La
surprise de dimanche, c'est qu'il n'y a pas eu de surprise ! Les
sondages ne s'étaient donc pas trompés et nous aurons donc un 2ème
tour Macron / Le Pen comme annoncé depuis des mois.
Les
seules surprises, au fond, ce sont la percée de Mélenchon d'une
part, l'effondrement de Benoît HAMON d'autre part, les deux étant
en partie liés. J'y reviendrai.
J'oserai
ajouter une deuxième surprise : la présence de Marine Le Pen
au 2ème tour a semblé ne plus surprendre personne !
En
2002, l'élimination de JOSPIN et la présence du papa de Marine au
2ème tour avait été un coup de tonnerre ! Une
surprise désagréable, une blessure terrible pour la Gauche.
Là,
rien, on s'habitue.
Et
pourtant, c'est encore plus grave. D'abord car on le voyait venir et
rien ni personne n'a pu l'empêcher. Signe que la crise démocratique
est toujours plus importante et profonde.
Ensuite
parce que, à la différence de 2002, « Madame La Peine »
comme l'appelle un de mes amis journaliste engagé, va faire un score
beaucoup plus élevé que son père au 2ème tour.
La
faute à l'élimination de la Droite et à la proximité des
électorats droite extrême – extrême droite ; la faute aussi
à la « trahison » de Chirac en 2002 oubliant dès son
élection, la majorité des électeurs qui l'avaient porté au
pouvoir pour 5 ans supplémentaires. Des électeurs désormais tentés
de dire « on ne m'y reprendra plus ».
C'est
d'ailleurs la question majeure qui se pose à Macron : il vient
de réaliser 24 % ce qui le place en tête, bravo à lui.
Mais
pour être élu et obtenir 51 % (au moins ! Espérons plus,
beaucoup plus) il faut en réunir 27 % de plus soit bien plus que les
« convaincus » du 1er tour.
Et
ce sont ceux-là qu'il ne faudra pas oublier demain. Alors, bien sûr,
à la différence de Chirac, Macron s'est engagé sur une ligne
d'unité nationale, rassemblant des femmes et des hommes de son parti
nouveau, du centre, de gauche et de droite.
Soit.
Mais on ne pourra pas réunir une majorité présidentielle solide le
7 mai et législative en juin, sans faire toute leur place, dans la
clarté à ceux qui vont s'additionner aux 24 % du 1er
tour.
Soyons
clairs : le 7 mai, nous serons nombreux à voter Macron. Mais
soyons lucides aussi : nous ne le ferons pas tous avec les mêmes
arrière-pensées. A Gauche comme à Droite, il y aura des hommes et
des femmes qui voteront surtout « contre » Madame Le Pen,
sans la moindre adhésion à MACRON. Ceux-là, dès le cycle
électoral achevé, s'engageront dans l'opposition. C'est leur droit
et la loi de la démocratie.
Mais
il y en aura d'autres qui, comme moi, voteront pour Macron et
souhaiteront sa réussite. Et seront disponibles pour l'aider.
Non
pas parce que c'est l'intérêt de Macron, celui-là n'est pas
l'essentiel, mais parce que c'est l'intérêt de la France !
Parce qu'il faut que la France avance et réussisse !
Alors,
bien sûr, nous le ferons, je le ferai avec mes convictions, celle
d'un socialiste qui n'a pas changé depuis son engagement en 1973. Un
socialiste réformiste, un social- démocrate assumé, un socialiste
de gouvernement.
Et
un socialiste qui voudra peser !
Un
socialiste, en particulier, qui voudra peser pour que le progrès
économique et le progrès social marchent de pair. C'est vrai que
j'ai plus confiance en Macron pour le premier que pour le second. Eh
bien, pour le second, il faudra l'aider !! Et il faudra qu'il
nous écoute.
Au
fond, c'est le débat essentiel qui est là : le débat sur la
République, son histoire et ses valeurs.
Cette
République à laquelle Madame Le Pen tourne le dos, cette République
qu'Emmanuel MACRON doit incarner.
Liberté
– égalité – fraternité. Avec la liberté, la République
assure le libéralisme au sens politique – et donc économique –
du terme. Mais elle le conjugue harmonieusement avec l'égalité
c'est à dire la lutte acharnée contre les injustices et, peut-être
surtout, la fraternité, condition essentielle de notre capacité à
vivre tous ensemble dans la République et à y construire notre
avenir commun.
Voilà
l'enjeu de ce 2ème tour puis des élections législatives.
Voilà ce que j'attends de Macron. Avec espoir et avec vigilance.
Avec exigence.
C'est
l'essentiel.
Après,
il restera à la Gauche de se refonder, de se reconstruire et de se
mettre au travail, courageusement.
Le
score pitoyable de Benoît n'est pas que de sa responsabilité, même
si sa responsabilité est première. Mais il sanctionne aussi un
quinquennat que les socialistes n'ont pas su assumer dans la clarté
et la cohérence et le président – sortant n'est pas indemne de
cette responsabilité.
Et
il sanctionne un Parti qui n'est plus un Parti, qui n'est plus une
intelligence collective, un émetteur d'idées et de propositions,
pas plus qu'il n'est porteur d'une stratégie politique ni d'une
discipline librement consentie ou d'une solidarité.
Bref,
un champ de ruines.
Chic !
Voilà du travail pour ceux que seul l'avenir intéresse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire