vendredi 3 novembre 2023

SE TAIRE C’EST DÉJÀ RENONCER

 Pourquoi s’exprimer sur des sujets si brûlants quand les médias écrits ou parlés, télévisions en tous genres ou réseaux asociaux nous soûlent de mots et d’avis en tous genres sur cette actualité si douloureuse ? Oui, pourquoi dire son mot au risque de tomber dans je ne sais quel excès de vanité ?

J’y ai beaucoup réfléchi ces jours derniers après les tragédies d’Israël et d’Arras en me demandant si j’avais vraiment une pierre utile à apporter au débat public.

Et je suis arrivé à une conclusion pour moi incontournable : se taire c’est déjà renoncer.

Alors disons les choses comme on les ressent avec l’ardente obligation d’employer les mots justes, de bien nommer les choses comme le disait Camus, pour ne pas ajouter au malheur du monde.

D’abord, pourquoi parler des « tragédies d’Israël et d’Arras » dans un même mouvement quand ondécompte déjà des milliers de morts là-bas pour un seul à Arras (en espérant que ce décompte morbide s’arrête là dans le Pas-de-Calais) ?

Eh bien parce qu’il s’agit de terrorisme et du même terrorisme.

J’appelle terrorisme l’acte de barbarie qui fait usage, à des fins politiques, de la violence aveugle à l’égard de victimes innocentes de toute responsabilité dans la cause combattue. C’est en cela que le terrorisme se distingue de l’acte de guerre où s’affrontent des forces mandatées par des forces politiques sur des champs de bataille. Mais quand on viole, qu’on assassine ou que l’on prend en otages des femmes, desenfants, des vieillards, des infirmes ou quand on assassine un enseignant juste coupable d’être enseignant, c’est du terrorisme et rien d’autre.

Et dans le désert israélien comme à Arras où, il y a trois ans, à Conflans-Saint—Honorine, ce terrorisme a un nom : c’est l’islam radical.

Ne voit-on pas ce parallèle tragique entre la tragédie du Bataclan il y a huit ans et celle du festival Tribe ofNova dans le désert proche de Gaza ? Les mêmes jeunes réunis pour écouter la musique et faire la fête impitoyablement massacrés…

Mais ce n’est pas tout, il est un deuxième point commun : à Arras comme à la frontière de Gaza, les assassins terroristes, là le Hamas, ici un jeune homme né en Russie non seulement ne sont pas représentatifs de ceux qu’ils croient servir mais, au fond, sont les pires serviteurs de leur cause : ici les musulmans de France, là les Palestiniens. Ceux-là comme ceux-ci sont trahis par un terrorisme qui dessert leur cause : les musulmans de France, déjà victimes de bien des discriminations et de ce que l’on nomme « le racisme ordinaire » qui se voient une fois de plus suspectés de je ne sais quelle connivence, le peuple palestinien victime de la quadruple peine: : droits bafoués dans les territoires occupés, agression de la colonisation rampante, trahison du Hamas et, bientôt, la vengeance d’Israël qu’on espère sans y croirevraiment qu’elle ne sera pas aveugle.

Troisième point commun : le devoir des hommes et des femmes de responsabilité et de sagesse est, dans l’un et l’autre cas, de garder raison : la fermeté et la détermination face à la barbarie doivent être totales.Mais pour être efficaces, elles doivent se garder des amalgames ravageurs. Là -bas, tous les palestiniensne sont pas des terroristes, ici, les citoyens français ou les immigrés de confession musulmane non plus.

Et, dernier point commun : il n’y a pas d’autre issue pour cette guerre impitoyable qui est livrée à nosdémocraties que la paix. Et j’ose préciser : la paix laïque. Oui la paix laïque qui nous permet et nouspermettra de vivre ensemble avec nos différences, toutes nos différences, dans le respect profond de ces différences mais …sans jamais qu’une seule de ces différences ne cherche à s’imposer aux autres. A fortiori par la violence. La paix laïque qui est seule capable de protéger et défendre la plus belle et la plus intime de nos libertés : la liberté de conscience.

Et soyons clairs : ici comme là-bas, les ennemis de la paix laïque sont, comme toujours les extrêmes qui, dans un sinistre bal complice, s’auto-alimentent sur le dos de la paix. Là -bas, les partis religieuxd’extrême-droite israéliens sont, de facto, les meilleurs alliés du Hamas. D’ailleurs, n’oublions jamais que celui qui a assassiné Rabin, homme de paix, n’était pas un palestinien mais bien un militant nationaliste et intégriste religieux israélien. Ici, les extrêmes politiques font de même et sont toujours complices sur le dos de la République laïque : les uns pour refuser de qualifier le terrorisme quand il frappe par souci électoraliste, les autres pour se livrer aux pires

amalgames racistes au nom de je ne sais suprémacisme blanc ou par connivence avec l’intégrisme catholique, les uns et les autres honteusement réunis pour flirter dangereusement avec l’antisémitisme.

Oui, il ne faut pas se taire face à l’ignominie. Il faut nommer les choses.

Oui, il faut avoir la sagesse de préparer la paix laïque.

Celle qui, plus que jamais, doit protéger notre école publique, laïque et républicaine de toutes les menaces obscurantistes qui veulent empêcher nos enseignants d’apprendre à nos enfants de penser par eux-mêmes.

Celle qui permettra à deux peuples de vivre en paix et en sécurité en disposant de deux états et de leur dignité respectée. C’est toujours à l’ordre du jour et c’est la seule issue.


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