Lu « Le fil sans fin » de Paolo Rumiz paru chez Arthaud.
Un ami commun, franco-italien ou italo-français je ne sais plus, un amoureux érudit
de nos deux pays en tout cas, m’a offert ce livre dédicacé par l’auteur qui fut longtemps un journaliste très en vue de La Republica et un écrivain-voyageur prolixe.
Le propos de ce livre est d’une ambition plus que louable : donner à la jeunesse européenne des raisons d’adhérer au projet européen et, mieux encore, de retrouver l’enthousiasme des pères fondateurs de l’Union Européenne. On souscrit sans réserve au projet. Seulement voilà….pour ce faire, l’auteur emprunte un chemin étonnant et, à bien des égards, décontenançant : il voyage à travers l’Europe de monastère en monastère, de couvent en couvent, de cathédrale en cathédrale, sur les traces de Benoit de Nursie, le saint patron de l’Europe ou, pour être plus précis, le fondateur du premier ordre monastique européen: les bénédictins. Soit. Cela donne un ouvrage qui, en matière de culture religieuse, est d’une érudition remarquable. Mais quid de l’objectif que s’était fixé l’auteur ? On comprend bien son projet : pour réenchanter l’Europe il faut revenir à ses valeurs essentielles. Et c’est là que nos divergences apparaissent : non seulement je ne crois pas que la méthode puisse être efficace mais, à bien des égards, je la pense contre-productive. Cela nous ramène au sempiternel débat sur les racines chrétiennes de l’Europe qui sont incontestables quoiqu’en disent les ignares. Le long chapelet des églises de nos villages de France n’en est-il pas un témoignage suffisant ? Mais ce constat du passé lointain vaut-il feuille de route pour le présent et pour l’avenir ? Évidemment non et c’est pourquoi vouloir constitutionnaliser ces valeurs chrétiennes était plus qu’une erreur, une faute. Pas seulement car d’autres religions sont apparues en Europe ces derniers siècles, ces dernières décennies plus encore, mais surtout car le projet européen s’est développé dans le cadre d’un vaste, lent mais inexorable mouvement de sécularisation, de séparation des pouvoirs politiques et religieux. Et si être fidèle au passé est une des conditions de la liberté véritable, tout retour en arrière ne peut être que vain: une immense majorité des jeunes européens sont athées, agnostiques ou, tout simplement, ne se posent pas la question de la religion comme majeure pour leur existence. Je ne crois donc pas que ce puisse être par ce biais qu’on les fera adhérer au projet européen.
Par quel chemin alors me direz-vous à juste titre ?
C’est plus qu’un ouvrage qu’il faudrait pour répondre mais mon intuition est que l’éducation doit être l’axe majeur de cette réponse .
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