mardi 3 novembre 2020

Lu « Enjeux de guerre » des Colonels Pierre-Joseph Givre et Nicolas Le Nen, paru aux éditions Economica en 2012 ( depuis, les deux auteurs sont devenus généraux) avec une préface d’Hubert Védrine.

J’ai connu Nicolas Le Nen lors d’une mission parlementaire en Afghanistan au moment de la participation française à la force multinationale engagée sur place après les attentats de 2001 à New-York. C’était un peu après l’embuscade meurtrière de la Kapisa et il y commandait une base fortifiée, la FOB TORA, à la tête d’un régiment de chasseurs alpins. Ambiance de guerre sur un théâtre avancé, mission passionnante. 

J’avais été impressionné et séduit par les raisonnements et les propos de ce jeune colonel, beau prototype d’officier républicain, et nous ne sommes pas perdus de vue, nouant même une vraie amitié. J’ai voulu relire ce livre à l’aune de la situation très particulière que traverse notre pays. Car, après tout, nous sommes en guerre. Une guerre sur deux fronts. Une double guerre : contre le virus et contre le terrorisme de l’islamisme radical. Ce qui, on en conviendra, a quelque chose d’exceptionnel et crée une ambiance dans le pays d’une grande gravité, où les sentiments se mêlent dans l’opinion, à la fois responsable mais aussi accablée et parfois en colère.
D’entrée de jeu, je veux préciser que par éducation d’une part - mon père fut un héros de la deuxième guerre mondiale et fut ensuite un général d’aviation-, mais aussi par culture républicaine, quand nos soldats sont au front. - j’entends ici par «soldats » tant nos personnels soignants si dévoués et courageux que toutes nos force de l’ordre mobilisées contre le terrorisme -, je ne conteste pas ceux qui les commandent, je ne discute pas la pertinence de la stratégie. Il sera temps après.
Mais cela ne m’empêche nullement d’y réfléchir, et ce livre y aide. 
Il traite de l’art de faire la guerre autour de beaucoup de références historiques et évoque les révolutions stratégiques du temps présent, où l’on n‘affronte plus l’ennemi puissant, organisé et délimité,  sur un « théâtre » défini mais où l’ennemi est masqué, caché, et le théâtre diffus....
Je pense en particulier à l’importance de ce que les auteurs appellent «  La trinité », c’est-à-dire le triangle Pouvoir politique-Armée-Population, que Jaurès appelait, lui, «le lien armée-Nation ». Cette impérieuse nécessité d’associer le peuple à l’effort de guerre. Ne le laisser ni dans l’ignorance ni dans l’indifférence. Le mobiliser, lui expliquer, faire la pédagogie de la guerre. En l’occurrence les deux guerres, contre le virus et contre le terrorisme. La leçon vaut plus que jamais. J’imagine, j’espère que nos dirigeants en sont convaincus....


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