J’ai connu Nicolas Le Nen lors d’une mission parlementaire en Afghanistan au moment de la participation française à la force multinationale engagée sur place après les attentats de 2001 à New-York. C’était un peu après l’embuscade meurtrière de la Kapisa et il y commandait une base fortifiée, la FOB TORA, à la tête d’un régiment de chasseurs alpins. Ambiance de guerre sur un théâtre avancé, mission passionnante.
J’avais été impressionné
et séduit par les raisonnements et les propos de ce jeune colonel,
beau prototype d’officier républicain, et nous ne sommes pas
perdus de vue, nouant même une vraie amitié. J’ai voulu relire ce
livre à l’aune de la situation très particulière que traverse
notre pays. Car, après tout, nous sommes en guerre. Une guerre sur
deux fronts. Une double guerre : contre le virus et contre le
terrorisme de l’islamisme radical. Ce qui, on en conviendra, a
quelque chose d’exceptionnel et crée une ambiance dans le pays
d’une grande gravité, où les sentiments se mêlent dans
l’opinion, à la fois responsable mais aussi accablée et parfois
en colère.
D’entrée
de jeu, je veux préciser que par éducation d’une part - mon père
fut un héros de la deuxième guerre mondiale et fut ensuite un
général d’aviation-, mais aussi par culture républicaine, quand
nos soldats sont au front. - j’entends ici par «soldats » tant
nos personnels soignants si dévoués et courageux que toutes nos
force de l’ordre mobilisées contre le terrorisme -, je ne conteste
pas ceux qui les commandent, je ne discute pas la pertinence de
la stratégie. Il sera temps après.
Mais
cela ne m’empêche nullement d’y réfléchir, et ce livre y
aide.
Il
traite de l’art de faire la guerre autour de beaucoup de références
historiques et évoque les révolutions stratégiques du temps
présent, où l’on n‘affronte plus l’ennemi puissant, organisé
et délimité, sur un « théâtre » défini mais où l’ennemi
est masqué, caché, et le théâtre diffus....
Je
pense en particulier à l’importance de ce que les auteurs
appellent « La trinité », c’est-à-dire le triangle
Pouvoir politique-Armée-Population, que Jaurès appelait, lui, «le
lien armée-Nation ». Cette impérieuse nécessité d’associer le
peuple à l’effort de guerre. Ne le laisser ni dans l’ignorance
ni dans l’indifférence. Le mobiliser, lui expliquer, faire la
pédagogie de la guerre. En l’occurrence les deux guerres, contre
le virus et contre le terrorisme. La leçon vaut plus que jamais.
J’imagine, j’espère que nos dirigeants en sont convaincus....
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