mardi 30 août 2022

Lu « Liv Maria » de Julia Kerninon paru chez Gallimard dans la collection Folio, un livre qui a obtenu le prix des libraires Folio-Télérama.

 Julia Kerninon est une jeune (elle a trente-cinq ans à peine) auteure nantaise où elle
est née et où elle habite, qui est docteure en littérature américaine et qui a déjà publié six livres dont l’un, le premier,« Buvard », avait obtenu le prix Françoise Sagan en 2014.

Elle nous livre avec ce roman, l’histoire de la vie d’une femme, Liv Maria donc, née sur une île bretonne ( on ne saura pas laquelle et c’est sans doute bien dommage pour les amoureux de cette belle région) d’une mère qui tenait le bistrot du village et d’un père norvégien, marin échoué là par amour qui a la passion des livres et de la littérature, une passion qu’il transmet à sa fille. A dix-sept ans, Liv Maria est victime d’une agression sexuelle sur son île et tout le monde sait qui en est l’auteur. Mais la culture ancienne qui a encore du mal à disparaître, faite de culpabilité féminine injustifiée, de crainte du scandale et du culte du secret, fait que la solution adoptée par ses parents sera l’exil pour elle. Un exil à Berlin comme jeune fille aux pairs où elle va connaître un amour passionnel avec son professeur d’anglais, le temps de quelques mois avant qu’il ne rentre chez lui en Irlande sans laisser d’autre adresse qu’un poste restante. Il ne lui fera plus jamais signe mais cette liaison va marquer très durablement sa vie.
A partir de là, elle va vivre une vie de liberté et de ruptures connaissant mille vies et beaucoup d’amants à travers le monde, et croyant in fine trouver sa vérité en Irlande avec un mari amoureux, deux enfants attachants, en tenant la librairie du village. Mais échappera-t-elle au surgissement du passé et aux conséquences de ses actes? Y échappe-t-on jamais ?
Joli portrait de femme.

vendredi 26 août 2022

Lu « L’horizon à l’envers » de Marc Levy paru aux éditions Pocket.

Un presque vieux Marc Levy puisqu’il a déjà 5 ans. Ça commence comme le film
«Love story » des années 60 et ça se termine en ouvrage de sciences fiction autour des neurosciences. Boston dans les années 2000, deux étudiants tombent amoureux et tirent la chandelle par les deux bouts. Mais elle est atteinte d’un glioblastome, tumeur cancéreuse au cerveau et est condamnée. La différence avec « Love story » c’est qu’il y a un troisième compère, le meilleur ami de lui et qu’ils sont tous les trois étudiants et chercheurs en neurosciences. Et le troisième larron va avoir l’idée folle de « prendre l’empreinte » de la conscience de la jeune femme avant qu’elle ne soit conservée par cryogénie, de sorte que lorsque la science saura guérir ces tumeurs, quelques décennies plus tard, elle puisse revivre et se réincarner…c’est du pur Marc Lévy, facile à lire et plutôt intéressant même si la voie choisie pour la science-fiction apparaît un peu tirée par les cheveux. On aimerait tant que ce soit si simple la science ! Et les neurosciences en particulier….

lundi 22 août 2022

Dans la littérature étrangère, je suis parti en Ecosse pour lire Peter May et son roman « Je te protègerai »,

traduit remarquablement de l’anglais ( et parfois du Gaëllic ! par Ariane Bataille et
paru chez Babel Noir. Rien que le décor vaut le détour: l’Ecosse, bien sûr, mais plus particulièrement l’archipel des Hébrides, ses îles d’Harris et Lewis, le port de Stornoway où je me mis à l’abri avec soulagement par une jolie petite tempête au mois de juin, le fameux canal du Minch qui sépare cet archipel de l’Ecosse, où quelques hauts-fonds font frémir les navigateurs quand la mer, mauvaise, y déferle. Et dans ce décor, la météo, dans laquelle le grand ciel bleu et le soleil ont une place très, très relative. Pluie et brouillard vents fort et mer déchaînée, ce décor imprègne le livre du début à la fin, d’autant que le couple de jeunes entrepreneurs du textile qui ont créé leur entreprise de tweed avec un grand succès, ont choisi de bâtir leur maison loin de tout, au bout d’un chemin à peine carrossable et au bord d’une falaise. Vue imprenable à 180 degrés sur le Minch .

