Longtemps j’ai eu un intérêt véritable pour Onfray, après la lecture de son «essai sur l’athéisme » par exemple ou bien en observant son expérience d’université populaire en Normandie, cette tentative plutôt respectable de transmettre réflexions et connaissances au plus grand nombre. Puis je me suis lentement mais sûrement éloigné de lui en constatant son caractère de plus en plus péremptoire, son absence absolue de doute, ses certitudes qui le bardaient sur tant et tant de sujets. Et, plus récemment, devant sa pitoyable tentative politique de « Front populaire » réunissant des souverainistes des deux bords ( sans d’ailleurs qu’ils en soient tous prévenus ce qui témoigne d’une méthode douteuse pour un tel donneur de leçons....) ces distances devinrent abyssales.
Mais
enfin, à l’annonce de son dernier ouvrage « Vies parallèles. De
Gaulle - Mitterrand », je fus tout de même intrigué et même
attiré. Il faut dire que, Mitterrandiste historique matiné de
gaulliste, n’oubliant pas que mon regretté père fut un gaulliste
de Gauche et toujours attaché aussi bien à la stabilité de nos
institutions qu’à notre indépendance nationale ou au besoin
d’ordre de notre société par exemple, un essai comparatif entre
ces deux grands hommes aurait pu m’intéresser. Heureux hebdo qui
m’offrit des « Bonnes feuilles » en guise d’avant-goût !
Quelle horreur...
Je
vous la joue courte : De Gaulle était un grand homme, Mitterrand un
médiocre, le premier servait la France, le second sa carrière, l’un
avait tout juste, l’autre tout faux, l’un a tout réussi, l’autre
tout raté ... Vous croyez que j’exagère ? Hélas non, pour cet
auteur de si bonne foi. Un seul exemple avec ce raccourci qui m’a
fait éclater de rire :
«
De Gaulle lisait Péguy, Mitterrand lisait Paul Guimard et Eric
Orsenna, c’est tout dire » nous assène ce soi-disant philosophe.
Il se trouve que j’ai connu, bien connu, très bien connu François
Mitterrand et que je l’ai fréquenté presque quotidiennement
pendant 10 ans. J’ai connu ses qualités et ses défauts, ses
forces et ses faiblesses et si je suis partisan, j’essaye aussi
d’être réfléchi, posé, honnête. Je sais, parce que je l’ai
vécu, que Mitterrand était un puits de connaissance littéraire
impressionnant, un lecteur passionné , un amoureux des livres
capable, à chaque instant de quitter les affaires de la France
pendant quelques heures pour se plonger dans un livre. Je l’ai vu.
Et j’ai vu aussi ce qu’il lisait et l’éclectisme de ses goûts
plus portés d’ailleurs sur le classique et l’histoire que sur le
roman moderne, n’en déplaise à mes chers amis , le regretté Paul
Guimard ou l’insubmersible Eric Orsenna. Alors, l’affirmation
d’Onfray, parce qu’elle est tout simplement fausse, est ridicule
et discrédite tout le reste si c’était nécessaire. C’est
grotesque. Et, à certains égards , honteux car malhonnête,
profondément malhonnête. Pauvre ONFRAY, pauvre « Front Populaire »
si lamentablement détourné de son histoire et de son symbole de
rassemblement de la Gauche, pauvre Université populaire de Normandie
où l’on apprend de telles balivernes !! A mes chers étudiants de
Sciences Po à qui j’apprends, autant que faire se peut à «
penser par eux-mêmes »,à réfléchir posément, à puiser leurs
sources à toutes les fontaines, à être curieux de tout sans a
priori ni préjugés, je dis : surtout ne suivez pas cet exemple !
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