mercredi 26 juin 2019

Il y a quelques jours, je tenais une conférence à Laurenan, près de Rennes, à l’invitation d’une association locale fort dynamique qui organise régulièrement dans ce petit village des débats sur des sujets de fond.


Merveilleuse démocratie citoyenne qui rassemble, d’ailleurs, beaucoup de monde . On m’avait demandé de plancher sur la transition écologique appliquée à l’agriculture. Et je me suis essayé à disserter sur une idée que j’ai empruntée à un haut fonctionnaire européen de nationalité espagnole qui l’avait abordée il y a quelques années lors des rencontres rurales de Marciac. Ce petit village gersois près de chez moi, est célèbre pour son festival de jazz. Mais on sait moins que lors de ce festival, des responsables de la ruralité, mêlant l’utile à l’agréable, organisent aussi de beaux débats citoyens sur celle-ci. 
Voilà donc cette idée :  sachant que le virage écologique, imposé par la transition climatique, se fera qu’on le veuille ou non, la vraie question est de savoir si cette transition écologique sera «  subie ou organisée ». J’ai le sentiment que cette question est centrale. En d’autres termes, j’affirme que si ce virage, cette transition n’est pas organisée, alors il faut craindre des retours en arrière politique et démocratique, presque civilisationnels, douloureux. 
Mon ami Jean-Noël Jeanneney me rappelait ces jours-ci les campagnes politiques de la droite au 19ème siècle, affichant cette idéologie selon laquelle «la nature est bonne par essence  et l’homme mauvais » ou bien, plus tard,  Petain et « La terre ça ne ment pas ». Dit autrement, j’ai la conviction autant que si on n’organise pas cette indispensable et incontournable transition par la RAISON et la RATIONALITE, alors on risque de s’imposer une nouvelle religion et son intégrisme obscurantiste rejetant, par exemple la culture scientifique au fin-fond de l’histoire. C’est quasiment un combat laïque qui s’annonce là puisqu'il s'agit bien de faire triompher la raison sur l'obscurantisme. La raison écologique contre l'obscurantisme écologique ....Mais j’y reviendrai dans ces pages.

mardi 25 juin 2019

De belles élections municipales à Istanbul ! 


Mon arrière grand-père paternel étant enterré à Istanbul, rien de ce qui se passe dans cette ville ne me laisse indifférent...
Et voilà qu’une bonne nouvelle politique nous arrive de là-bas : le parti du Président Erdogan ayant perdu, il y a quelques mois, les élections municipales de peu ( 13.000 voix sur 20 millions), ce dernier vivant cela d’autant plus comme un camouflet qu’il fut lui-même longtemps maire d’Istanbul, avait fait autoritairement annuler le scrutin pour de soi-disant fraudes électorales. Mal lui en  a pris car il est une vieille règle de la démocratie représentative qui fait qu’une élection annulée et refaite donne presque toujours le même résultat et, bien souvent, en l’amplifiant. C’est ce qui s’est passé ! Le candidat du Président Erogan a été battu ce week-end de 900.000 voix ! Un tel écart sur , je le répète, 20 millions d’inscrits a quelque chose de vraiment représentatif .
Camouflet renouvelé et amplifié pour le Président turc. Voilà qui réjouit tous les démocrates et les défenseurs du droit.
Reste à attendre pour voir si Erdogan en tirera les bonnes leçons ce qui, on en conviendra, n’est pas gagné d’avance.
Pour paraître un peu plus optimiste encore, je dirais même qu'à partir du moment où un dictateur reçoit un camouflet par les urnes, il n’est plus vraiment un dictateur....mais je reconnais que les milliers de prisonniers politiques de Turquie auront du mal à entendre ce point de vue....

mardi 18 juin 2019

Belle cérémonie d'hommage aux sauveteurs en mer disparus dans la tragédie des Sables d'Olonne.


