lundi 29 février 2016

Fawzia Zouari

La romancière franco- tunisienne Fawzia Zouari prend la défense de l'écrivain algérien Kamel Daoud et appelle de ses vœux un nouveau discours à Gauche affranchi de la peur de l'accusation d'islamophobie.
C'est dans Libé ce matin.
Nous avons besoin de plein de Kamel Daoud et autant de Fawzia Zouari ! 

Pour convaincre que, contrairement à ce que pensent la droite extrême et l'extrême droite, l'islam a toute sa place dans notre société, mais que, contrairement à ce que pensent l'extrême-gauche et une trop grande partie de la gauche, cette place ne peut être payée du prix de l'abandon de notre liberté de critiquer l'islam comme toute autre religion ou idéologie, de notre liberté de dénoncer et combattre son intégrisme violent et de notre volonté de défendre nos droits fondamentaux et, notamment, l'égalité entre les femmes et les hommes.

Harper Lee

Harper Lee, la romancière américaine est morte la semaine dernière. Elle aura laissé essentiellement ce premier livre, un roman, mais quel livre ! "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", écrit en 1960 et qui reçut le prix Pulitzer en 1961, est devenu un livre culte, vendu à plus de 30 millions d'exemplaires à travers le monde. Un succès incroyable. Je ne l'avais pas lu, alors je l'ai fait après le départ de son auteure. Une petite ville de l'Alabama au milieu des années 30, en pleine crise, théâtre d'un racisme "ordinaire", où un avocat, veuf et père de deux jeunes enfants, se tient droit et debout. Ça n'a pas pris une ride.
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vendredi 26 février 2016

"Réforme El Khomry" sur le code du travail


Ça y est ! Le modeste parlementaire de base que je suis à enfin reçu, hier soir,  le texte dit " réforme El Khomry" sur le code du travail, dont Michel Sapin a parfaitement raison de dire qu'il n'est qu'un "avant-projet" , qui ne deviendra "projet de loi" que lorsqu'il sera adopté par le Conseil des Ministres, et loi définitive quand elle sera adoptée par le parlement dans plusieurs mois.


Premier constat : le texte est long, compliqué, ésotérique. Stylo en main, il me faudra des dizaines d'heures pour le digérer. Je redis donc mon admiration sans limite pour ceux qui le qualifient d'une formule ou d'un qualificatif. Comme je ne doute pas une seconde qu'ils l'aient lu et travaillé longuement, c'est qu'ils ont une capacité de synthèse éblouissante. Bravo !


Deuxième constat : ce texte n'est pas un texte de "régression sociale généralisée et systématique" comme je l'ai lu ça et là.  Il contient notamment des choses sur la sécurisation des parcours professionnels qui vont dans le bon sens. Celui du progrès social.


Troisième constat : ce texte contient aussi, hélas, des choses inquiétantes et , à certains égards, dangereuses. Je pense par exemple au plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement, à la redéfinition du licenciement économique ou bien au pouvoir des chefs d'entreprise pour l'organisation du temps de travail. Il faut corriger ça. Si la négociation sociale avec les syndicats ne le permet pas, ce qui serait étonnant et dommage, ce sera à nous parlementaires de le faire.

Au boulot!

mercredi 24 février 2016

Une pétition " contre la loi El Khomri sur la réforme du code du travail " (je mets des guillemets à dessein) a recueilli 300 000 signataires sur le net.


Aussitôt, ses initiateurs sont invités dans tous les médias. Mais personne ne leur pose la question : la réforme, quelle réforme ? Aurais-je l'outrecuidance de vous préciser que le pauvre petit parlementaire que je suis n'a pas, à ce jour, été destinataire du projet ? Madame Caroline De Haas, personne sûrement très respectable, m'explique sur tous ces médias toutes les horreurs que contiendrait cette loi, mais je suis dans l'impossibilité de lui répondre : vrai ou faux ? Intox ou pas ?

La réalité, c'est que si le Parlement n'est pas informé, c'est que le gouvernement lui- même n'a pas achevé son projet. Ce sera fait début mars me dit-on.

Ensuite, le Parlement fera son travail d'analyse et d'amendement et on en reparlera. Et je fais le pari qu'une fois tout ce travail fait, les "horreurs" auront disparu. Parce que les députés de gauche ne sont pas devenus "de droite ", contrairement à ce que dit cette honorable pétitionnaire.

Reste à comprendre pourquoi tout ça : le gouvernement aurait-il été maladroit? Franchement, vu son professionnalisme, on a du mal à l’imaginer. Une " fuite" sur une version intermédiaire aurait-elle été savamment orchestrée ? Dans quel but ? On connaît les adeptes du jeu à se faire peur. Jouer à se faire peur, ça aide à se faire connaître, à flatter le narcissisme. Mais ça n'apprend pas la patience et la sagesse. Retenez mon pari. 

C'est fou ce que le net excite la démocratie quand elle a besoin d'apaisement.


Vu " les chevaliers blancs",


le film de Joachim Lafosse avec Vincent Lindon, Valérie Donzelli, Louise Bourgoin et Reda Kateb.
Un film tourné sur une histoire vraie, celle de cette ONG qui, il y a quelques années, voulut récupérer 300 orphelins en Afrique pour les ramener à des familles d'adoption en France, au mépris de toutes les réglementations internationales.
On est tellement ahuri devant l'irresponsabilité de ces pieds nickelés qu'on en oublie le film.

lundi 22 février 2016

Remaniement

Pour en finir avec ce remaniement raté, lisez la déclaration convaincante de Edouard Baer sur son Facebook. Il dit quoi ? Il dit qu'après les événements terribles de 2015 et la réaction magnifique du peuple français, nos dirigeants avaient fait serment que plus rien ne serait "comme avant" et qu'ils avaient l'ardente obligation de rester à la hauteur des enjeux. Et il ajoute : et ce remaniement politicien, c'est à la hauteur ? Poser la question c'est y répondre. Mais ce cri du cœur d'un artiste, qui n'a pas pour habitude de dire des choses graves dans le débat public, doit être entendu.

