Et Régis que je connais depuis longtemps et dont j’apprécie la virtuosité
intellectuelle, le brio culturel et le style ciselé et flamboyant à la fois, en vient à me décevoir et me déconcerter.
« D’un siècle l’autre » est une œuvre autobiographique sous forme de vaste divagation intellectuallo-philosophique sur la vie de l’auteur. Pour tout dire, ça part dans tous les sens....ça part dans tant de sens et à une telle vitesse, qu’on se sent perdu, distancé, et parfois même ignare tant le philosophe, en la circonstance, sait se montrer ésotérique en diable ! Il y a bien deux ou trois passages où il prend son temps, se montre pédagogue et convaincant comme son éloge d’ Auguste Comte ou son analyse amusante sur la crise «présencielle-distancielle » que nous traversons, ou bien encore son retour sur l’enseignement des faits religieux dans l’école laïque, mais ils sont bien rares ! Quant à son approche désormais classique sur le besoin de sacré qu’il n’aborde que dans les dernières pages pour suggérer qu’il puisse désormais s’appliquer à la nature et à l’écologie, il en dit si peu que ça nous laisse sur notre faim. Sur notre faim avec un soupçon d’inquiétude : Régis suggèrerait-il que « la terre ne ment pas » ou que « la nature est bonne mais l’homme mauvais » ?
Quant à « France laïque », un tract de quelques dizaines de pages qui n’est publié par Gallimard que sous forme d’e-book, c’est un écrit carrément déconcertant : Régis qui fut un des premiers intellectuels français avec Elizabeth Badinter ou Catherine Kintzler à signer un appel à la vigilance en 1989 lors de l’affaire du voile de Creil, première épisode de l’offensive islamiste dans notre pays, épisode sans doute sous-estimé à l’époque par toute la Gauche, de Mitterrand à Rocard en passant par Jospin et Joxe ou le Parti Communiste dans laquelle je m’inclus bien sûr), Régis, donc qui depuis n’a jamais cessé de défendre la République laïque, notamment par ses contributions à la Fondation « Res-Publica » , opère là un volte-face assez ahurissant. Son message devient quelque chose comme « France laïque ? Bof... tout cela est dépassé, la laïcité ne peut pas servir de boussole tant elle est incomprise à travers le monde.... et quant à la liberté d’expression, il faut savoir en user avec modération »....Bref, une bouillie de chat invraisemblable et incompréhensible ! Alors je m’interroge : pourquoi ce changement, ce volte-face, cette contradiction ? Est-ce simplement le dandysme d’un enfant gâté qui recherche l’originalité et le clivage à tout prix ? J’avance une autre hypothèse que je retiens de son ouvrage « D’un siècle l’autre » justement :
Régis y affirme son bonheur d’avoir toujours été minoritaire... ce revirement serait-il donc un bon signe ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire