Le
neuropsychiatre et écrivain, sage et pondéré, revient sur sa «condamnation à mort » à l’âge de 7 ans quand, arrêté par la
gestapo à Bordeaux - alors que ses parents étaient sans doute déjà
morts en déportation- il s’était sauvé lui-même en se jetant
sous le corps d’une femme blessée et quasi-morte dans une
ambulance. Et, à partir de cet évènement ô combien marquant,
l’auteur pendant toute sa vie, a cherché à comprendre pourquoi
une telle idéologie a pu prospérer. Et dans cette quête, Boris
Cyrulnik se place délibérément dans le camp du « laboureur » qui
cherche à comprendre et à penser par lui-même plutôt que de celui
des « mangeurs de vent » qui par paresse, se conforment au discours
ambiant, au « prêt-à-penser », quitte à s’engager sur la voie
de l’embrigadement jusqu’à l’aveuglement. Il se place du côté
de la liberté intérieure contre la servitude confortable.
Or
la servitude engourdit la pensée: quand on hurle avec les loups, on
finit par se sentir loup…tandis que la liberté intérieur isole du
groupe et il faut une bonne dose de confiance en soi pour tenter
l’aventure - car c’en est une- de l’autonomie.
Boris
Cyrulnik se place délibérément du côté d’ Hannah Arendt,
quitte à évoquer la banalité du mal. Mais l’angoisse est le prix
de la liberté.
Un
livre plein de profondeur et de sagesse, pour continuer à apprendre
à penser par soi-même, une quête jamais achevée.
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