L’intrigue, car il y en a une, fort bien construite d’ailleurs, commence …à Paris, place de la République où Niamh et Ruairidh sont venus présenter une collection et où il meurt sous les yeux de sa femme dans l’explosion d’une voiture où il avait pris place avec une inconnue. Pour suivre et comprendre l’enquête, on va replonger dans le passé des deux êtres, leur enfance dans le même village, leur adolescence, les bagarres, les rivalités masculines et féminines, les querelles familiales.
J’ai beaucoup aimé ce livre, cette ambiance, cette culture .


mercredi 17 août 2022

Lu « Paz » de Caryl Férey paru dans la collection Folio-Policier.

Un thriller écrit par un des grands maîtres du thriller français, couvert de prix et de récompenses. 

L’histoire se passe il y a quelques années dans un pays, la Colombie, alors déchirée entre toutes les violences, celle des FARC, les révolutionnaires réfugiés dans la forêt amazonienne, les Narcos, ces trafiquants de drogues armés jusqu’aux dents et organisés comme une véritable armée faisant régner la terreur, et les forces spéciales gouvernementales qui n’y allaient pas non plus avec le dos de la cuillère face à ces deux violences, parfois complices. Et s’il est un premier mérite de ce livre, c’est bien de raconter cette Colombie soumise à cette barbarie insupportable où les exécutions sommaires se multipliaient en très grand nombre. Une seule justice y régnait: la justice expéditive…
L’histoire est celle d’un père très haut magistrat et ses deux fils, l’un engagé dans les FARC, l’autre en charge de la police criminelle après avoir commandé une unité des forces spéciales. Des femmes se mêlent évidemment à l’intrigue, une révolutionnaire, une journaliste, une travailleuse sociale, des prostituées, une adolescente livrée, ballottée par cette violence insoutenable.
Il y a de l’hémoglobine partout dans ce livre mais ça se lit comme un thriller, avec avidité.

mardi 9 août 2022

Lu « Labyrinthe » de Franck THILLIEZ paru chez Fleuve noir.

Poursuite de mes lectures estivales parmi les auteurs français de romans policiers.
Histoires croisées et parfois entrecroisées de femmes, une journaliste qui revient dans la maison qu’elle a fuie après un cambriolage, une psychiatre qui s’est réfugiée dans un trou perdu de la forêt vosgienne pour se mettre à l’abri des ondes émises par les téléphones portables qui lui provoquent de fortes migraines, une jeune kidnappée par un écrivain violent et pervers, et une dernière qui passe de l’une à l’autre dans une gymnastique de dédoublement de personnalité parfois incompréhensible. 

Oui, on s’y perd. Et, au fond, on ne comprend pas bien la fin: on ne sait pas très bien si on est vraiment sorti de ce « labyrinthe »...

lundi 1 août 2022

Lu « Adios cow-boy » de Olja Savicevic, traduit du croate par Chloé Billon et publié chez JC Lattès.

 On ne souligne jamais assez le rôle éminent, majeur même que jouent les
traducteurs dans la diffusion de la littérature étrangère. A travers Chloé Billon, que l’hommage qu’ils méritent leur soit rendu avec nos remerciements chaleureux.

J’ai donc rencontré Olja Savicevic à Korcula en Croatie, à l’occasion du festival littéraire auquel je participais là-bas la semaine dernière pour y présenter mon livre «3000 ans après Ulysse ». Et elle m’a dédicacé ce livre qui avait reçu le Prix du Premier roman 2020 en littérature étrangère. 

Portrait poignant d'une jeune femme croate qui quitte Zagreb pour revenir sur la côte retrouver sa mère et sa sœur, et désireuse de comprendre le suicide de son jeune frère quatre ans plus tôt. Un frère passionné de western, ce qui donne une toile de fond très cinématographique à l’intrigue. Génération perdue dans une banlieue pauvre d’une ville croate bien abimée par la guerre et ballotée entre intolérance et violence, désirs sexuels et volonté farouche d’affirmer sa différence.
On n’est plus, là, dans la littérature facile de vacances…mais plutôt dans un ouvrage lent, difficile, procédant par allusion, évocations subtiles, contradictions évocatrices. Très difficile au démarrage, et puis on prend le rythme, on cherche à comprendre cette jeune femme complexe. Sans être bien sûr d’y arriver…