vendredi 30 mars 2018

Lu "Sentinelle de la pluie" de Tatiana de Rosnay paru aux éditions Héloïse d'Ormesson.


Un joli livre, plein d'une belle sensibilité et d'une grande actualité. L'histoire d'un jeune homme, homosexuel qui n'a pas fait son "coming out" vis-à -vis de son père, arboriculteur dans la Drôme, photographe expatrié à San Francisco et vivant avec un startuper, sa sœur vivant à Londres avec un alcoolique....Le jeune homme revient en France pour une fête familiale à l'occasion des 70 ans de son père, qui fait un violent AVC la veille de la fête.
L'intrigue se déroule dans un décor particulier : Paris submergé par une crue de la Seine plus importante que celle de 1910, un hôtel de Montparnasse, l'hôpital Georges Pompidou. Le tout est délicieusement facile à lire : les relations du fils avec son père, qui va vers la fin mais à qui il n'a pas dit l'essentiel, sont faites d'une grande humanité. Tout résonne: le contemporain, le vécu, le sensible.
Ce livre n'est pas un chef d'œuvre mais, et ça n'est pas un défaut indubitable, il se lit très bien.

dimanche 25 mars 2018

Vu, " BLUE" , le film de Dysneynature , plongée somptueuse au cœur de l'Ocean.


Une mère dauphin et son petit nous servent de guides mais il y a,aussi, de très belles images de la vie d'une baleine à bosse et son petit baleineau.
Franchement, c'est beau, très beau.
Et parfois époustouflant : j'ai découvert les yeux écarquillés la méthode de pêche des dauphins dans des eaux de très faible profondeur, enfermant les poissons dans un cercle de vase soulevée par les battements de leur queue avant de se placer à l'extérieur pour happer au passage les poissons apeurés qui sautent par-dessus ce "mur virtuel " pour s'échapper. C'est beau et bluffant.

Le dernier texte que j'ai publié en ces lignes relatait une conférence de Leila Shahid et disait l'estime, le respect et, même, l' amitié que je porte à cette grande dame palestinienne. Aussitôt ont fleuri les commentaires d'une agressivité folle, certes moins nombreux - beaucoup moins !- que les approbations ou les partages, mais d'une violence ahurissante. 

Cela témoigne de quoi ? De deux choses :
- d'une part que la situation au Proche-Orient et le conflit israelo-palestinien provoquent toujours les mêmes haines, signe qu'on est bien loin de quelque forme d'apaisement.
Mais je maintiens ce que j'ai dit et écrit : lors de cette conférence, Leila n'a pas tenu le moindre propos de haine ou d'agressivité. Pas le moindre, et tant pis pour ceux qui disent le contraire.

- d'autre part que les réseaux sociaux sont de plus en plus le théâtre de tous les défoulements d'autant plus odieux qu'ils sont anonymes. J'ai bien aimé la déclaration de ce jour de l'avocat Dupont-Moretti : "ces attaques sur les réseaux sociaux sont le fait systématique d'étourdis ! Vous avez remarqué ? Ils oublient toujours de signer !!"



Alors, si vous vous situez aux confluents de ces deux faisceaux de défoulement haineux, vous prenez bien des risques !! Je l'ai déjà éprouvé à au moins deux reprises :
La première fois, c'est quand, dans le cadre d'un travail parlementaire sur la géopolitique de l'eau, et au retour d'une mission dans les territoires palestiniens, j'avais employé l'expression "apartheid" pour décrire l'attitude des autorités israéliennes dans le partage de l'eau dans les territoires occupés. Desmond Tutu avait dit la même chose avant moi...
Les insultes et violences verbales des milieux pro-israéliens sur les réseaux sociaux avaient duré 6 mois.
Mais ça n'est rien par rapport à ce que j'ai subi quand je m'étais sévèrement affronté avec Tariq Ramadan dans une audition à l'Assemblée retransmise en directe sur la chaîne parlementaire ! J'avais été le seul, d'ailleurs, Droite et Gauche confondues, à refuser toute forme de respectabilité aux propos de cet imprécateur douteux, après avoir été le seul à m'opposer à sa venue dans notre assemblée. Sans doute avais-je raison trop tôt ? Alors là...
Aux insultes et violence déchaînées s'ajoutèrent les menaces et durèrent plus longtemps encore.
Tout cela n'est pas une forme spectaculaire du progrès de la raison, des libertés et de la démocratie.

Écouté avec passion la conférence de Leïla Shahid, cette semaine à l'Institut des relations internationales, établissement où j'enseigne désormais


On connaît Leïla, grande dame, figure de l'Etat palestinien qu'elle a représenté en France pendant de longues années en venant de le faire à Bruxelles, auprès de l'Union Européenne. Elle est désormais à la retraite de la diplomatie, et vit à Beyrouth. Leïla reste la même, passionnée et passionnante, militante de la cause palestinienne et, en même temps, femme de paix, profondément de paix.
Disons-le d'entrée de jeu : je l'ai trouvée pessimiste. Elle dira "notre génération a échoué, c'est à la nouvelle de prendre les choses en mains".
Elle fait reposer les responsabilité de ce qu'elle appelle "une nouvelle Naqbah" (catastrophe en arabe) d'une part sur l'abandon de la Palestine par la communauté internationale - mais celle-ci existe-t-elle dirait Vedrine ?- qui en a délégué la responsabilité exclusive aux américains et, d'autre part , sur le glissement progressif et inexorable de la société israélienne vers la Droite, la Droite extrême et religieuse.
À la question d'une étudiante qui lui demandait "que pouvons-nous faire, concrètement, nous jeunes européens ?", Leila répond en deux temps :
D'abord, dit-elle, "prenez bien conscience de l'immense privilège qui est le votre de vivre en Europe, terre de liberté et de démocratie, et dites-vous bien que de l'autre côté de la Méditerranée, les jeunes comme vous n'en bénéficient que du dixième."
"Et puis, surtout, cherchez à connaître et à comprendre et, pour cela, n'hésitez pas à vous rendre sur place. Il n'y a rien de tel pour comprendre."
Ces mots résonnent en moi : je croyais comprendre et savoir jusqu'à ce que j'aille dans les territoires palestiniens, une fois puis plusieurs fois. Il est des images qui parlent plus que bien des discours.

dimanche 18 mars 2018


Vu "Three  billboards " (qu'on pourrait appeler en français "trois panneaux d'affichage" mais que la production a traduit avec "les panneaux de la vengeance" qui me paraît moins pertinent car je ne crois pas que la vengeance soit le bon terme pour qualifier l'intrigue....), un film de Martin MacDonagh avec Frances Mac Dormand, qui obtint récemment pour cette prestation l'Oscar de la meilleure actrice. Le film avait déjà été primé à la Mostra de Venise.
L'histoire se passe dans la ruralité profonde de l'Etat du Missouri. Une mère de famille, en colère parce que l'enquête sur le viol, la torture et l'assassinat de sa fille ne progresse pas depuis plusieurs mois, décide de louer trois panneaux d'affichage sur une route de campagne pour interpeller la police locale sur son inaction. L'histoire se corse parce que cette police a des comportements racistes et homophobes accentués et parce que son chef, atteint d'un cancer, est condamné.
Le film, très américain, est à la fois vulgaire, brutal et violent, les sourires y sont rares et le charme totalement absent. Mais le scénario est original, il est bien joué et le résultat, sans être génial, est intéressant.

Lu "Entrez dans la danse" de Jean Teulé paru chez Julliard.


L'auteur renoue avec sa pratique des romans historiques qui sont un peu sa marque de fabrique. Il a découvert dans les archives qu'au début du 16ème siècle, en 1518, à Strasbourg, des milliers de personnes s'étaient mises à danser pour oublier la dureté des temps, la misère et la famine. À danser pendant des jours et des nuits, des semaines et des mois. À danser jusqu'à en mourir. Alors, Teulé raconte cette histoire. Mais, même s'il varie les angles, mettant en scène le Maire républicain, qui s'apitoie sur le sort de ses administrés et l'évêque qui ne voit dans cette "épidémie " qu'une offensive de mécréants, cela manque un peu de diversité car il n'y a pas de véritable intrigue. Cela dit, c'est bien écrit et les bonnes formules sont au rendez-vous.
Olivier FAURE sera donc le premier secrétaire de ce qui reste d'un Parti Socialiste en ruine et ce sera probablement sans moi car je ne me reconnais vraiment pas dans la démarche de cet homme au demeurant respectable.
J'ai déjà dit et écrit "vous avez aimé AYRAULT, vous adorerez FAURE " et on m'a reproché ce propos agressif. C'est pourtant ce que je pense...
J'ai déjà dit et écrit que renvoyer Macron et Wauquiez dos-à-dos, comme représentants de la droite dure comme l'avait fait FAURE était une faute politique car c'était une faute d'appréciation politique de la situation. Bien sûr que Macron est de Droite. Mais ça n'est pas Wauquiez. Et ses récentes déclarations sur la question pénitentiaire en sont une nouvelle preuve. Je préfère la définition que m'en a donné un ami internaute dans ces pages : Macron est le représentant de la Droite gaucho-centriste...
Mais surtout, ce que je reproche à FAURE, c'est qu'il est d'accord avec tout le monde. Or je crois, moi, que ce qui a perdu la Gauche Socialiste et social-démocrate ces 15 dernières années en France, ça n'est pas du tout, comme le pensent trop de militants, de n'avoir pas été suffisamment "à Gauche" ou " La Gauche" , car nous avons produit beaucoup plus de progrès social qu'on ne le dit dans le dernier quinquennat. Beaucoup.
Non, c'est à la fois de ne pas avoir tranché les débats qui nous opposaient à la gauche radicale, de nous être ligotés dans des synthèses molles mortifères et, du coup, de ne pas nous mettre en situation de " tenir bon" face aux accusations de trahison de la gauche radicale, comme MITTERRAND l'avait fait en 78-81 face au PC . Bref, un manque de clarté, de courage et d'autorité que je reproche beaucoup à François HOLLANDE, principal responsable de cet échec. 
Et, je crains bien que FAURE s'inscrive dans cette logique. Tout le monde aura raison a fortiori si, comme il l'annonce , ce sont les électeurs , les citoyens consultés par internet, qui définiront la ligne du PS. Cela promet démagogie et incohérence, pas vraiment la clef de la social-démocratie. 
Mais bon , ne soyons pas défaitiste. Il appartient à FAURE de me démentir mais disons-le tout clair : je n'y crois pas du tout.

vendredi 16 mars 2018

Lu "Et moi je vis toujours" de Jean D'Ormesson paru chez Gallimard.


Le dernier livre de l'auteur (enfin, pas tout à fait car la veille de sa mort, il a laissé un manuscrit à sa fille qui paraîtra à l'automne), publié après sa mort.
Une vaste fresque de l'histoire de l'humanité depuis la vie sauvage dans la forêt des Neandertal jusqu'aux progrès techniques et technologiques les plus récents. Le narrateur ou la narratrice (car il peut être les deux !)qui parle à la première personne, n'est rien ou personne d'autre que...l'Histoire. L'histoire qui se retrouve aussi bien serveuse dans une brasserie de la montagne sainte Genevieve à Paris au 16 ème siècle que maîtresse d'un empereur, ou petite fille juive déportée à Auschwitz. L'histoire qui est chez elle à Venise comme à Jérusalem, à Paris comme à New York. L'histoire qui parle de guerres, des royaumes, des civilisations mais aussi de littérature et de science.
C'est, évidemment et comme toujours avec D'Ormesson, d'une érudition folle. Mais l'ambition est telle que ça défile bien vite et, finalement, bien superficiellement.

jeudi 8 mars 2018

Lu "L'homme Glial " de Yves AGID et Pierre Magistretti paru chez Odile Jacob. 


Je ne parle pas assez, en ces pages, de l'un de mes jardins secrets, l'Institut du Cerveau et de la Moelle, ICM, un Institut de recherche situé à la Pitié Salpetrière qui regroupe plus de 750 chercheurs et dont je suis à la fois fondateur, administrateur et secrétaire de la Fondation. Bénévole bien sûr... L'ICM est une magnifique pointe de diamant de la recherche médicale française et je lui consacre de plus en plus de temps.

Eh bien, Yves AGID, co-auteur de ce livre, est un professeur émérite en neurologie qui, avec un autre neurologue de mes chers amis, Olivier LYON-CAEN, a conçu l'ICM, l'a imaginé dans la fin des années 90. Et nous, une bande de copains, nous avons réalisé leur rêve de scientifique, inauguré en 2010.
Pourquoi "L'homme glial"? C'est une référence aux cellules gliales, composantes essentielles du cerveau dont, dit Yves AGID, on ne parle pas assez, auxquelles on ne s'intéresse que trop peu. Les neurones captent l'attention et c'est bien normal. Nous en avons entre 80 et 100 milliards dans notre cerveau et ce sont des miracles permanents de "technologie naturelle". Mais nous avons encore plus de cellules gliales ! Et les auteurs font l'hypothèse que les neurones et ces cellules gliales se nourrissent les uns des autres, qu'une interactivité féconde les mobilise. Et que cette interactivité -la est peut-être bien au cœur de la pensée...


