique généreux, oublions leur père vulgaire et nouveau riche, cette petite ville russe du milieu du 19ème siècle et cette intrigue autour d'un présumé parricide s'achevant sur un procès pathétique. Retenons surtout de beaux développements sur la place de la religion dans la société russe du 19ème, tant du point de vue d'un athéisme naissant que de celui d'un militantisme chrétien qui se veut éclairé et qui ne l'est pas toujours ... Et retenons surtout cette leçon de littérature appliquée et vivante qui nous est donnée par Dostoïevski : tout au long de l'ouvrage, prenant la distance nécessaire par rapport à son récit, comme s'il était un commentateur extérieur d'un fait divers plutôt que " l'inventeur " de l'histoire, et s'adressant directement au lecteur, il lui explique comment il construit son ouvrage et pourquoi il procède de la sorte. C'est passionnant. Et c'est de la très grande littérature.

- J'ai relu avec délectation " La porte étroite " d'André Gide, aux éditions Mercure de France, que j'avais lu adolescent et dont j'ai beaucoup mieux profité cette fois-ci. Le livre date de 1909 et n'a pas pris une ride comme toute œuvre littéraire de qualité. Quelle belle écriture ! Quel vocabulaire et quelle syntaxe ! Et quels beaux sentiments... Les amours éperdus, éperdus et perdus, de Jérôme et sa cousine Alissa, amours d'enfance nés dans la demeure familiale proche du Havre, amours d'adolescence, d'adultes, amours de toute une vie. Mais amours tourmentés bien que partagés en termes de sentiments mais jamais traduits dans une vie partagée. Car Alissa, mue par un engagement mystique et religieux, pense qu'il y a, pour eux, quelque chose de "meilleur" que l'amour. La vertu portée plus haut que l'amour. Une vertu admirable mais bien peu épanouissante... Un très, très beau livre que je relirai encore.

- "Comme une respiration" de Jean Teulé, paru chez JUILLARD. Quarante petites nouvelles, faites de souvenirs autobiographiques ou de l'imagination créatrice de l'auteur, pour quarante histoires de destins ordinaires. Teulé nous a prouvé par le passé qu'il pouvait faire mieux que ça.

Suite de mes lectures

- lu encore " Un Attentat " de Jean-Noël JEANNENEY paru au Seuil. J'ai déjà écrit, ici, l'amitié et même l'affection que je porte à Jean-Noël JEANNENEY, que j'ai croisé souvent dans ma vie politique, avec lequel je partage ce qu'on peut appeler des connivences politiques et intellectuelles, à quoi s'ajoute l'admiration que j'éprouve pour cet historien hors pair. L'attentat qu'il aborde ici, c'est celui du Petit Clamart du 22 août 1962, quand un commando dirigé par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, tenta d'assassiner le général De Gaulle. Avec la méticulosité de l'historien et après, bien entendu, un gros travail de recherche, on découvre pas seulement les faits mais aussi les parcours des 14 membres du commando, les milieux dont ils sont issus, l'OAS bien sûr, l'enquête, le procès etc... Mais aussi les conséquences politiques puisque l'auteur avance la thèse selon laquelle cet épisode a accéléré la décision du Général d'instaurer l'élection du Président au suffrage universel. Et il ouvre des débats, 54 ans après, sur la peine de mort, le droit de grâce présidentielle, les lois et les tribunaux d'exception, la capacité des sociétés démocratiques à restreindre les libertés publiques quand la menace est trop violente, ou bien encore le rôle joué par l'intégrisme religieux dans la violence politique. L'éclairage du présent par l'histoire comme forme incontournable de la culture politique.

- lu toujours " Dieu n'habite pas La Havane " de Yasmina KHADRA , paru chez Julliard. Je suis un fidèle lecteur de l'écrivain-ancien flic algérien, qui m'a habitué à voyager dans la violence terroriste de l'Orient, lointain comme l'Afghanistan, ou plus proche comme au Liban ou en Libye. Et là, nouveauté, Khadra nous emmène à Cuba, pour une histoire d'amour entre un chanteur de rumba sur le retour et une jeune femme "exilée de l'intérieur" aussi belle que violente. Très belle et très violente. Le tout au cœur d'une ville pauvre, d'une économie étatisée, aux privatisations déroutantes, des habitations familiales surpeuplées et des solidarités spontanées, des rues dangereuses et des nuits agitées. L'amour violent dans un environnement violent. Mais aussi aux rythmes envoûtants de la musique cubaine, celle dont les notes volent dans les rues, celle dont les chants sont sur toutes les lèvres. Et ça fonctionne très bien.


- "Petit pays" de Gaël Faye, paru chez Grasset est un livre beau, triste et bouleversant. Il raconte la destinée tragique d'une famille franco-burundaise, à Bujumbura dans les années 90. Époque marquée par l'épouvantable guerre entre Hutus et Tutsies et le génocide qu'elle a provoqué, tant au Rwanda qu'au Burundi. À travers le récit du jeune garçon de cette famille tragiquement décimée, on voit la barbarie de la guerre remplacer peu à peu l'innocence des jeux d'enfants et la naissance d'une blessure épouvantable qui saigne et ne cicatrisera jamais. Pathétique ouvrage, ce roman est un témoignage historique. Âmes sensibles ou amateurs de légèreté, s'abstenir.


- J'ai passé de très longs et bons moments avec " Les frères Karamazov " de Fedor Dostoievski. Ce monument de la littérature russe du 19ème siècle représentait pas moins de 1700 pages dans l'édition électronique que j'avais emportée sur ma tablette. Mais quel régal ! Oublions les trois frères Karamazov, Dimitri, le paradeur qui ressemble tant à son père que tout les oppose, Ivan le sentimental chevaleresque et Aliocha, le mystique généreux, oublions leur père vulgaire et nouveau riche, cette petite ville russe du milieu du 19ème siècle et cette intrigue autour d'un présumé parricide s'achevant sur un procès pathétique. Retenons surtout de beaux développements sur la place de la religion dans la société russe du 19ème, tant du point de vue d'un athéisme naissant que de celui d'un militantisme chrétien qui se veut éclairé et qui ne l'est pas toujours ... Et retenons surtout cette leçon de littérature appliquée et vivante qui nous est donnée par Dostoïevski : tout au long de l'ouvrage, prenant la distance nécessaire par rapport à son récit, comme s'il était un commentateur extérieur d'un fait divers plutôt que " l'inventeur " de l'histoire, et s'adressant directement au lecteur, il lui explique comment il construit son ouvrage et pourquoi il procède de la sorte. C'est passionnant. Et c'est de la très grande littérature.

- J'ai relu avec délectation " La porte étroite " d'André Gide, aux éditions Mercure de France, que j'avais lu adolescent et dont j'ai beaucoup mieux profité cette fois-ci. Le livre date de 1909 et n'a pas pris une ride comme toute œuvre littéraire de qualité. Quelle belle écriture ! Quel vocabulaire et quelle syntaxe ! Et quels beaux sentiments... Les amours éperdus, éperdus et perdus, de Jérôme et sa cousine Alissa, amours d'enfance nés dans la demeure familiale proche du Havre, amours d'adolescence, d'adultes, amours de toute une vie. Mais amours tourmentés bien que partagés en termes de sentiments mais jamais traduits dans une vie partagée. Car Alissa, mue par un engagement mystique et religieux, pense qu'il y a, pour eux, quelque chose de "meilleur" que l'amour. La vertu portée plus haut que l'amour. Une vertu admirable mais bien peu épanouissante... Un très, très beau livre que je relirai encore.

- "Comme une respiration" de Jean Teulé, paru chez JUILLARD. Quarante petites nouvelles, faites de souvenirs autobiographiques ou de l'imagination créatrice de l'auteur, pour quarante histoires de destins ordinaires. Teulé nous a prouvé par le passé qu'il pouvait faire mieux que ça.

Suite de mes lectures

- lu encore " Un Attentat " de Jean-Noël JEANNENEY paru au Seuil. J'ai déjà écrit, ici, l'amitié et même l'affection que je porte à Jean-Noël JEANNENEY, que j'ai croisé souvent dans ma vie politique, avec lequel je partage ce qu'on peut appeler des connivences politiques et intellectuelles, à quoi s'ajoute l'admiration que j'éprouve pour cet historien hors pair. L'attentat qu'il aborde ici, c'est celui du Petit Clamart du 22 août 1962, quand un commando dirigé par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, tenta d'assassiner le général De Gaulle. Avec la méticulosité de l'historien et après, bien entendu, un gros travail de recherche, on découvre pas seulement les faits mais aussi les parcours des 14 membres du commando, les milieux dont ils sont issus, l'OAS bien sûr, l'enquête, le procès etc... Mais aussi les conséquences politiques puisque l'auteur avance la thèse selon laquelle cet épisode a accéléré la décision du Général d'instaurer l'élection du Président au suffrage universel. Et il ouvre des débats, 54 ans après, sur la peine de mort, le droit de grâce présidentielle, les lois et les tribunaux d'exception, la capacité des sociétés démocratiques à restreindre les libertés publiques quand la menace est trop violente, ou bien encore le rôle joué par l'intégrisme religieux dans la violence politique. L'éclairage du présent par l'histoire comme forme incontournable de la culture politique.

- lu toujours " Dieu n'habite pas La Havane " de Yasmina KHADRA , paru chez Julliard. Je suis un fidèle lecteur de l'écrivain-ancien flic algérien, qui m'a habitué à voyager dans la violence terroriste de l'Orient, lointain comme l'Afghanistan, ou plus proche comme au Liban ou en Libye. Et là, nouveauté, Khadra nous emmène à Cuba, pour une histoire d'amour entre un chanteur de rumba sur le retour et une jeune femme "exilée de l'intérieur" aussi belle que violente. Très belle et très violente. Le tout au cœur d'une ville pauvre, d'une économie étatisée, aux privatisations déroutantes, des habitations familiales surpeuplées et des solidarités spontanées, des rues dangereuses et des nuits agitées. L'amour violent dans un environnement violent. Mais aussi aux rythmes envoûtants de la musique cubaine, celle dont les notes volent dans les rues, celle dont les chants sont sur toutes les lèvres. Et ça fonctionne très bien.


- "Petit pays" de Gaël Faye, paru chez Grasset est un livre beau, triste et bouleversant. Il raconte la destinée tragique d'une famille franco-burundaise, à Bujumbura dans les années 90. Époque marquée par l'épouvantable guerre entre Hutus et Tutsies et le génocide qu'elle a provoqué, tant au Rwanda qu'au Burundi. À travers le récit du jeune garçon de cette famille tragiquement décimée, on voit la barbarie de la guerre remplacer peu à peu l'innocence des jeux d'enfants et la naissance d'une blessure épouvantable qui saigne et ne cicatrisera jamais. Pathétique ouvrage, ce roman est un témoignage historique. Âmes sensibles ou amateurs de légèreté, s'abstenir.


- J'ai passé de très longs et bons moments avec " Les frères Karamazov " de Fedor Dostoievski. Ce monument de la littérature russe du 19ème siècle représentait pas moins de 1700 pages dans l'édition électronique que j'avais emportée sur ma tablette. Mais quel régal ! Oublions les trois frères Karamazov, Dimitri, le paradeur qui ressemble tant à son père que tout les oppose, Ivan le sentimental chevaleresque et Aliocha, le mystique généreux, oublions leur père vulgaire et nouveau riche, cette petite ville russe du milieu du 19ème siècle et cette intrigue autour d'un présumé parricide s'achevant sur un procès pathétique. Retenons surtout de beaux développements sur la place de la religion dans la société russe du 19ème, tant du point de vue d'un athéisme naissant que de celui d'un militantisme chrétien qui se veut éclairé et qui ne l'est pas toujours ... Et retenons surtout cette leçon de littérature appliquée et vivante qui nous est donnée par Dostoïevski : tout au long de l'ouvrage, prenant la distance nécessaire par rapport à son récit, comme s'il était un commentateur extérieur d'un fait divers plutôt que " l'inventeur " de l'histoire, et s'adressant directement au lecteur, il lui explique comment il construit son ouvrage et pourquoi il procède de la sorte. C'est passionnant. Et c'est de la très grande littérature.

- J'ai relu avec délectation " La porte étroite " d'André Gide, aux éditions Mercure de France, que j'avais lu adolescent et dont j'ai beaucoup mieux profité cette fois-ci. Le livre date de 1909 et n'a pas pris une ride comme toute œuvre littéraire de qualité. Quelle belle écriture ! Quel vocabulaire et quelle syntaxe ! Et quels beaux sentiments... Les amours éperdus, éperdus et perdus, de Jérôme et sa cousine Alissa, amours d'enfance nés dans la demeure familiale proche du Havre, amours d'adolescence, d'adultes, amours de toute une vie. Mais amours tourmentés bien que partagés en termes de sentiments mais jamais traduits dans une vie partagée. Car Alissa, mue par un engagement mystique et religieux, pense qu'il y a, pour eux, quelque chose de "meilleur" que l'amour. La vertu portée plus haut que l'amour. Une vertu admirable mais bien peu épanouissante... Un très, très beau livre que je relirai encore.

- "Comme une respiration" de Jean Teulé, paru chez JUILLARD. Quarante petites nouvelles, faites de souvenirs autobiographiques ou de l'imagination créatrice de l'auteur, pour quarante histoires de destins ordinaires. Teulé nous a prouvé par le passé qu'il pouvait faire mieux que ça.

lundi 7 novembre 2016

Mes dernières lectures

-  Lu  "Cannibales" de Régis Jauffret paru au Seuil. Drôle de roman : une jeune femme de 24 ans vient de rompre avec un homme de trente ans son aîné et elle décide d'écrire à la mère de celui-ci pour s'expliquer de cette rupture. Il s'en suit une correspondance soutenue entre les deux femmes que retranscrit le livre. Parti pris littéraire doublement curieux : d'abord parce que correspondre ainsi avec la mère de son ex-compagnon n'est pas chose usuelle, ensuite parce que cette correspondance entre deux femmes très libres, pour ne pas dire libertines ou libertaires, prend parfois une tournure pour le moins déjantée. Mais il y a des passages extrêmement bien sentis sur les ruptures ou sur les rapports hommes-femmes =. Ca n'est pas le roman du siècle mais ça peut se lire.

- J'ai beaucoup apprécié "Génie de la laïcité" de Caroline FOUREST, paru chez Grasset et qu'elle a eu l'amitié de m'offrir dédicacé. Une vraie complicité intellectuelle, philosophique et politique me lie à Caroline FOUREST, qui est une femme courageuse et clairvoyante. De ce plaidoyer convaincant, présentant la laïcité "comme un bouclier et non pas comme un glaive", je retiendrai surtout cette approche parallèle et différenciée des cultures américaines et françaises sur la place des religions - où j'ai appris que l'ambassade américaine à Paris soutenait et semble soutenir encore des mouvements communautaristes, même si ceux-ci flirtent parfois avec l'intégrisme radical...-, ou bien cette présentation pédagogique du débat qui sévit à gauche entre "républicains" et " démocrates" sur ce sujet si majeur pour l'avenir de notre société. Républicains laïques, lisez ce livre pour affermir encore vos convictions !

- Lu encore "chanson douce" de Leila Slimani paru chez Gallimard, une beau roman de la littérature contemporaine. Une histoire très actuelle, celle d'un jeune couple de bobos parisiens avec deux très jeunes enfants, qui embauche une "nounou" afin de ne pas sacrifier la vie professionnelle de la femme. La nounou est, miracle, une recrue de choix qui est vite adoptée par les deux enfants, puis par l'ensemble de la famille et même par leurs amis qui profitent aussi de ses talents culinaires. Elle devient membre de la famille à part entière. Mais c'est une femme seule, veuve, endettée, qui vit dans un meublé glauque en grande banlieue et qui commence à s'angoisser de devoir, un jour, quitter cette famille et ces enfants qu'elle aime tant. Cette dérive psychologique, très bien décrite, finira en drame. Ca n'est pas gai. C'est même épouvantablement triste, mais c'est tellement actuel et vivant que ça donne, je le répète, un très beau livre, plein de sensibilité.

- "Comment on en est arrivé là ?" de Michèle Cotta, chez Robert Laffont. Ce livre-là, je ne l'ai pas lu du début à la fin, mais j'ai dû m'y plonger : un de mes amis l'avait emporté pour notre voyage et me l'a tendu en me disant : "Je ne te conseille pas de le lire car c'est très mauvais mais regarde les passages qui te concernent car elle te dezingue sévèrement". C'est curieux ce genre de journalisme politique, si peu scrupuleux...me démolir, après tout, c'est bien son droit et sa liberté. Et même sa méchanceté, dont évidemment, on peut bien se passer, ne regarde qu'elle : ce genre de sentiment, surtout gratuit, ne relève pas de l'honorable. Mais c'est sur le fond des choses que ces écrits m'ahurissent : elle me trouve "médiocre" parce qu'après les dernières élections municipales largement perdues par la gauche, j'avais fait une déclaration - pourtant très retenue ! Bien plus retenue que bien des dirigeants politiques de gauche ...- pour interpeller le pouvoir sur la désertion des urnes par le peuple de gauche, comme si cette contribution à tirer les leçons de ce scrutin était médiocre par essence...; elle me trouve "odieux" parce que, au fond, après avoir été le directeur de la campagne de Lionel Jospin lors de la présidentielle de 2002 , je n'aurais qu'un droit, celui de me taire puisque je serais le principal responsable de cet échec ... la victoire de Chirac, tout le monde s'en souvient, n'avait qu'un responsable : Antoine Rufenacht, son directeur de campagne. Dérisoire. Enfin, elle me trouve "couillon" pour avoir interrogé le gouvernement lors d'une séance de questions à l'Assemblée, après les attentats de novembre 2015, sans savoir - il eût fallu se renseigner !- que je l'avais fait à la demande du gouvernement et comme si c'était moi qui avais fait déraper l'attitude de la Droite dans l'hémicycle ...
Bref, sur le fond des choses, ce livre ne révèle rien d'intéressant si ce n'est les compte-rendus de dizaines, centaines de déjeuners de l'auteure avec le "tout Paris" politique.
Mais c'est un livre de règlements de comptes personnels. J'ai écrit il y a peu qu'il y avait des journalistes qui tiraient le débat politique vers le haut et d'autres vers le bas . Il y a aussi le très bas.

mercredi 2 novembre 2016

Les lois naturelles de l'enfant, de Céline Alvarez


Les vacances de la Toussaint et une petite traversée transatlantique à la voile m'ont permis de beaucoup lire. J'ai donc découvert avec un régal inégal mais toujours avec la même passion de la lecture :




 " Les lois naturelles de l'enfant " de Céline Alvarez paru aux éditions Les Arènes. Céline Alvarez est une enseignante qui a exercé  son beau métier pendant plusieurs  années dans une école maternelle de Gennevilliers, en zone d'éducation prioritaire, où elle a mis en œuvre une méthode pédagogique très innovante avec des résultats assez exceptionnels. Cette méthode est directement tirée des travaux du Docteur  Maria Montessori, bien connue des pédagogues, enrichis d'apports plus récents des chercheurs en neurosciences et repose sur un constat simple : l'enfant, en très bas âge est prédisposé, bien plus et bien mieux qu'un adulte, à apprendre. Les connexions de son cerveau sont en croissance exponentielle et facilitent l'apprentissage pour peu qu'on les accompagne plutôt que de les contrarier. Cela suppose parcours individuels, entretien de l'enthousiasme,  vie en groupe, mélange des âges, bienveillance etc… Je ne veux pas déformer la méthode à trop la résumer. Celine Alvarez a eu un très bel accueil des médias, a défaut d'avoir celui de l'administration de l'Education Nationale, et un beau succès de librairie. Signes d'une influence grandissante ? En tout cas, c'est très convaincant.

mercredi 26 octobre 2016

"LE" fameux livre


C'est drôle comme, parfois, certains lecteurs de ces lignes, quand j'exprime un raisonnement qui se veut équilibré ne retiennent que l'un des termes de l'équilibre ... je reviens donc sur "LE" fameux livre dont tout le monde parle et que, tout compte fait, je ne lirai pas : si j'ose dire " j'ai assez mal comme ça à ma République " et la plaie béante à plus besoin de baume cicatrisant que de remuer le couteau en elle.

Les auteurs du livre sont trois  : Le Président et deux journalistes et ils sont , c'est bien évident, coresponsables du livre . Quand on voit les centaines d'heures qu'ils ont passées ensemble, les dizaines d'entretiens, les dîners pris ensemble, personne ne peut croire à la fable du "Président piégé "!

Le jugement que je porte sur ces deux journalistes ( je les distingue et les différencie car je déteste les amalgames : "Les" journalistes , ça n'existe pas . Il y a des journalistes qui tirent le débat public vers le haut et que j'apprécie, et d'autres qui Le tirent vers le bas...) est sévère .

Mais celui que je porte sur le Président ne l'est pas moins , il suffit de me lire attentivement pour le comprendre .

La question qui est posée est simple : face à la dictature de la transparence , peut-on , doit-on tout dire ? Les démagogues répondent oui, et moi je crains de n'être pas démagogue . Je crois , je l'ai déjà dit souvent en ces lignes, aux vertus du silence et je crois aussi à la nécessité du secret pour défendre les intérêts supérieurs du pays .

Simplement, je ne veux pas en rajouter : si tous les parlementaires qui se font traiter d'ânes et de cretinisme dans ce livre répondent au Président sur le même ton , où ira le débat public ??

lundi 24 octobre 2016


Je suis tellement accablé, décontenancé, en colère par la parution du récent livre des dénommés Davet et Lhomme intitulé « Un président ne devrait pas dire ça » que je me garderai bien, à ce stade, de dire mon sentiment profond sur cette prestation du Président qui correspond si peu à ce qu’on attend d’un Président de LA République, en termes de principes. Je sais, je suis  vieux jeu avec mes « principes », mais j’y tiens.

Mais je veux dire un mot de la prestation de ces 2 journalistes, que je ne connais pas. Ils vont gagner beaucoup d’argent, tant mieux pour eux, tant pis pour la morale. Ils savent très bien, ils savaient depuis le début qu’ils gagneraient d’autant plus d’argent qu’ils pousseraient le Président à la faute. Alors ils l’ont poussé, poussé, poussé… et il est tombé, tombé, tombé dans le piège.

Cette dictature de la transparence est détestable et dangereuse pour la démocratie et y céder, c’est mettre en péril les équilibres de celle-ci. Se mettre à « nu » ne peut pas être un objectif en soi. Pudeur et dignité doivent être préservées !

Au théâtre du Vieux-Colombier, par la compagnie de la Comédie Française, « Vania », d’après « Oncle Vania » de Anton Tchekhov sur une mise en scène de Julie Deliquet.
Une écriture, celle de Tchekhov, encore très moderne, des acteurs de grande qualité (avec une mention particulière pour Laurent Stocker), une mise en scène chaleureuse et spontanée, « actuelle ».
Du beau, du bon théâtre.

Andreï MOLODKINE à Maubourguet


Maubourguet, village des Hautes-Pyrénées dont j’ai été maire et où j’habite toujours. Il y avait, dans ce village de 2500 habitants, au cœur du Val d’Adour, une Fonderie en ruine, la Fonderie Fabre, qui connut ses heures de gloire dans la 1ere partie du 20è siècle, relancée un temps par un jeune ingénieur venu de Grenoble, que j’avais accompagné dans sa démarche.

Qu’allait devenir cette friche industrielle en plein cœur du centre-ville ?

Il y a 2 ans, j’ai appris qu’un artiste russe s’y était installé. Curieux, je m’y suis rendu et ai fait connaissance d’Andreï MOLODKINE, artiste très « new wave », libertaire et provocateur, mal fagoté et ne parlant pas un mot de français, qui avait entrepris des travaux considérables de rénovation de l’usine, seul ou aidé d’artisans locaux l’usine, aujourd’hui, est devenue un très beau lieu d’exposition.

Dimanche dernier, il m’a invité à un « vernissage » d’une expo d’un autre artiste russe, Erik BULATOV, en petit comité car il ne veut pas que ce lieu soit ouvert au public (les contraintes administratives sont trop lourdes…). Il y avait là un critique d’art venu de Suisse, un oligarque russe amateur d’art et quelques personnalités diverses.

J’aime ce mélange : au fin-fond du monde rural de notre Sud-Ouest, une friche industrielle et un artiste russe… Vive le choc des cultures !!

jeudi 13 octobre 2016


Un livre que vous pouvez ne pas lire : " Babylone" de Yasmina Reza paru chez Flammarion. Une intrigue sans grand intérêt, des personnages sans arêtes, une ambiance médiocre, une écriture passable. Passable ? Passons...



Un spectacle que vous pouvez ne pas voir : la comédie musicale Olivia Ruiz-Galotta à Chaillot. Olivia Ruiz est une chanteuse contemporaine d'origine espagnole intelligente et cultivée. Elle livre ici un ensemble de chansons autour d'un thème d'actualité avec générosité : entre 1936 et 1938, l'immigration espagnole en France a provoqué des réactions de xénophobie  invraisemblables qui préfiguraient douloureusement ce que l'on vit en 2016. Message juste et humaniste. Pas de chance, elle s'associe à un chorégraphe qui l'accompagne avec une création ....d'une pauvreté rare. Franchement, c'est presque offensant pour la danse.

Olivia Ruiz ne méritait pas ça....

mercredi 12 octobre 2016

Lettre ouverte à mon ami Kader Arif


Cher Kader,

Cette conversation  sur la République et ses valeurs, le modèle d’intégration face au communautarisme, nous l'avons entamée tous les deux en confiance et en amitié, il y a déjà longtemps. Jusqu'ici elle était privée mais la tenir publiquement peut avoir un sens politique pour faire connaître nos idées, convergentes pour leur plus grande part, différentes – et non divergentes – sur d'autres.

Ton interview de lundi dans Libé me permet de le faire et j'en suis très heureux.

D'abord, les convergences : elles sont nombreuses, bien sûr. Comme tu as raison de te plaindre de ce « débat-débile » sur le burkini cet été, un débat qui n'a pas honoré notre démocratie !

Comme tu as raison de te plaindre des amalgames de tant de politiques, mais aussi de tant de journalistes qui mélangent tout et ne comprennent pas que la démocratie c'est de refuser les amalgames et d'apprendre à différencier !

Comme tu as raison de préciser que « tous les arabes ne sont pas musulmans et tous les musulmans ne sont pas arabes » !

Comme tu es convaincant quand tu parles de ton identité « heureuse » (je souris avec toi …) comme d'un « mélange », une «identité multiple et complexe » !

Comme tu as raison de remarquer qu'on te demande ce qu'on ne demande pas à un Breton ou à un Basque !

Comme tu as raison de citer Hugo « Souvent la foule trahit le peuple » ! Je me demande d'ailleurs si, au lieu de dénoncer le « populisme » on ne devrait pas adopter le terme de « foulisme » …

Il y a tellement d'autres points, cher Kader, où je constate, sans surprise, nos convergences : le refus du communautarisme, la République comme seule solution, les vertus de l'engagement.

Nous n'avons pas vécu, ensemble, tant d'années d'engagement commun, au plan national, et au plan régional, dans le même Parti et auprès de Lionel JOSPIN, pour qu'il en soit autrement.

Je continue à m'en réjouir.

Reste notre – petite – divergence qui concerne la laïcité. Je te trouve une excuse : la question qui t’était posée faisait allusion aux « laïcards », mot rempli de tant de péjoratif et de mépris que ça en reste renversant, mot que j’exècre puisqu’il ne vise qu’à dévaloriser  ceux qui ont de vraies convictions laïques, mot qui exprime la vacuité de la pensée de ceux qui n’en ont pas.

Mais tu dis : « Il ne faut pas réduire la laïcité à une laïcité de combat, une laïcité « revancharde ».

Le combat ? Eh, le combat, l'ancien talonneur du Castres Olympique sait ce que c'est ! Et il ne l'a pas toujours refusé !

Je me permettrai juste de te rappeler que, historiquement la conquête de la Laïcité a été un combat. Un très rude combat. Contre une religion qui dominait tout et régentait tout dans la société française, la religion catholique, et qui, avant 1905 et après 1905, n'a jamais admis cette loi, républicaine s'il en est. Tu veux que je te dise, Kader ? A bien des égards, la République a été plus violente à l’égard de la religion Catholique il y a un siècle, qu’avec l’Islam aujourd’hui.

Alors que la République laïque soit encore un combat aujourd'hui contre tous les intégrismes religieux et, en particulier, l'un d'entre eux, plus menaçant aujourd'hui que les autres, je préfère le dire et le regarder en face. Oui Kader, la laïcité est un combat. Non pas un combat contre les religions, tu as raison de le dire, mais un combat contre les intégrismes religieux qui placent les lois religieuses au-dessus de celles de la République, et c’est cela que j’aimerais te voir préciser avec moi.

