voyage…Et une sacrée histoire que celle de son auteur, Goliarda Sapienza, sicilienne et fille de deux militants et responsables du parti socialiste italien - du temps de Gramsci - , actrice et écrivaine, qui mit une dizaine d’années à l’écrire ( de 1967 à 1976), sacrifiant tout pour l’œuvre de sa vie, jusqu’à vendre ses meubles et même voler des bijoux et connaître la prison, sans connaître le bonheur de voir ce roman publié de son vivant, les éditeurs considérant qu’il est par trop féministe, libertin, anarchiste que sais-je….Elle meurt en 1996 à 72 ans et son livre ne fut publié qu’en 1998, à compte d’auteur par son mari Angelo Pellegrino, passant inaperçu en Italie.( On découvrit alors que de 1976 et la fin de l’écriture de ce roman et sa mort, pendant vingt ans donc, elle écrivit un journal intime, « carnets », considéré comme sa deuxième grande œuvre) . C’est en Allemagne et en France que «L’art de la joie » connut ses premiers succès en 2005 avant d’être traduit et publié dans le monde entier, devenir un best-seller et…connaître enfin le même sort en Italie.
Ce roman raconte la vie de Modesta, sicilienne comme l’auteure mais née en 1900 soit 24 ans avant elle. Il n’est pas strictement autobiographique mais il s’en rapproche tant, tout du moins à partir de l’adolescence, que la confusion n’a rien d’abusif. Modesta est la fille d’une famille pauvre, très pauvre du centre de la Sicile, tellement pauvre que la charité chrétienne l’accueille dans un couvent où elle noue une relation personnelle intense avec la supérieure. A la mort de celle-ci, Modesta hérite d’une belle propriété qu’elle va rejoindre rompant avec la vie cloîtrée du couvent. Alors va commencer une vie de liberté absolue, une valeur qui va marquer la vie entière de Modesta.
Elle va connaître l’amour, celui des hommes comme celui des femmes, à de nombreuses reprises, avec passion mais sans désespoir, comme une femme forte qui maîtrise son destin. L’amour sans jouissance et la jouissance sans amour. L’amour maternel avec plusieurs enfants, les siens ou ceux de ses proches, et ses petits-enfants, cette grande famille vivant avec elle, autour d’elle et étant rythmée par les départs, les absences, les retours, les querelles, les réconciliations. La terrible difficulté d’être mère, protectrice et tendre autant que distante et respectueuse de la liberté des siens, heureuse de la tendresse, malheureuse de la distance.
Elle va connaître la montée du fascisme de Mussolini dans l’entre-deux guerres et résister avec sa famille imprégnée du socialisme de Gramsci, de communisme et même d’anarchisme.
Elle va connaître la guerre, les soldats allemands en Sicile, l’emprisonnement pendant plusieurs années.
Enfin, elle va connaitre l’apaisement comme libraire à Catane et avec un vieux compagnon.
L’art de la joie ou cette plénitude que donne l’excitation vitale de défier le temps et de le vivre aussi intensément que possible avant que vienne l’heure de la dernière aventure…..
Un très beau livre vous l’aurez compris.
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