- celle de Souad Massi, l’auteure-compositrice- interprète algérienne, native de Bab El-Oued mais interdite de séjour dans son pays parce qu’elle est une militante de la liberté et ose dire ce qu’elle pense. J’ai découvert cette voix il y a une vingtaine d’années et je l’écoutais à tue-tête chez moi ou sur mon bateau tant elle me transportait. Une voix magnifique, pure et authentique, tout autant qu’engagée. Dans un grand entretien au Monde la semaine dernière elle disait à la fois sa liberté et son courage, sa volonté farouche d’émancipation et, en même temps, sa souffrance devant le drame familial qui l’a touchée ( en instance de divorce , le père de ses enfants, peut-être pour faire pression sur elle ou par vengeance, a tenté d’assassiner leurs deux enfants, sauvés presque par miracle ). Et dans des propos touchants elle exprime sa nouvelle mission : apprendre à ses filles la passion de la liberté, de l’émancipation, du courage.Une belle personne
- dans Libération cette fois-ci, une tribune de Nathalie Heinich répondant à une critique de son livre « Le wokisme serait-il un totalitarisme ? » paru chez Albin
Michel, critique dont l’auteur affirmait que ce livre aurait pu être écrit par un responsable du Rassemblement National. Argument d’autorité s’il en est. Circulez , y’a rien à voir….
Pas de chance, Nathalie Heinich est une femme de gauche qui, courageusement elle aussi, affirme que ce n’est pas parce que le parti d’extrême-droite a fait de l’anti-wokisme son nouveau cheval de bataille, qu’il faut lui abandonner le terrain et ne plus s’opposer aux dérives d’un pseudo-progressisme ennemi de nos valeurs humanistes que sont l’universalisme républicain, la rationalité, la laïcité et la liberté d’expression. Un seul exemple : cette idéologie, car c’en est une, ne voit dans la laïcité qu’une attaque contre les minorités religieuses alors qu’elle les protège tandis que le RN, lui, n’a rien de laïque puisqu’il défend des religions contre d’autres….ce qui est intéressant dans ce débat c’est qu’il nous démontre à quel point l’histoire se répète : il y a 60 ou 70 ans ceux qui, à gauche, dénonçaient le stalinisme étaient aussi accusés de parler comme la Droite ….
- Elena Ferrante, enfin. L’auteure de la grande série « L’amie prodigieuse » livre un petit livre paru chez Gallimard: « Entre les marges. Conversations sur le plaisir de lire et d’écrire ». Les marges ce sont ces deux traits rouges verticaux qui figuraient sur
les feuilles de papier sur lesquelles l’auteure apprenait à écrire à l’école et qu’elle considérait comme une prison, avec leurs deux effets pervers : ou bien on s’y enferme, ou bien on force le trait rebelle…. Et cette réflexion est la transcription de conférences données par elle à l’Université de Bologne. Un texte passionnant où l’on découvre ses interrogations sur l’écriture féminine ou son rapport au dialecte napolitain et, surtout, sur sa passion de l’écriture. Pourquoi s’être abandonnée ainsi à ce qu’elle appelle la « passion scribouillarde » ? Et sa réponse est lumineuse : par amour, l’amour découvert adolescente à la lecture de Dante , un amour « associé à la crainte, au tremblement, voire à l’angoisse et à l’horreur »…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire