Un roman
d'actualité, d'une très grande actualité, qui se lit presque comme une
chronique d'une histoire humaine dans le monde d'aujourd'hui.
L'histoire de
trois hommes, trois français, qui sont très éloignés au début du livre et se rapprocheront
peu à peu : un chef d'entreprise très riche et plus proche de la jouissance des
plaisirs de la vie que de ses enfants, un soldat de retour d'Afghanistan, ayant
vécu la douloureuse embuscade d'Uzbin où il a vu mourir plusieurs de " ses"
hommes, et un jeune black qui, après avoir vécu de l'intérieur les émeutes de
Clichy-sous-Bois en 2005, a été récompensé de son engagement modérateur par un
poste au cabinet du Président de la République. Tous les trois vont connaitre
le trou noir de la dépression : le premier après la publication d'une photo qui
provoque une violente campagne le faisant passer pour raciste, le second par le
traumatisme psychologique de la violence et de la mort connues de près, le
troisième par la disgrâce subie après avoir osé résister à un conseiller du
prince venu de l'extrême- droite qui
l'avait renvoyé vulgairement à ses origines. Tout se mélange dans ces dérives,
le racisme ordinaire ou pas, l'antisemitisme
assumé ou pas, l'ambition sociale et
les jeux d'influence, les médiocrités politiques des cercles du pouvoir
, les passions amoureuses et les couples qui se délitent , les jeux capitalistiques des grandes entreprises
contrariés par les campagnes de presse, les petites vengeances et les grandes
trahisons. Seule l'insouciance est absente.
Et tout va se
dénouer dans un théâtre tragique, Bagdad en Irak, où le troisième invite le premier à participer à un séminaire de
chefs d'entreprises dont le second assure la sécurité. Le terrorisme et la mort
seront au rendez-vous libérant juste, dérisoire conséquence, les chances d'une
passion amoureuse jusque-là impossible entre le second et la femme du premier.
Karine Tuil, qui
avait beaucoup séduit avec son premier roman, « l'invention de nos
vies", confirme ici spectaculairement son talent.
Une candidate sérieuse
pour le Goncourt ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire