J’ai déjà dit pourquoi j’étais délibérément opposé à ce projet profondément injuste, fruit du compromis édifiant entre le pouvoir et sa droite. Quoiqu’en dise ce pauvre Dussopt qui n’en finit pas de son auto-justification de ses reniements, négocier avec Ciotti plutôt qu’avec les syndicats, cela signe une réforme.
Mais ce qui me reste ce soir des échanges avec les manifestants que j’ai côtoyés, ce sont deux choses, révélatrices spectaculaires de la profonde méconnaissance de la société de la part d’un pouvoir enfermé dans sa bulle de certitudes. Ce sont deux sous-estimations majeures:
- celle de l’état d’angoisse économique et sociale des couches sociales les plus défavorisées. Celles-ci, aujourd’hui, ont une angoisse majeure: tout simplement celle du pouvoir d’achat, de la confrontation à l’inflation, de l’interrogation poignante du « comment finir le mois ». D’où l’allongement considérable des files d’attente devant les restos du cœur et les banques alimentaires. Et c’est le moment que choisit le gouvernement pour dire à ces couches sociales, aux pauvres, qu’il va falloir « faire un effort supplémentaire» ! Invraisemblable.
- celle d’un bouleversement sociologique à l’égard du travail: la pandémie, les confinements, l’apparition et le développement du télétravail, les expériences de semaines de quatre jours démontrent que le « travailler plus pour gagner plus » cher à un ancien président, n’est plus du tout à l’ordre du jour des préoccupations des actifs. Il est en train de se passer des choses très profondes dans la société à l’égard du travail, avec des aspirations croissantes pour le MIEUX plutôt que pour le PLUS. Et c’est le moment que choisit le gouvernement pour dire « circulez, y’a rien à voir, il faudra travailler deux ans de plus »! Invraisemblable.
Le débat n’est pas clos sur la réforme. Et encore moins sur ces sujets de fond.
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