une
fois l’émotion, la tristesse et la colère exprimées, doit
imposer la nécessaire réflexion sur le fond c’est-à-dire la
gestion de la frontière Franco-britannique. Et de ce point de vue,
je veux dire une conviction profonde qui est la mienne depuis près
de 20 ans et dont je m’étonne un peu plus chaque jour qu’elle ne
soit pas évoquée et prise en compte.
On
sait que la gestion de ce problème ( l’afflux de migrants à la
frontière franco-britannique de la Manche) est régie par les
accords du Touquet signés en 2003 par un ministre de l’Intérieur
nommé Sarkozy qui les avait triomphalement présentés comme «
réglant définitivement le problème trop longtemps repoussé comme
on pousse la poussière sous le tapis ». Le principe de ces accords
était « simple » : la France accepte que la frontière
franco-britannique soit placée en France en échange d’une
contribution financière du Royaume-Uni. À nous les camps de
réfugiés refusés par les anglais, à eux la signature d’un
chèque.
Pendant
des années au Parlement, j’ai interrogé les Ministres de
l’Intérieur de Droite comme de Gauche pour comprendre les
véritables fondements de ces accords par lesquels la France
acceptait de porter le fardeau de ce drame humanitaire dont les
responsables se déchargeaient allègrement. Comment pouvait-on
accepter le principe : «Je ferme ma porte à double tour mais c’est
vous qui êtes chargés de la surveiller et de gérer l’afflux de
ceux qui voudraient la franchir » ? . Je trouvais ces accords
tellement déséquilibrés que j’imaginais qu’il pût y avoir une
clause secrète que je cherchais à élucider. En vain. Tous les
Ministres refusaient de répondre. Tous sauf un, Bernard CAZENEUVE,
pour qui j’ai grande estime et amitié et qui m’assura : « on ne
peut pas revenir sur ces accords, au risque de créer un appel d’air
ingérable ». A quoi je me souviens lui avoir répondu : « Mais
Bernard, cet appel d’air ingérable n’est-il pas déjà là ??
»
Toutes
réflexions faites, je fais donc cette proposition : la France doit
dénoncer les accords du Touquet et placer nos amis britanniques
devant la responsabilité d’assumer les conséquences de leurs
actes sur leur territoire. En clair, placer la frontière non pas à
Calais mais à Douvres, non pas sur la côte française mais sur la
côte anglaise. Et la France, plutôt que de financer la construction
d’un mur artificiel et sa conséquence épouvantable , les camps de
la misère, pourrait alors mettre en œuvre un plan exemplaire de
sauvetage en mer pour prévenir les tragédies au milieu de la
Manche.
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