Cédric Herrou est ce niçois issu d’un quartier très populaire de Nice, petit-fils
d’immigrés italiens qui, après un échec scolaire et un début de vie active tumultueux fait d’errance et de petits boulots, a fini par s’installer comme agriculteur dans le haut-pays niçois, dans la vallée de la Roya très exactement, une vallée si enclavée que pour la rejoindre depuis Nice, il vaut mieux passer par l’Italie. Il y élève donc des poules et cultive une oliveraie sur trois hectares et vend tant bien que mal ses productions sur les marchés locaux.
En
2016, sa vie bascule : il recueille en pleine nuit, au bord de la
route qui le mène chez lui, une famille de migrants Érythréens
égarés, apeurés, assoiffés, crevant de faim....et depuis, il a
accueilli des milliers d’exilés, leur tendant la main dans un
geste élémentaire de fraternité. Cédric Herrou a fait la une des
journaux, est devenu une vedette médiatique malgré lui, pourchassé
par les diatribes des élus de droite extrême et d’extrême droite
de la Région ( Ah ! Ce Monsieur Ciotti, son meilleur ennemi, que
l’on retrouve tout au long du livre jetant de l’huile sur le feu,
attisant les peurs et les haines....est-il de droite-extrême ou
d’extrême-droite celui-là ? Cet obsédé des frontières
terrestres a su effacer cette frontière idéologique-là ! ). Mais
Cédric Herrou a aussi été harcelé par la justice, la police, la
gendarmerie : 11 fois mis en garde à vue, « victime » (j’ose
dire le mot) de procès, perquisitions, saisies abusives. Relaxé à
chaque fois tandis qu’il a fait condamner le Préfet des Alpes
Maritimes à de nombreuses reprises pour abus de pouvoir...
C’est
là que ce livre est édifiant et balaye les quelques réticences que
l’on pourrait encore avoir. Car Cédric Herrou n’est pas un «
écolo-gauchiste » irresponsable et encore moins un révolutionnaire
: il connaît par cœur la législation française en matière
d’immigration, les jurisprudences du Conseil Constitutionnel et du
Conseil d’Etat et ne demande rien d’autre que leur application.
Il n’enfreint pas les lois et, en particulier n’est pas un «
passeur » ( il s’insurge même, contre l’attitude de l’Etat,
qui ferme les yeux devant les réseaux de passeurs qui exploitent les
migrants). Il s’insurge contre une Administration, un État et
l’Europe qui se trompent de combat, qui enfreignent la loi, qui
tournent et le dos au devoir de fraternité. Un devoir de fraternité
que son long et difficile mais honorable combat a fini par faire
reconnaître par le Conseil Constitutionnel dans sa décision «
historique » de juillet 2018.
Aujourd’hui,
Cédric Herrou a fui les projecteurs qu’il n’aime pas
particulièrement et, là-haut, dans sa vallée de la Roya, il a
fondé la première communauté paysanne de la Fondation Emmaüs.
Parcours éminemment respectable.
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