jeudi 28 avril 2016

Un " hijab day" à Sciences Po...


Je dis depuis longtemps que la société française, souffrante, tendue et contradictoire, a bien mieux à faire que d'organiser un débat public généralisé sur le port du voile par les femmes musulmanes dans l' espace public, y compris parce que je pense que lorsque des forces obscurantistes sont là , bien présentes, pour prononcer des amalgames nauséabonds, il faut être bien sûr de ne pas tomber dans les amalgames inverses.

Mais à condition de garder les yeux ouverts !!

J'ai admis depuis longtemps qu'il pouvait y avoir plusieurs façons de porter le voile, l'une imposée et violente, instrument de domination et d'aliénation de la femme par l'homme qu'il faut combattre absolument, et l'autre "librement consentie" que je veux bien admettre.

Mais à condition, toujours,  de garder sa lucidité ! Car si la France est un pays de liberté, et doit absolument le rester, c'est aussi un pays de solidarité à l'égard des femmes qui, à travers le monde se sont battues, et parfois sont mortes, pour avoir le droit de ne pas porter le voile.

Car dans un cas comme dans l'autre, on ne demande jamais à des hommes de porter le voile si vous voyez ce que je veux dire.

Dans un cas comme dans l'autre, ça n'est pas l'égalité femmes-hommes qui est affichée, si vous voulez que je sois plus clair.

Alors, à partir de toutes ces considérations, voir la grande école des Sciences-politiques, Sciences-Po Paris, cet établissement où j'ai étudié puis enseigné avec passion, accepter que soit organisée en son sein une manifestation de soutien au  port  du hijab a quelque chose pour moi d'ahurissant. Faut-il être aveugle pour ne pas voir que cette initiative, prétextant "ouvrir le débat sereinement pour banaliser une tradition culturelle inoffensive "  est le paravent d'idées beaucoup moins nobles ? Quelle sera la prochaine étape ? Où s'arrêtera-t-on dans cette course folle à la glorification de nos différences ?? Quand se remettra-t-on enfin à célébrer ce qui nous unit et nous rassemble ?

lundi 25 avril 2016

Lu " En attendant Bojangles" d'Olivier Bourdeaut.


L'auteur a 35 ans et c'est son premier roman, qui a tout de suite obtenu un accueil notoire : grand prix RTL-Lire, Prix du roman de France-Télévisions, et prix du roman des étudiants de France-Culture et Télérama. Rien que ça... C'est d'ailleurs ce "battage médiatique" qui a attiré mon attention. Le livre se lit facilement, il est assez court, et révèle un talent d'écrivain bien réel, original par son côté "j'écris comme parle un enfant avec naïveté et immaturité", puisque le narrateur est un petit garçon qui vit seul avec ses deux parents (on ne sait ni où ni quand...) et va voir sa structure familiale incroyablement soudée  dans un amour délirant, ravagée par la folie de la mère.
Un premier regret : l'émotion ne vient que sur la fin, dans les dernières pages, quand vient la tragédie. Un deuxième regret : le récit est émaillé de quelques chapitres écrits en italique, et racontant une autre histoire dont on devine qu'elle est plutôt une autre époque de la même vie familiale, probablement la naissance du couple des parents,  sans qu'on en soit bien sûr.
Mais c'est assez prometteur.

vendredi 22 avril 2016

22 avril 2016

Le plat pays qui fut le sien, nous a réservé aussi un bain de jouvence culturelle : de la magnifique expo Modigliani du LAM  de Villeneuve d'Ascq, en passant par l'extraordinaire " Piscine" de Roubaix, (cette très vieille piscine formidablement transformée en musee d'art moderne aux collections qui s'effacent devant le lieu sublime), les Rembrandt et les Veermer du Rijks d'Amsterdam ( ah ! Cette Ronde de nuit majestueuse ..), les Van Gogh du Kroller-Muller ( et notamment ceux de la période Arlésienne),  les Picasso et Miro de l'Xpo center de Bruges ( Oh ! Cette ville, quelle beauté...), je me suis gavé, loin des tourments politiques . Allez : ils reviendront bien assez vite, on me pardonnera cette si belle récréation.

22 avril 2016


Un petit périple dans le plat pays qui fut celui de Brel. En commençant par la douleur de l'Europe ; en finissant par la souffrance de ceux qui viennent en Europe.
Bruxelles pour commencer : un moment de recueillement devant le mausolée improvisé en plein cœur de la ville, en mémoire des victimes des attentats du mois dernier. Tard le soir, la nuit enveloppant ce tapis de bouquets, l'émotion est très forte.
Calais pour finir. Je voulais voir de mes propres yeux, connaître personnellement la jungle, les conditions de vie des migrants bloqués à l'entrée du tunnel, le travail des associations, l'attitude de l'Etat. J'en ressorts édifié. Des migrants essentiellement Afghans , chaleureux, polis, pas agressifs. Des associations qui font un travail admirable. Et l'Etat qui semble avoir pris toute la mesure du dossier, avec tous ces équipements installés , ces logements préfabriqués, ce centre d'accueil de jour, celui pour les femmes. Je n'ai pas eu honte de mon pays en voyant tout le travail accompli. Mais le plus dur reste à faire : éradiquer le reste de la jungle, en transférant ailleurs, en hébergeant sur place, en reconduisant certains...Difficile. Pascal Brice, le directeur de l'OFPRA, qui est un ami et m'accompagnait, en est capable et le gouvernement ferait bien de le suivre.

jeudi 21 avril 2016

L'origine de nos amours" d'Erik Orsenna

Lu "L'origine de nos amours" d'Erik Orsenna , paru chez Stock. Le dernier livre de notre jeune académicien ( même s'il semble qu'il ne soit plus le benjamin du quai Conti ! Le temps passe). Un bel hommage rendu à son père disparu, autour d'un dialogue romancé  dont on ne connaît pas la part autobiographique, et sur un thème de corne-cul : mais pourquoi donc , toi et moi, ne sommes-nous pas heureux en amour ou, plus précisément, pourquoi sommes-nous des instables de l'amour ? Toutes les explications y passent, depuis les origines cubaines jusque la présence éventuelle d'un gène  ! Un vieux père allant vers la mort, parlant d'amour avec son fils,  c'est déjà original. Mais , de plus, c'est léger et bourré  d'humour et ça se lit très facilement.

vendredi 15 avril 2016

François Hollande « face aux citoyens » …


« Face aux citoyens » ??
Ouais … je resterai toujours dubitatif face à ces émissions qui, peu ou prou, restent des opérations de communication conçue par des communicants, parfois même des énarques-communicants dont on connaît le talent.
François HOLLANDE s'est livré avec ténacité, comme on le connaît à une « défense et illustration de sa politique ». Le problème est que les français ne l'entendent pas ou, plutôt ; ne l'entendent pas comme ça. D'où la nécessité d'être précis, concret, argumenté pour, peut-être, être convaincant.
Un seul exemple : quand il développe sa thèse – à laquelle j'adhère partiellement car la hausse du chômage reste une tâche – selon laquelle la France « va mieux » qu'en 2012, il dit « les français payent moins d'impôt ». Aïe, aïe … « Moins d'impôt qu'en 2014 mais plus qu'en 2012. Et les français le savent donc ils pensent « allez, il ne dit pas la vérité » et voilà la panne de crédibilité.
Pour le reste, j'attends toujours que François Hollande nous dise ce que c'est que la République française, ce que les français ont à faire ENSEMBLE, dans la suite de leur longue histoire, et comment on peut construire l'avenir.
En matière de « récit national », (je n'ai pas dit « roman » ! le roman est une fiction ; j'ai bien dit « récit ») je reste toujours sur ma faim.
Une vision, un cap, un jour ?

Lu "L'amie prodigieuse"

Lu « L'amie prodigieuse » (enfance et adolescence) de Elena Ferrante, traduit de l'italien par Elsa Damien et paru chez Gallimard. Elena Ferrante, écrivain italienne contemporaine, raconte ici, à travers l'amitié naissante et sans cesse croissante entre deux jeunes filles, enfants puis adolescentes, la saga d'un quartier pauvre – pauvre et un peu violent … – de Naples dans l'immédiat après-guerre et les années 50. C'est très beau, très humain. Il paraît qu'il y a une suite que je vais m'empresser de lire.

lundi 11 avril 2016

Dans l’agenda du Président de la République, mercredi 13 avril à 18h,


je lis « rencontre avec les responsables de la communauté protestante ».

Mais il n’y a pas de « communauté protestante ».

Le Président de la République, lui-même, avait déclaré il y a quelques mois qu’il ne « connaissait qu’une seule communauté, la communauté nationale » et il avait bien raison ! C’est la culture et la tradition républicaine. Alors pourquoi faire l’inverse de ce qu’il a dit ?

Pourquoi, quand on dit vouloir combattre le communautarisme, commencer par lui offrir la victoire des mots ?

Cela révèle une grande confusion de la pensée républicaine.


Vu dimanche soir, au journal de France2, l’interview d’Emmanuel MACRON par Laurent DELAHOUSSE.


