intellectuelle profonde.
Bien sûr, nous sommes
très différents et, à certains égards, opposés : d’abord c’est
un vrai conservateur, au sens le plus respectable du mot, qui éprouve
une grande méfiance pour ne pas dire défiance à l’endroit du
monde moderne et qui pense que « c’était mieux avant». Par
exemple, lorsqu’il est parti sur les traces d’Ulysse, premier de
nos points communs, c’était pour retrouver les traces du héros
d’Homère et éprouver une forme de nostalgie devant leur
disparition tandis que, me tournant vers la civilisation
Méditerranéenne d’aujourd’hui, j’ai cherché à comprendre ce
qui avait changé en 3000 ans. Au titre de ce conservatisme, il
éprouve une tendresse étonnante pour Vladimir Poutine que je ne
partage sûrement pas. Et s’il est très montagnard ce qu’un
pyrénéen d’adoption ne peut pas lui reprocher, il n’est pas du
tout marin ce qui est un vrai handicap, surtout quand on veut
comprendre le monde et la Méditerranée en particulier. Mais nos
points communs sont plus nombreux : d’abord, il a le goût
passionné - encore plus que moi ce qui n’est pas peu dire ...- du
voyage, de l’ailleurs, de l’autre. On a beau dire, cela témoigne
d’une ouverture d’esprit incontestable et cela épargne
viscéralement de déviations culturelles insupportables comme le
racisme. Tesson, autre qualité, s’il accepte les religions comme
expression incontournable de la liberté de conscience, se méfie
grandement de leurs intégrismes destructeurs de libertés. C’est,
je le crois, un vrai laïc. Et puis, last but not least, s’il a une
religion, c’est bien celle des livres et de la culture littéraire
qui me parait être une nouvelle preuve de son ouverture au monde,
aux autres, de sa curiosité intellectuelle manifeste.
Avec
cette « très légère oscillation », il livre un journal qui n’est
pas vraiment un journal intime mais plutôt comme un journal «
thérapeutique » au sens où il lui permit de mettre de l’ordre
dans ses pensées dans une période de sa vie marquée comme nous
tous par la succession des attentats barbares, mais aussi à titre
personnel par la mort de sa mère ou son accident terrible survenu
sous forme de chute d’un toit qu’il escaladait comme beaucoup
d’autres à la fin d’une soirée arrosée, et qui lui laissa de
lourdes séquelles. L’écrivain- voyageur, géographe de formation
s’y montre sensible, très sensible, humain, très humain. Même si
la succession d’aphorismes émaillant son récit, n’en représente
pas le volet le plus convaincant.
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