1.
Lu "L'odeur de la forêt" d'Hélène Gestern, paru aux
éditions Arléa. J'avais beaucoup apprécié le livre précédent
d'Hélène Gestern, "Eux sur la photo", un roman bourré de
sensibilité et de tendresse paru en 2011, et j'attendais avec
impatience le nouvel ouvrage de cette femme qui est aussi
universitaire puisqu'elle est enseignante-chercheuse à l'université
de Nancy. Historienne autant que littéraire, elle est une grande
spécialiste des correspondances, des journaux intimes et ,en
particulier, de l'histoire des photos et des cartes postales. C'est
d'ailleurs à se demander si ce dernier ouvrage n'a pas une part
autobiographique forte : son héroïne, Elizabeth, est une
historienne de la photo qui mène une enquête complexe et
douloureuse sur un aspect méconnu de la Première guerre mondiale -
les exécutions disciplinaires abusives dans les tranchées pour
mater toutes formes de résistance aux ordres - , sur la base d'une
correspondance partielle, d'un journal intime qu'il faut décoder, de
clichés clandestins. Le récit est complexe, riche, divers, mêlé à
une vie personnelle douloureuse, et célèbre à sa façon ce devoir
de mémoire trop souvent minoré. C'est très bien écrit, avec une
grande richesse de vocabulaire, et c'est un travail précis,
méticuleux, presque universitaire. Mais aussi très tendre et c'est
ce qui fait sa force.
2. J'ai profité de ce week-end studieux
pour relire "Qu'est-ce qu'une nation ?", la conférence
donnée à La Sorbonne le 11 mars 1882 par Ernest Renan. Une
trentaine de pages formidablement pédagogiques et, je le crois,
toujours d'une remarquable actualité. On se souvient de la
thématique de Renan : la nation n'est fondée ni sur les dynasties,
ni sur la race, pas plus sur la langue, la religion ou la géographie,
non, la nation est une âme. Un principe spirituel reposant sur deux
piliers inséparables : l'histoire et ses combats douloureux et
glorieux, et le présent d'une volonté collective de vivre ensemble.
Je suis, plus que jamais, un adepte de la philosophie politique de
Renan exposée dans ce texte.
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