Lu " La route étroite vers le nord lointain" de
Richard Flanagan, paru chez Actes sud et traduit de l'australien par France
Camus-Pichon".
Les arlésiens
de Francoise Nyssen et des éditions Actes Sud ont encore fait une très
bonne pioche : ce roman est puissant, violent et humain. Violent à en être
parfois presqu'insupportable, humain à en être parfois d'une tendresse presqu'à
l'eau de rose. Quel beau livre, à lire absolument !
Le cœur de l'intrigue est un volet méconnu de la
seconde guerre mondiale : des
prisonniers de guerre australiens, aux mains des japonais, sont affectés à la
construction d'une ligne de chemins de fer entre le Siam ( on dira la Thaïlande
actuelle) et la Birmanie, véritable lubie de l'empereur . Les conditions de vie
et de travail dans ce camp en pleine jungle sont insupportables de violence de
la part des gardiens, véritables tortionnaires, et d'insalubrité : du choléra
au tiphus en passant par toutes les maladies infectieuses possible,des plaies
infectées et des gangrénes, les
prisonniers tombent comme des mouches et les morts sont nombreuses. Les
descriptions de ces violences et de cette déchéance physique collective sont
parmi les moments les plus durs et poignants du livre. Le " héros" de
l'histoire est un médecin, chirurgien , devenu colonel du régiment après la
mort de son chef , respecté et aime de ses hommes pour son humanité . Il soigne
ses comparses comme il peut, il opère avec rien, une cuillère, il ampute...
Et puis, il y
a le " autour" de cette aventure humaine incroyable , le
"avant" du héros , celui d'une
histoire amoureuse passionnelle, et son
" après" d'une vie familiale et conjugale peu épanouissante, et le
" après" des anciens gardiens ou prisonniers qui, de part et d'autre, sont confrontés aux
traumatismes de l'après-guerre . Partie du livre sans doute la moins
convaincante.
Mais c'est un très beau livre, vraiment.
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