Si vous vous intéressez à notre cerveau et si vous n'avez pas peur de certains méandres scientifiques, lisez ce livre. Ou alors, contentez-vous de son chapitre 5....

lundi 5 mars 2018

Les socialistes allemands du SPD ou, pour être plus précis, les sociaux-démocrates allemands (mais pour moi c'est la même chose), ont donc voté à une large majorité hier pour participer à une grande coalition au gouvernement et au parlement avec Madame Merkel et les chrétiens-démocrates.

Quelques réflexions préalables avant d'aborder le fond de cette nouvelle :
  • -d'abord c'est une bonne nouvelle pour l'Allemagne et pour l'Europe, car cela clôt une période d'incertitude et d'instabilité en Allemagne qui n'était bonne pour personne. L'Europe a besoin d'une Allemagne stable.
    - ensuite , regardons de près les résultats du vote d'hier : plus de 450.000 inscrits, près de 350.000 votants. Il reste encore des militants en nombre au SPD. Ne soyons pas sévères ou défaitistes mais je crains fort que le nombre de socialistes français qui voteront à leur Congrès d'avril ne supporte la comparaison...
    - enfin, un clin d'œil : ainsi Madame Merkel, forte de cette majorité de coalition, va-t-elle entamer son quatrième mandat à la tête du gouvernement allemand. Dans le "nouveau monde " français où tout élu politique qui fait plus de trois mandats est suspect et condamnable, Mme Merkel serait jetée aux gémonies. Et pourtant, c'est bien le choix fait par les électeurs allemands. Si on l'avait empêchée de se présenter, n'aurait-on pas repris le chemin d'une forme de suffrage censitaire ? Je provoque...

    Donc, revenons au fait politique : les socialistes allemands ont décidé de former une coalition gouvernementale avec .... la Droite allemande . Eh oui, il faut dire les choses comme elles sont, Mme Merkel est une femme de Droite, chrétienne-démocrate héritière d'Helmut Khol. Une femme de la Droite respectable, sans aucune concession avec la Droite fascisante ou,pire, nazillonne, mais une femme de Droite.
    Et les socialistes allemands le savent très bien, ils le font en connaissance de cause.
    Je dis ça aussi en pensant à tous ces socialistes français qui n'ont qu'un thème en tête et vous l'assènent dans une sorte de réflexe pavlovien : "mais, enfin, Macron est de Droite!". Peut-être, mais pas plus que Mme Merkel. Et les socialistes allemands, qui ont choisi de gouverner avec elle ne sont ni des salauds ni des traitres : ils ont pris leurs responsabilités. Et, de toutes façons, ça n'est pas le problème.

    Quel est donc le problème ?

    Le problème, pour les socialistes européens, c'est de savoir s'ils veulent retrouver les errements d'une Gauche protestataire qui n'existe que pour s'opposer ou bien s'ils veulent confirmer leur nature réformiste, leur vocation à se mettre les mains dans le cambouis pour transformer la société. Spectateurs ou acteurs ? C'est une question de fond dont je ne vois pas qu'elle soit abordée dans les débats actuels des socialistes français...
    Car si l'on se dit bien "socialiste de gouvernement " ou "socialiste réformiste", ce qui reste mon engagement en tout cas, alors il faut continuer à approfondir la question et se demander avec qui exercer le pouvoir, sauf à espérer avoir une majorité à soi tout seul ce qui ne me paraît pas être envisageable pour bien des socialistes européens avant longtemps parce que les extrêmes sont forts, à Droite comme à Gauche , fruits naturels de la crise économique autant que de la crise démocratique.

    Pour continuer à réfléchir à cette question, je voudrais revenir 15 ou 16 ans en arrière, en 2002. Au deuxième tour de cette funeste élection présidentielle, la Gauche tout entière a voté Chirac face à Le Pen. Il n'y avait pas le choix. Et Chirac a été élu pour un second mandat avec une "majorité présidentielle" - j'emploie ce terme à dessein pour le distinguer de la majorité parlementaire- dans laquelle les électeurs de Gauche étaient, plusieurs études l'ont bien montré, les plus nombreux.
    Or, qu'à fait Chirac de ce vote ? Il l'a trahi.
    Refusant de reconnaître démocratiquement ce vote et sa réalité, il a nommé Raffarin premier Ministre à la tête d'un gouvernement de Droite étriquée.
    Et qu'aurait-il dû faire pour ne pas trahir ses électeurs ? Je continue à être provocateur : il aurait dû faire...comme Mme Merkel ! Un gouvernement d'union nationale. Et les socialistes français auraient d'ailleurs été bien embêtés mais au moins ils auraient eu l'obligation de se poser les questions qu'ils refusent de se poser aujourd'hui...

