Le
conseil d'Etat a donc décidé d'annuler les arrêtés municipaux
interdisant le " burkini " sur les plages de certaines
communes de la côte d'Azur et de Corse. Franchement, pour tous ceux
qui regardent ces sujets de près depuis longtemps, c'est tout sauf
une surprise, tant dans notre pays, la liberté est la règle
générale, tandis que le " trouble a l'ordre public" n'est
pas si facile à démontrer.
Faut-il, dans ces conditions, prévoir une loi pour interdire ces tenues ? Je n'y suis pas favorable pour des tas de raisons :
La première, je l'évoque sous forme de question : franchement, on n'a rien d'autre à foutre ? La société française n'a pas des problèmes plus importants à résoudre ? Va-t-on encore se ridiculiser aux yeux du monde en légiférant de la sorte ?
La seconde c'est que, comme parlementaire, il y a longtemps que j'en ai marre de ces "lois de circonstances" , qui comme le rappelait Montesquieu, affaiblissent les lois indispensables. Je sais bien que la droite et surtout Sarkozy nous ont habitués à "pondre " de nouvelles lois pour tous les nouveaux faits divers, mais franchement, si on se déshabituait ?
Enfin, j'invite les intrépides à bien lire les attendus du Conseil d'Etat : à tant évoquer les « libertés fondamentales", il indique à mi-mots qu'une telle loi risquerait bien d'être anticonstitutionnelle...pour clore cette poussée d'adrénaline dont on se serait bien passé, il ne manquerait plus que ça dans le pitoyable : voter une loi et la voir censurée !
Cette « affaire » est navrante à bien des égards :
Faut-il, dans ces conditions, prévoir une loi pour interdire ces tenues ? Je n'y suis pas favorable pour des tas de raisons :
La première, je l'évoque sous forme de question : franchement, on n'a rien d'autre à foutre ? La société française n'a pas des problèmes plus importants à résoudre ? Va-t-on encore se ridiculiser aux yeux du monde en légiférant de la sorte ?
La seconde c'est que, comme parlementaire, il y a longtemps que j'en ai marre de ces "lois de circonstances" , qui comme le rappelait Montesquieu, affaiblissent les lois indispensables. Je sais bien que la droite et surtout Sarkozy nous ont habitués à "pondre " de nouvelles lois pour tous les nouveaux faits divers, mais franchement, si on se déshabituait ?
Enfin, j'invite les intrépides à bien lire les attendus du Conseil d'Etat : à tant évoquer les « libertés fondamentales", il indique à mi-mots qu'une telle loi risquerait bien d'être anticonstitutionnelle...pour clore cette poussée d'adrénaline dont on se serait bien passé, il ne manquerait plus que ça dans le pitoyable : voter une loi et la voir censurée !
Cette « affaire » est navrante à bien des égards :
-
D'abord pour ce qu'elle révèle de l'infantilisation réductrice du
débat public en France, sous la pression des médias d'information
24h sur 24 et des réseaux sociaux. Leur question idiote : « le
burkini, pour ou contre ? »
-
« Permettez ! C'est plus compliqué » ... « Répondez
à ma question !! » …
-
« Permettez !! Il faut faire appel à la raison, à la
réflexion, pas à la réaction et à l'émotion »
-... « Vous
fuyez le débat » …
-
« NON, je n'y réponds pas comme vous. »
-
Car nous sommes face à une question de droit mais aussi à une
question politique.
Le
droit français est fondé sur des valeurs et c'est ce qui fait sa
force. Mais ça le rend complexe et c'est pourquoi il faut faire
appel à la raison pour l'expliquer :
-
exemples : comment interdire le port d'un burkini sur la plage
si on n'interdit pas aussi le port d'une combinaison de plongée
(avec ou sans cagoule ..) ? Impossible, réfléchissez.
A
l'inverse, s'il est impossible d'interdire les burkinis sur les
plages, c'est très facile de le faire pour les piscines pour des
raisons sanitaires. Comme gestionnaire de piscine, j'ai il y a
longtemps interdit les shorts ou imposé les bonnets de bain.
Contradictoire ? NON, car fondé. Réfléchissez.
Le
Droit est complexe et on nous dit « oui ou non » !
Enfin,
reste la question politique et je ne veux pas la fuir, quitte à
provoquer l'ire d'une partie de la gauche qui croit que la République
ce ne sont que des droits et jamais des devoirs et qui hurle trop
vite sa satisfaction devant la décision du Conseil d'Etat ou son
agressivité malvenue à l'égard de Valls qui a le courage de la
poser. La question politique est la suivante : sur ces plages,
essentiellement méditerranéennes, où sont apparus les burkinis,
n'avez-vous pas été frappés, une fois de plus, par l'inégalité
hommes-femmes qu'ils révélaient ? Aux hommes, les muscles, la
virilité, le bronzage et les tatouages, aux femmes la « pudeur »
nous dit-on. Et même si l'on veut bien admettre que cette servitude
fût volontaire, librement consentie, il n'empêche : cette
inégalité hommes-femmes est contraire au principe d'égalité qui
fonde la République. On le voit : je ne parle pas de laïcité,
je parle d'égalité.
Et
cette question politique-là, il faudra bien y répondre.
Je
continue de penser que c'est d'abord à l'Islam de France d'y
répondre. Bernard Cazeneuve essaie courageusement de l'y aider.
Puisse la Fondation présidée par Jean-Pierre Chevènement y
contribuer.
En
tout cas, personne n'empêchera certains d'entre nous de continuer à
la poser.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire