lundi 25 avril 2022

Lu « le sens de notre Nation » de Bernard CAZENEUVE paru chez Stock,

       un entretien avec François BAZIN, un des journalistes politiques français parmi
les tout-meilleurs, qui ne s’arrête jamais à l’air du temps mais cherche à comprendre les mouvements de fond de la société française. Ça tombe bien , avec Bernard CAZENEUVE il a affaire à du « lourd » parmi les responsables politiques français, un des très rares qui ne se paye pas de mots, refuse la facilité et assume. Autant le dire, d’ailleurs: une vieille amitié, une vieille complicité, une vieille affection me lie à cet homme, pourtant beaucoup plus jeune que moi, en qui je reconnais des qualités qui me sont chères en politique.

Dans ce livre-entretien, il revient sur son expérience du pouvoir comme Ministre de l’Intérieur puis Premier Ministre , sous le quinquennat de François Hollande, dans une période très troublée où, aux attentats terribles qui endeuillèrent le pays succédèrent les manifestations nombreuses et violentes contre la loi-travail puis, plus tard, des manifestations de policiers plus ou moins manipulées par l’extrême-droite mais dont le caractère spectaculaire a marqué l’opinion… terrible période. Et l’on redécouvre un Ministre de l’Intérieur solide au poste, ferme et ouvert, puis un Premier Ministre digne, dans tous les sens républicains du terme. Bernard CAZENEUVE tel qu’en lui-même.
J’ai pourtant quelques désaccords avec l’auteur et il me pardonnera cette expression de ma liberté de pensée dans un océan de louanges : d’abord, et je le lui ai dit, je le trouve très indulgent avec François Hollande qui, en particulier avec ce livre « un Président ne devrait pas dire ça » a représenté tout ce que je déteste dans la vie politique et, en particulier, l’absence totale de sens de l’Etat. Mais que voulez-vous, Bernard CAZENEUVE fait profession de loyauté et ça, on ne peut pas lui en faire reproche quand tant de trahisons fleurissent en politique….j’ai d’autres désaccords sur la loi-travail dont je n’ai pas vécu l’histoire comme lui, au gouvernement, mais comme parlementaire de la majorité, et dont la première version nous était apparue tellement inacceptable - et, pour tout dire, provocatrice - à nous députés socialistes, que tout ce que nous avons amendé derrière était peine perdue : la première impression était hélas la bonne et l’opinion de gauche avait tranché; enfin j’ai un désaccord sur cette Fondation de l’Islam qu’il a proposée et mise en place et qui me parait être une mauvaise réponse à une vraie question: la loi de séparation de 1905 n’interdit pas seulement aux religions d’influer sur le pouvoir politique, elle interdit aussi au pouvoir de se mêler de religion ! Et a-t-on jamais créé une Fondation du catholicisme ou du protestantisme ? Mais de tout cela je parlerai avec Bernard car ce ne sont que des points précis dans un océan de convergences et, surtout deux axes comportementaux qui me paraissent essentiels au moment où sonnera, tôt ou tard, la reconstruction de la Gauche: le sens des responsabilités pour ne promettre que ce que l’on peut tenir et l’amour de la République, de ses valeurs et de sa culture.
Après cette désastreuse élection présidentielle qui nous a proposé un remake de 2017 en bien pire, après ce vote « contre » bardé de colère, après ce désastre de la gauche socialiste, lire ce livre a quelque chose de profondément réconfortant. Mais gare ! Le temps presse…


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