    Continuons à laisser l'Allemagne de côté et restons en France mais hâtons le pas et arrivons en 2017 : poursuivant la provocation qui n'en est peut-être pas une, je dirais que Macron, observant son électorat du deuxième tour qui fut sans doute aussi plus de Gauche que de Droite malgré l'invraisemblable attitude de Mélenchon, décida de faire ... l'inverse de ce que fit Chirac en 2002 mais la même chose que Merkel aujourd'hui : un gouvernement d'union nationale.

    Alors, certes, il a fait plus comme De Gaulle se situant au-dessus des partis et refusant de négocier avec eux, que comme Merkel qui a âprement discuté avec les responsables du SPD un véritable compromis de gouvernement, avec de vraies concessions, celui soumis aux militants hier, et ça n'est pas une mince différence. (Vous verrez d'ailleurs que, comme De Gaulle qui vilipendait les partis et affirmait se situer au-dessus d'eux, Macron n'aura de cesse que de créer un Parti hégémonique, puissant et tout dévoué à son chef...).
    Et c'est comme ça que des socialistes français, Le Drian, Collomb, Parly, Belloubet, Travers et d'autres sont dans ce gouvernement que je qualifie d'Union nationale. Et ceux-là qui étaient nos camarades de Parti depuis des décennies ne sont pas plus des traitres que les socialistes allemands. Ils restent des femmes et des hommes de Gauche évidemment. Ils ont fait un choix de compromis comme les socialistes allemands. Alors c'est vrai qu'à l'usage, ce compromis n'apparaît pas évident, c'est le moins que l'on puisse dire (franchement, considérer qu'un retraité est favorisé à 1200€ par mois ! ...et augmenter leur CSG en même temps que de baisser l'ISF !!) puisqu'il ne fut pas négocié et qu'il ne s'agissait que de ralliements individuels.

    Mais enfin, ma conviction est que si les socialistes français ne vont pas plus loin dans leurs réflexions que des slogans du genre " Macron est de Droite" et " es socialistes qui sont au gouvernement sont des traitres" ( à quoi ils peuvent ajouter désormais " et les socialistes allemands aussi"), s'ils ne se posent pas la question que viennent de trancher leurs camarades allemands, celle de l'union nationale face aux extrêmes, quelle que soit la manière de le trancher, ils passeront à côté de la plaque.

dimanche 4 mars 2018

Lu "Le miracle Spinoza" de Frédéric Lenoir, paru chez Fayard.

Le jeune philosophe s'est donc fait une spécialité d'écrire pour vulgariser la philosophie, de mettre celle-ci à la portée de tous. Au risque parfois de paraître superficiel... il livre ici un essai sur Spinoza, ce philosophe du 17ème siècle que Goethe, Nietzsche, Freud ou Einstein considéraient comme le plus grand des philosophes, le vrai précurseur de la philosophie des Lumières, celui qui a inventé une philosophie fondée sur le désir et la joie.

Ca se lit très facilement, très. Trop peut-être. Et il est dommage pour l'auteur que son échange avec Robert Misrahi, grand spécialiste de Spinoza, qu'il a l'honnêteté de placer en postface, vienne le contredire sur tel ou tel point majeur de son développement : "N'existe-t-il pas dans un pays calviniste " (Spinoza, juif excommunié, vivait aux Pays-Bas...)" au 17ème siècle, la possibilité secrètement athée? " dit Misrahi à Lenoir qui s'évertue à présenter Spinoza comme un croyant en un Dieu revisité... 

jeudi 1 mars 2018

Lu « couleurs de l’incendie » de Pierre Lemaitre, paru chez Albin Michel.

 La suite de "Au revoir là-haut"  qui valut à son auteur un Goncourt il y a quelques années et permit à Albert Dupontel de signer une remarquable adaptation cinématographique.
Il paraît d’ailleurs que ces «couleurs » sont le deuxième volet d’un triptyque qui nous laisse donc encore espérer de nouveaux plaisirs . 
Pour tout dire, au début du livre, à la lecture de la lente déchéance de la fille du banquier Pericourt, Madeleine, j’avais le sentiment d’une suite pas très originale du précédent roman. L’ennui me guettait presque et je m’accrochais à la qualité de l’écriture de Pierre Lemaitre, toujours remarquable et vivante. Puis vint la vengeance de Madeleine et là... là, on n’en finit pas de s’esclaffer devant les trésors  d’imagination de l’auteur et sur les formes invraisemblables que prend cette vengeance. 
C’est digne des plus modernes romans policiers . Un régal.