Je connais bien la Société Nationale de Sauvetage en Mer car depuis des décennies, je compte les patrons de la vedette d'Arzon dans le Morbihan parmi mes amis. J'ai fait des sauvetages en mer avec eux et je les finance, modestement, chaque mois par mes dons. 
La SNSM est fondée sur le bénévolat . Mais ces bénévoles qui sortent en mer, qu'il pleuve ou qu'il vente, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, 365 jours par an pour venir en aide à des marins, qui sont à plus de 90% des plaisanciers en détresse, ne sont pas seulement des hommes courageux qui agissent au péril de leur vie, ce sont aussi de très grands professionnels, compétents et très entraînés. Et, j'insiste sur ce point, ils interviennent sans conditionnalité : quand l'alerte est donnée, comme les pompiers qui partent sur un incendie, comme les sauveteurs en montagne, ou nos valeureux militaires qui ont sauvé la vie de touristes au fin fond de l'Afrique, ils partent, courageusement sans se poser de question : qui sont ceux qu'ils vont sauver, qu'ont-ils fait pour se mettre dans cette situation, ont-ils été imprudents ? Ce n'est pas leur affaire. Leur affaire c'est de sauver. Et ils font leur devoir au service de leurs concitoyens, pour sauver des vies. Au péril de la leur. Comme les sauveteurs qui, en Méditerranée, sauvent des hommes, des femmes, des enfants directement menacés de noyade. Qui sont, peut-être, des immigrés illégaux, mais qui sont d'abord et avant tout des humains menacés de mort ...
Sauver la vie de leur prochain, telle est la belle et si noble mission de ces hommes, pour lesquels j'ai plus que de l'estime et du respect, une très grande admiration .
Reste un sujet annexe : la SNSM, parce qu'elle est une organisation privée fondée sur le bénévolat, est financée à 90% par les dons . Et elle manque de moyens pour renouveler plus vite et mieux sa flotte. J'ai entendu les engagements pris par le Président de la République pour pérenniser ce modèle, et j'approuve cet engagement. Mais si tous les plaisanciers de France, de plus en plus nombreux, et qui "bénéficient", chaque année un peu plus nombreux, des inestimables services de ces sauveteurs, donnaient quelques dizaines d'euros chaque année, le problème serait réglé...

Lu « Toucher terre » de Florence Besson paru chez Flammarion.


C’est un de mes fils et sa femme qui m’ont offert ce livre dont ils connaissent l’auteure . 

Le récit autobiographique d’une femme, journaliste dans un grand hebdomadaire féminin, qui décide de tout plaquer pour vivre un retour à la terre, un peu sur le mode « écolo-post soixante-huitard »... retour à la terre mais pour une agriculture paysanne et surtout pas l’agro-industrie !! Seulement voilà : il faut passer des examens pour devenir agricultrice ... et la vie est dure... le dos qui hurle .. et l’homme de sa vie, à Paris, lui manque terriblement. Mais elle s’accroche à son rêve : créer une ferme pédagogique pour transmettre. 
Le livre n’est pas un monument de littérature, c’est très journalistique et écrit dans la langue parlée. Puriste du français classique s’abstenir. Mais c’est vivant et parfois attendrissant.

lundi 10 juin 2019

Les sociaux-démocrates danois viennent de gagner leurs élections législatives.


Après nos amis espagnols et portugais, ils sont la preuve tangible que la social-démocratie européenne n'est pas morte, contrairement à ce que peuvent raconter tous ces commentateurs inventés par les chaînes d'information.
Et ça marche : au Portugal, par exemple, le gouvernement procède à des redistributions de justice sociale très conséquentes tout en maintenant la compétitivité de l'économie.
Et en France....rien. Rien ne se passe. Le Parti Socialiste français se glorifie presque d'avoir obtenu, aux européennes, un score " moins grave que si ça avait été pire". Ses dirigeants, son premier secrétaire n'en tirent aucune leçon et nous sommes nombreux à en désespérer. Au moins, à Droite, avec deux points de plus pourtant, l'échec électoral a entraîné une démission ! Un minimum de sens des responsabilités. À Gauche, rien.
Depuis la déroute d' il y a deux ans, quel chantier ouvert ? Quel travail effectué ? Quelles idées nouvelles avancées ? Ne comprennent-ils pas que c'est par le fond , le travail de fond, le fond des idées et des propositions que l'on pourra reconstruire ? 
Qui relèvera ce défi ? Il y a urgence.

