jeudi 2 août 2018

Lu "La punition" de Tahar Ben Jelloun, paru chez Gallimard.


 1965 au Maroc, sous le règne d'Hassan II, et plus particulièrement à l'époque de l'affreux général Oufkir et de la douloureuse affaire Ben Barka : après une série de grandes manifestations pacifiques à travers le pays, 94 étudiants dont certains dirigeants de syndicats étudiants mais aussi des étudiants pris au hasard, sont "convoqués " dans une caserne. 
Et là, sous prétexte d'un service militaire obligatoire qui n'existe pourtant pas au Maroc, ils sont enfermés et, pendant 19 mois, sans pouvoir donner la moindre nouvelle à leurs familles, ils vont être violentés, humiliés, maltraités. Avant d'être relâchés du jour au lendemain, sans aucune explication. Le récit est à la première personne sans qu'on sache s'il est autobiographique. 
C'est assez poignant et cela donne une idée concrète de l'état de la démocratie marocaine il n'y a pas si longtemps...

"L'impossible paix en Méditerranée" et "La Méditerranée entre amour et haine"


Lu "L'impossible paix en Méditerranée", dialogue entre Boris Cyrulnik et Boualem Sansal, animé par José Lenzini, et " La Méditerranée entre amour et haine" de Christian Bromberger, deux livres parus dans la collection "Méditerranées" dirigée par l'ami José LENZINI justement, aux éditions de l'Aube, une collection que je fréquente beaucoup ces temps-ci et qui démange ma plume...


On ne présente pas Boris Cyrulnik, neurologue et psychiatre, théoricien de la résilience, ni Boualem Sansal, écrivain algérien. Analysant en profondeur les causes historiques et culturelles de cette impossible paix en Méditerranée, ils portent tous les deux un diagnostic très pessimiste sur celle-ci et n'imaginent pas d'autre issue que le paroxysme de la violence, la guerre. Sans même que la paix qui en découlera ne mette un terme au terrorisme...Grave et lourd.
 
Christian Bromberger est Professeur émérite d'ethnologie à l'université d'Aix-Marseille et jette un regard analytique sur ce qu'il appelle "les trois Méditerranées", l'une de saveurs et d'échanges, la seconde de proximités culturelles, et la troisième de violence et de haine. 
 
J'ai apprécié cette idée de "narcissisme des petites différences" comme fondement de tant de haines : quand les religions juive et islamique sont, de fait, de grande proximité conceptuelle, l'excès de proximité provoquerait ce narcissisme-là....