samedi 4 avril 2020

Lu « Le pays des autres » de Leïla SLIMANI paru chez Gallimard.


La romancière franco-marocaine qui avait obtenu le Goncourt en 2016 pour son roman « Chanson douce »- qui ne l’était pas du tout !- s’essaye à un genre très différent : une fresque s’étendant sur une dizaine d’années, de la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’à 1956, et qui se déroule au Maroc, à Meknès pour être précis, et dans ses alentours.
Une fresque familiale: un marocain qui s’est « engagé » ( il faut mettre des guillemets car dans les colonies françaises l’engagement a pu avoir des formes pour le moins contraignantes...) dans l’armée française rencontre une jeune alsacienne quand il libère sa région et l’emmène vivre au Maroc où il rêve d’installer une ferme à 25 kilomètres de Meknès et d’exploiter quelques terres achetées par son père. Le couple va avoir très vite deux enfants mais tout va être difficile : d’abord ce couple mixte franco-marocain a quelque chose d’atypique ( d’habitude, dans les couples mixtes, ce sont les hommes-colons qui sont européens...) et, pour cela, est regardé de travers. Ensuite, les terres, bien que situées au milieu d’exploitations luxuriantes tenues par des colons, ne sont pas si riches. D’ailleurs, elles n’auraient pas été à vendre si elles l’avaient été...Les conditions de vie sont difficiles, la ferme, au début est privée de tout confort et donner une éducation à la fille aînée exige de la placer dans une école française catholique à la ville. Et la femme et l’homme de ce couple, inéxorablement s’éloignent l’un de l’autre. Le tout dans une ambiance politique tendue avec la montée du nationalisme qui, s’il n’a pas atteint le degré de guerre dure et généralisée comme en Algérie, n’en a pas moins connu quelques années de vraie violence. Bref une ambiance qui n’est pas marquée par le bonheur extatique d’une famille gaie et épanouie.
Le livre a du mal à démarrer, se perdant sans doute dans trop de descriptions d’ambiance, de décors ou de personnages qui ont un caractère que d’aucuns qualifieraient d’étouffant. Et puis, petit à petit, on s’installe dans la fresque, dans la famille, dans la ferme. Et on construit des souvenirs d’une époque particulière dans un pays attachant, comme si on y était . Un beau livre.

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