Quant à la « laïcité revancharde », je te le dis tout net : je n'aime pas du tout cette expression. Car je ne vois pas comment l'affirmation de la « liberté de conscience » c'est à dire le droit de croire ou de ne pas croire, la garantie donnée au libre exercice des cultes dans la seule limite – mais elle est essentielle ! – de l'ordre public, serait une « revanche » !?

Si c'est une « revanche », c'est que ça n'est pas la laïcité !

Et c'est pourquoi je souhaite vraiment qu'on se mette d'accord sur ce point politique essentiel.

A Droite, et à l'Extrême-Droite, il y a beaucoup de responsables politiques qui n'ont rien de laïque. Rien. Ils ne parlent de « laïcité » que pour combattre une religion et une seule, l'Islam. Ça n'a rien à voir avec la laïcité, celle de Jaurès et de Briand et, donc, il faut leur récuser le droit d'utiliser ce terme. Ce ne sont pas des laïcs !

Car si on ne récuse pas ce droit  à se réclamer de la laicité, alors on accepte l’idée que la laïcité puisse être liberticide et on affaiblit le message laïque.

Mais à Gauche, et surtout à l'Extrême Gauche, il y a des gens qui se disent laïques –et qui le sont sans doute plus, ça n’est pas difficile, que bien des gens de droite-  mais pour qui la liberté n'a pas de limites. Pour eux, la laïcité c'est le « droit à la différence » sans contraintes au risque d’instaurer la différence des droits, les droits sans les devoirs, le respect de la diversité sans la recherche de l'unité. Ils ont la République et la laïcité hémiplégiques … Et ce sont eux qui, en évoquant la « revanche » font un amalgame coupable entre la Droite et l'Extrême-Droite qui, je le répète, n'ont rien à voir avec la Laïcité, et les Républicains essentiellement de Gauche, qui rappellent avec insistance que la République est un précieux équilibre entre droits et devoirs, diversité et unité.

Merci, cher Kader, de m'avoir permis de le rappeler.

Amitiés,



Jean GLAVANY

mardi 11 octobre 2016

Pour poursuivre ces réflexions sur l'Algérie d'aujourd'hui


et ne pas laisser entendre que tout va bien, là-bas, dans le meilleur des mondes, deux réflexions complémentaires :


- les diplomates étrangers qui vivent à Alger – de quelque rang qu'ils soient – et qui veulent se balader dans le pays pendant les week-ends doivent en demander l'autorisation aux autorités algériennes. Et quand ils obtiennent l'autorisation, ils doivent obligatoirement être accompagnés d'une voiture de policiers. Bonjour la liberté de circulation … Impératifs de sécurité sans doute ?


- Une femme admirable se bat courageusement, avec beaucoup d'autres bien sûr : elle s'appelle Nouria BENGHEBRIT et est Ministre de l'Education Nationale. Son mari est historien, ancien militant communiste et elle est la petite fille d'un ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris ayant abrité et sauvé des juifs pendant l'occupation. Elle prône, elle aussi, l'Islam de Cordoue, islam tolérant, islam des lumières et veut que l'Education Nationale algérienne soit fondée sur des valeurs républicaines dont, bien entendu, l'égalité hommes-femmes. Elle est devenue la « tête de turc » des islamistes qui répandent sur elle des torrents de boue sur les réseaux sociaux.

Je me rappelle les propos de l’ami BOUGHERBAL au Sénat algérien : « nous avons vaincu l’islamisme terroriste mais nous ne l’avons pas éradiqué». Elle en est la preuve flagrante…


J'aurais voulu la rencontrer pour lui témoigner mon estime, mon respect, mon admiration. Ça n'a pas été possible alors je le fais dans ces lignes. L'histoire n'est pas finie ...

lundi 10 octobre 2016

Dours est un petit village de 237 habitants, à une dizaine de kilomètres au Nord-est de Tarbes, dans l’ancien canton de Pouyastruc, nouveau canton dit « des Coteaux ».


Samedi matin, nous y inaugurions la nouvelle mairie, magnifiquement aménagée dans une ancienne ferme construite dans la dernière partie du 18e siècle en galets de l’Adour.

Il y avait beaucoup de monde et beaucoup de plaisir partagé. Dans mon intervention j’ai souligné combien, pour nous parlementaires qui passons beaucoup de samedis à inaugurer des réalisations diverses, il y a deux types de bâtiments qui nous donnent un plaisir particulier : les écoles bien sûr, parce que c’est le plus beau des investissements, l’investissement pour l’avenir, et les mairies. Pourquoi les mairies ?

Parce que c’est la maison commune, la maison du peuple, de tous les citoyens.

Parce que c’est le lieu de la démocratie locale, là où sont débattus tous les dossiers locaux qui sont élaborés au nom de l’intérêt général. Parce que c’est là qu’on vote dans nos villages. Parce que c’est la maison de la République au fronton de laquelle est affiché notre beau triptyque, où Marianne trône dans la salle du Conseil, la maison où l’on se rassemble, au-delà de toutes nos différences. La maison du commun.

Samedi matin, à Dours, dans les Hautes-Pyrénées, la République avait belle allure.

samedi 8 octobre 2016

Alger la blanche

Je poursuis mon travail sur le Maghreb par une visite aux autorités algériennes. Du point de vue des rapports à la religion et, en particulier du combat contre l'intégrisme islamiste radical, l'Algérie vit une double particularité :
- d'abord parce que, dans les années 90, après la "presque victoire "du parti islamiste, le FIS, aux élections de 91 et le coup d'état militaire, l'Algérie a vécu une "décennie noire" de véritable guerre civile d'une violence terrible et de dizaines - centaines ? - de milliers de morts qui a profondément traumatisé la population.
Même si ces années s'éloignent dans le temps, on sent encore, profondément ancré dans la population un sentiment de " plus jamais ça". Quand on pense l'Algérie, il ne faut jamais oublier ce facteur majeur. Combien de mes interlocuteurs algériens me l'auront rappelé : " le coup d'Etat d'entre les deux tours des élections de 91 était peut-être un coup d'Etat constitutionnel, mais il a sauvé la République et empêché l'instauration d'un État islamiste".
En France, beaucoup de donneurs de leçons, à Droite comme à Gauche, à Gauche surtout parce que le "scrupule démocratique" y est culturellement plus développé, mais aussi au Quai d'Orsay où l'on préfère naturellement les processus démocratiques aux coups d'état, oublient cette réalité : obsédés par l'exigence démocratique, ils ont exercé une pression très puissante pour protéger les partis islamistes, "qui avaient bien le droit de se présenter aux élections et d'exercer le pouvoir si le peuple en décidait ainsi" et, donc, condamner le coup d'état. Et l'idée selon laquelle " la France n'aurait pas été aux côtés de l'Algérie dans cette terrible épreuve" ( je me demande, d'ailleurs qui était à ses côtés...) est le fruit d'un regard porté aujourd'hui, 20 ans après, mais qui fait abstraction de ces réactions et attitudes de l'époque.
De fait, il y avait une sorte d'aveuglement devant le caractère totalitaire de ces forces religieuses que la suite de l'histoire a pu permettre de faire évoluer. Je dis cela parce que le coup d'Etat de 91 éclaire une grande partie d'autres événements ultérieurs dans le monde arabo-musulman, et en particulier le coup de force de Sissi en Egypte après la démonstration totalitaire des frères musulmans au pouvoir, ou, plus remarquable, la mobilisation et la réussite du quartet tunisien face au totalitarisme d'Ennahda.
- ensuite parce que l'Etat algérien a "fonctionnariséé" l'Islam puisque les imams sont recrutés, formés et payés par l'Etat. J'ai été marqué par mon entretien avec le Ministre des cultes, un homme sage et modéré, m'expliquant dans son bureau : "l'Algérie compte 17.000 mosquées environ avec une moyenne de 1000 croyants par mosquée ; quand les imams de ce Ministère s'exprime dans le sens que nous voulons, celui d'un islam de Cordoue, ouvert et tolérant, nous touchons 17 millions de citoyens et ça a une certaine influence... ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de trace de radicalisme dans le pays mais disons que nous nous sommes donnés les moyens de maîtriser les choses et, notamment, d'être renseignés rapidement sur ces phénomènes." C'est cette capacité qui a d'ailleurs amené notre remarquable Ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à signer un accord de coopération avec le gouvernement algérien, pour bénéficier de ces compétences, notamment pour la formation des imams algériens en France.
Je retrouve à Alger ce cher Rachid BOUGHERBAL, que je connais depuis longtemps pour l'avoir croisé dans différentes instances politiques internationales, et qui est désormais Président de la Commission des Affaires Étrangères du Conseil de la Nation, le Sénat algérien. L'homme a 74 ans et est professeur de cardiologie. C'est un humaniste comme il y en a peu, doté d' un beau charisme et d'une élocution riche et libre. Il me parle avec sa franchise habituelle : "Nous avons contenu le terrorisme mais il n'est pas éradiqué et nous devons rester vigilants. En particulier, nous devons faire face à la matrice du terrorisme qu'est la radicalisation des jeunes". Et l'on comprend que, sur l'une ou l'autre berge de la Méditerranée, cette question de la radicalisation des jeunes reste un problème autant qu'une énigme. Je repense au Ministre des cultes qui me disait quelques heures plus tard "Mais qui a dit, chez vous, que ça n'était pas l'islam qui se radicalisait mais la radicalité qui s'islamisait ?". Je lui réponds "C'est Olivier Roy. Et l'on peut prolonger sa pensée en précisant que c'est la radicalité qui se franchise - au sens presque commercial du terme - en s'islamisant."
Le sage Bougherbal poursuit : " Islam et radicalité ne sont pas synonymes. L'islam peut être radical mais l'Islam doit être tolérant comme les autres religions monothéistes".
Je résiste à la tentation de lui rappeler l'histoire des guerres de religions qui n'a pas prouvé, spontanément, cette nature tolérante mais... "L'Islam du Maghreb, poursuit-il, c'est l'Islam de Cordoue, celui de l'Andalousie, l'Islam des lumières, pas l'islam salafiste et encore moins wahabite. Ca n'est pas non plus un islam modéré, car ça n'existe pas. C'est un islam de séparation des églises et de l'état, comme à Cordoue". Là encore, je résiste à la tentation de lui rappeler à quel point l'islam algérien est étatisé ....
Mais dans notre long dialogue qui a suivi, je suis frappé de voir à quel point cet homme sage est à la fois lucide est inquiet, "J'ai peur" me dit-il. "J'ai peur du retour des combattants de Syrie. Ici, en Algérie, nous avons vécu l'expérience du retour des "afghans" et nous en avons un très mauvais souvenir".... où l'on comprend mieux que les victoires sur l'Etat islamique qui se dessinent en Syrie, en Irak ou en Libye, ne sonneront pas la fin de l'histoire : celle-ci nous enseigne les dangers portés par ces retours des combattants. Là encore, la leçon algérienne peut profiter à la France.

jeudi 6 octobre 2016

Danse à Garnier pour un programme de rentrée moderne et d'outre-Atlantique.


Commençons par le hors d’œuvre, un ballet de Tina Seghal sans  grand intérêt, si ce n'est d'introduire et de mettre en condition. Mais on n'en retiendra rien. Et profitons pour dire un mot du dernier " ballet" (je mets les guillemets à dessein) signé je crois de Justin Peck et intitulé In creases, où toute chorégraphie est proscrite, qui commence par un "son et lumière" de la salle plutôt amusant et se termine par des danseurs qui se mêlent au public dans la salle puis, à l'extérieur pour les raccompagner en chantant... C'est sympa, un peu soixante-huitard attardé mais bien peu créatif.



Reste les deux ballets qui compteront et marqueront :

- Black Works I de William Forsythe, sur une musique chantée et de très belles voix de blues américain, où les danseurs sont dans une harmonie en clair-obscur, ambiance cool. Assez réussi.

-Et surtout la création de Crystal Pite, une chorégraphe canadienne dont je crois qu'elle a longtemps travaillé avec Forsythe et qui livre là un très beau ballet sur une musique de Max Richter, qui revisite l'œuvre de Vivaldi - et note les quatre saisons -.  Il y a beaucoup de danseurs sur la scène, plus d'une cinquantaine, et le ballet commence par un très beau tableau où ils sont tous regroupés dans une immense mêlée agitée de convulsions et de soubresauts collectifs. C'est très bien fait. Quelques étoiles, dont Marie-Agnès Gillot, Alice Renavand ou Ludmila Pagliero, brillent au-dessus de cette chorégraphie d'ensemble très réussie, harmonieuse et émouvante.

On n'avait jamais vu cette chorégraphe à Paris et c'est bien dommage. Mieux vaut tard que jamais.


vendredi 30 septembre 2016

Vu « Dom Juan » de Molière


Vu « Dom Juan » de Molière dans une mise en scène de Jean François Sivadier au théâtre de l’Odeon avec, notamment, Nicolas Bouchaud dans le rôle de Don Juan et Vincent Guédon dans celui de Sganarelle.

          On ne dira rien du personnage de Dom Juan, on dira même du « mythe » de Dom Juan, si ce n’est qu’il est toujours d’une brûlante actualité, le texte, si j’ose dire, en faisant foi.

          Mais on peut en dire beaucoup sur cette mise en scène de Sivadier qui est incroyablement moderne, originale et…bousculante.

          Imaginez, par exemple, qu’il arrive à glisser dans la pièce là  un texte du Marquis de Sade, « Français encore un effort si vous voulez être républicains » (toujours l’actualité brûlante…), ici une chanson de Marvin Gaye, « Sexual Healing », là encore ces fameuses « passantes » de Brassens.

          Le décor est à l’image, moderne, bougeant, s’effondrant, se reconstruisant…

          Le tout, parfois un peu long donne une jolie pièce de théâtre.

mercredi 28 septembre 2016

Le radicalisme djihadiste


Sur le radicalisme djihadiste, je cherche à comprendre. C’est le devoir de tout républicain, et j’oserai ajouter « de tout républicain laïque », épris de raison et de rationalité que de toujours refuser le règne de l’immédiateté et de l’émotion et du spectaculaire pour chercher à comprendre.

Je lis avec intérêt Bernard Rougier dans « le Point ». Il est, Professeur de civilisation et sociétés du monde arabe contemporain à Paris III-Sorbonne nouvelle, auteur notamment de « Qu’est ce que le salafisme ? » PUF.

Et que dit-il ? Il dit : « comment expliquer que l’un des plus brillants cadres de Daech soit l’Albigeois Thomas Barnoin, dit Abou Omar al-Madani, ex-diplômé de l’université de Médine, aujourd’hui juge à Raqqa et l’un des prêcheurs les plus écoutés d’Internet ? C’est un fils d’enseignants d’Albi, pas un gamin de banlieue ; il est éduqué et est même devenu un érudit de l’Islam. Qu’est- ce qui l’a amené chez Daech ? Le malaise social français ? C’est trop court ». Intéressant, très intéressant même quand on voit les discours de certains (pas tous !) sociologues, qui « expliquent » le djihadisme par la situation de nos banlieues. Et Thomas Barnoin n’est pas le seul exemple, loin de là.

Il dit aussi : « la plupart des chercheurs qui s’intéressent au monde musulman sont obsédés par le regard de l’Occident sur ses anciennes colonies ou protectorats. La mode est à la déconstruction du discours occidental et à la culpabilisation ».

Intéressant. Très intéressant même quand on voit les discours de certains experts en géopolitique qui « expliquent » le djihadisme par la revanche des peuples colonisés hier.

Ce sont des réflexions qui nourrissent la mienne. Utilement. Car bien penser les liens entre la République et l’Islam nécessite, j’y insiste, d’avoir les yeux ouverts et de faire fonctionner sa raison plus que ses émotions.


lundi 26 septembre 2016

Vu « Juste la fin du monde »

Vu « Juste la fin du monde » de Xavier DOLAN avec Nathalie BAYE, Marion COTILLARD, Léa SEYDOUX, Vincent CASSEL et Gaspard ULLIEL, adaptation de la pièce de théâtre de Jean-Luc LAGARCE.
Xavier DOLAN, réalisateur, scénariste, acteur et producteur canadien est jeune, très jeune puisqu'il a 27 ans à peine.
Et, depuis son premier film à l'âge de 20 ans, il propose un film quasiment tous les ans, films tous sélectionnés dans les grands festivals internationaux. Un jeune prodige dit-on. Mais un jeune prodige déçu de ne pas avoir décroché la palme avec ce film à Cannes au printemps dernier. Mais les vrais connaisseurs disent que « Mommy » son film d'il y a quelques années était bien au-dessus de celui-là.
Pourtant, il n'a rien négligé sur la distribution !
Et il sait y faire pour valoriser chacun de ses acteurs, un peu comme les « solos » permettent de mettre en valeur chacun des musiciens d'un orchestre de jazz.
Un fils-écrivain, parti de chez lui depuis 12 ans, revient dans sa famille pour, théoriquement, leur annoncer sa mort prochaine.
Mais parce que les autres, sa mère, son frère et sa femme, sa sœur, sont dans l'affirmation exacerbée de leurs personnalités, mais aussi parce qu'il est silencieux, introverti et subjugué, paralysé par ces déluges de parole, il ne dit rien.
Le jeu des acteurs est sublime. Mais trop sublime. Il écrase le film, il étouffe le scénario. Et c'est sans doute pourquoi ce film est grave, lourd, très bien fait, mais pas convaincant.