Je reste sur ma faim car il ne dit rien sur le fond.

Mais une chose est sûre : si le seul fait d’émettre une critique, fut-elle amicale et constructive, à l’égard du Ministre de l’Economie, entraîne comme c’est déjà le cas, les foudres agressives de certains internautes, cela augure mal du débat démocratique.

Si dire que j’attends du Ministre de l’Economie qu’il soit, d’abord et avant tout, un bon voire très bon Ministre, car l’économie française en a vraiment besoin, est considéré comme une attaque personnelle indigne et insupportable, on est mal partis…


samedi 9 avril 2016

Emmanuel MACRON

Ce Macron me laisse pensif. Brillant, ça c'est sûr, très sympa et ça se sait moins, bosseur et cultivé, le bagage pourrait être plus réduit ...
Mais là, franchement ?
Il est Ministre de l'économie, d'une économie qui se traîne, d'un chômage massif et d'une compétitivité chancelante, et il ne trouve rien de mieux que de créer un mouvement politique ? Il ne peut pas se consacrer à sa tâche à 100% ? Moi, pauvre imbécile de citoyen, c'est ce que j'attends des Ministres et, accessoirement, la règle que je m'étais fixée lorsque je l'étais, est simple : s'y consacrer à fond, 24h sur 24 et 7 jours sur 7. C'est le moins que l'on doive à ses concitoyens, non ?
En plus, créer un mouvement politique ... C'est vraiment cela dont a besoin la démocratie française ? Erreur d'analyse ou excès de vanité ?
Quant à ce "ni droite ni gauche", ça me rappelle Mitterrand parlant du centrisme : " il n'est ni de gauche, ni…de gauche !"
Allez Emmanuel, en marche ! Mais pour faire le boulot que les citoyens attendent de toi, et rien d'autre !!

lundi 4 avril 2016

Lu "Comédie française, ça a débuté comme ça" de Fabrice Luchini paru chez Flammarion.


Une sorte d'autobiographie de ce grand acteur qui est aussi une personnalité bien peu ordinaire. Avec un peu d'intime, les débuts comme garçon coiffeur, ses années de livreur à mobylette,  la longue psychanalyse, un peu de politique, mais aussi et surtout la passion de la culture et de la langue françaises, l'amour de la poésie, du théâtre, de la littérature. Sa connivence avec Céline, son dialogue impossible avec Rimbaud. Un livre à l'image de l'immense spectacle que l'auteur délivre, seul sur scène, devant des salles archi-combles depuis des mois et des mois : riche en diable. Et comme c'est écrit sous forme d'un journal, ça se lit très facilement. Un bonheur n'arrive jamais seul....

Un dimanche chez moi, en Bigorre, entre mes parapheurs, une bonne marche en forêt, un livre à finir , un autre à commencer, des bricolages en retard, et un match de rugby...la vie quoi.

Surprise sur Canal Plus, l'invité de la mi-journée est Thomas Thévenoud, ce député qui fut secrétaire d'Etat pendant 9 jours et fut " démissionné" quand on apprit qu'il ne payait pas d'impôts depuis des années. Eh bien, l'homme a écrit un livre, alors forcément, les grands médias  l'invitent ! J'ai beau savoir depuis longtemps que les dits-médias ne s'intéressent pas aux trains qui arrivent à l'heure - imaginez : Mr Dupont, vous venez d'écrire un livre pour expliquer qu'en bon citoyen, vous payez vos impôts scrupuleusement, venez-donc nous en parler !!! Rien que de le dire, on en sourit-, j'ai beau également m'être toujours gardé des leçons de morale, j'ai beau croire sincèrement que ce Monsieur Thévenoud, que je ne connais qu'à peine, a droit comme tout citoyen à réparer ses fautes, j'ai un peu de mal malgré tout à cette starisation d'un homme si peu exemplaire.
" Un peu de mal" ou l'art de la litote....

vendredi 1 avril 2016

Investissements d'avenir

Hier, dans nos Hautes-Pyrénées, nous avons d'abord lancé une très grosse opération de rénovation d'une résidence universitaire de 434 logements sur notre campus qui comprend notamment une École d'Ingénieurs, un IUT de plein exercice, un STAPS pour un montant d'investissement de 13 millions d'euros ; puis, un peu plus tard, nous procédions à la remise de tablettes numériques à 133 élèves du collège Paul Eluard de Tarbes, collège situé en Réseau d'éducation prioritaire où l'Etat et le département font un effort considérable pour la réussite scolaire.
Les collectivités publiques s'engagent toujours, à un haut niveau, pour la formation de nos jeunes et il n'y a pas d'investissement plus intelligent.