mercredi 5 juin 2019

Michel Serres


J'ai déjà dit dans ces lignes la tendresse que je portais à Michel Serres même si, je le reconnais, son dernier livre m'avait beaucoup déçu. 
Mais maintenant que je sais que ce livre fut le dernier de sa vie, écrit et publié quelques mois avant sa mort, je porte un autre regard, plus indulgent . J'aimais beaucoup cet homme que j'ai rencontré il y a une vingtaine d'années quand il avait accepté mon invitation à venir débattre avec quelques amis, et nous avions découvert nos points communs : l'amour du Sud-ouest et du rugby, l'expérience de la navigation en mer, la passion de la transmission..... J'ajoute que cet homme était foncièrement chaleureux . Et qu'il avait un goût particulier, presque jubilatoire, pour les formules simples et pédagogiques. 
Cet ancien officier de marine était devenu philosophe et, en même temps (voyez comme je me mets à la mode...), passionné par les nouvelles technologies et la modernité. Un philosophe rayonnant de son temps qui nous était devenu familier. Je salue chaleureusement sa mémoire.

mardi 4 juin 2019

Lu "La Bibliothèque enchantée" de Mohammad Rabie, roman traduit de l'arabe égyptien par Stéphanie Dujols et paru chez Actes sud.


Un de mes amis m'a offert ce livre d'un auteur que je ne connaissais pas et qui,
dit-on, est un écrivain égyptien très prometteur ayant déjà remporté quelques prix littéraires. C'est l'histoire d'une drôle de bibliothèque du Caire sur laquelle un jeune fonctionnaire doit faire un rapport car elle doit être détruite pour laisser passer le métro.
Curieuse bibliothèque où les livres ne sont ni enregistrés ni répertoriés, ni classés ni sécurisés. Curieuse bibliothèque fréquentée par de curieux personnages .
Original, le livre qui n'a pas de fil véritable puisqu'il ne raconte pas une histoire, est un livre d'ambiance. Un peu ennuyeux peut-être.

Autant le dire, j'ai été heureusement surpris de la décision de l'Etat de se pourvoir en cassation sur la décision de la Cour d'appel de Paris ayant ordonné la reprise des soins de Vincent LAMBERT.
Je me suis tu dans ce douloureux épisode. Parce que je ne pensais qu'à cet homme, seul sur son lit d'hôpital, et dont l'intimité était étalée, étalée et interprétée, au grand jour par une partie de sa famille et des avocats sans scrupules.
Je me suis tu parce que je pensais à la femme de Vincent Lambert , si dignement silencieuse dans ce tumulte qui devait en rajouter à sa douleur.
Je me suis tu bien que ma colère fût grande de voir la religion, quelle qu'elle soit, chose si intime, et qui doit absolument rester intime, vouloir l'emporter sur les lois de La République laïque.
Je me suis tu mais je ne comprenais pas : l'amoureux du droit que je suis ne comprenait pas comment, dans notre hiérarchie des normes juridiques, la référence à un avis non contraignant d'un comité de l'ONU pouvait l'emporter sur une décision, contraignante elle, de la Cour de Justice Européenne.
Alors je me réjouis de cette décision de l'Etat qui va peut-être, je l'espère, me permettre de comprendre, de remettre la chose juridique à l'endroit, et de mettre fin à ce feuilleton indigne d'un pays civilisé comme le nôtre.