Débat sur la laïcité

Pour continuer le débat sur la laïcité, lisez attentivement ce qu'écrit Kamel Daoud dans le Monde et repris dans un article intéressant de Sara Daniel dans l'Obs. L'écrivain algérien y dit son étouffement entre deux totalitarismes intellectuels, celui des djihadistes de Daesh d'une part, et celui des islamo-gauchistes qui crient à l'islamophobie dès que s'exprime la moindre critique à l'égard de l'islam salafiste pourtant destructeur des droits des femmes, notamment. Déjà, une pétition d'intellectuels engagés sur ces bancs-là dénonce l'absence de rigueur scientifique de Kamel Daoud. D'où mon cri de colère : " Oh la !! Il n'est pas docteur honoris causa de l'université, c'est un écrivain qui parle avec son cœur !! Il a une fatwa lancée contre lui et on l'accuse d'islamophobie ?!? Où va le débat public..."

Film "Les innocentes"


Vu " Les innocentes", film d'Anne Fontaine avec Lou de Laâge. Un couvent en Pologne à la fin de la deuxième guerre mondiale, des bonnes sœurs violées par des soldats russes, des grossesses cachées, reniées par la supérieure du couvent, de la détresse humaine à haute dose. Et là dedans, une jeune interne de la Croix Rouge, magnifiquement jouée par Lou de Laâge, va apporter de l'humanité. C'est lourd, très lourd et très beau.

samedi 20 février 2016

Remaniement gouvernemental


On me presse de toutes parts de commenter et préciser ce que j'ai déclaré hier dans une émission de radio et de télé d'un grand quotidien national, lorsque j'ai dit  que " ce remaniement gouvernemental avait un parfum délétère de quatrième république ". J'avais ajouté que "ce parfum tenait à ce mélange de dosage politicien, de débauchages, d'incohérence politique et d'absence de légitimité démocratique ". Je le maintiens bien sûr . Mais comme le journaliste m'a fait dire des choses que je n'ai pas dites, ce que je ne lui reproche pas car il a eu l'honnêteté de ne pas les mettre entre guillemets, je veux préciser que je n'ai pas cité de noms !! Je m'en suis tenu à des principes que je crois républicains et sûrement pas à des mises en cause personnelles.
Mais pour être mieux compris, je vais citer des noms, et ce ne sont pas les mêmes que ceux évoqués par l'auteur de l'article : au nom de ces principes républicains, je ne suis pas du tout choqué par l'entrée au gouvernement de femmes de qualité comme Erika Bareigt ou Barbara Pompili, d'abord pour leurs qualités, ensuite parce qu'elles ont été élues députées en 2012 au suffrage universel, enfin parce qu'elles ont été loyales à l'égard du gouvernement dans les votes importants de ces derniers mois.
Mais quand d'autres personnalités nommées ne respectent aucun de ces deux critères, la légitimité démocratique et la cohérence politique, je m'inquiète pour la République.
A en croire les messages que j'ai reçus depuis ma déclaration, tant dans les rangs des parlementaires qu'au-delà, il me semble que je ne suis pas le seul. Et ça me rassure. Un peu...

jeudi 18 février 2016

Jérôme Bel-Benjamin Millepied -Jerome Robins à Garnier



Vu le spectacle Jérôme Bel-Benjamin Millepied -Jerome Robins à Garnier.
Le premier est une sorte d'insulte à la création sauf à tomber dans ce snobisme de ceux que l'originalité et les ruptures font rêver. L'idée de faire monter sur scène une caissière de supermarché, une infirme sur un fauteuil roulant et une femme très âgée peut très bien se concevoir. Ça a du sens socialement. Mais à condition de ne pas les montrer pour les montrer, comme si la démarche se suffisait en elle-même . Donc à condition de les aider à s'élever par la création. Mais là , rien,rien qu'une sorte de provocation obscène qui apparaît au bout du compte comme une insulte à ces trois personnes.
Pour finir, le ballet de Jerome Robins est long, très long et ne décolle que dans sa troisième partie. Quand Marie-Agnes Gillot entre en scène par exemple. Tout le reste estrepetitif et ennuyeux. Entre les deux, la dernière création de Millepied. Si j'ose dire, le meilleur dans les sandwichs, c'est ce qu'il y a au milieu. Gagnant ! Sur la très belle sonate de Beethoven, la passionnata, trois couples s'expriment avec une très belle harmonie, une très belle esthétique. C'est nickel-chrome et bien léché comme toujours avec Millepied. Mais sans aucune émotion.

" La nuit de feu" de Eric-Emmanuel Schmitt



Lu " la nuit de feu" de Eric-Emmanuel Schmitt chez Albin Michel. J'aime bien cet auteur contemporain très prolixe, parce qu'il est simple, sympa, facile à lire et bourré d'humanité . Parfois un peu léger mais ça n'est pas insupportable. Il nous raconte ici sa rencontre, ou plutôt la rencontre de son héros, un jeune maître de conférence en philosophie, avec Dieu , oui, rien que ça, lors d'un trek dans le désert du Hoggar. Une nuit étoilée, le jeune homme égaré, perdu par le groupe, se met à l'abri du froid en s'en terrant dans le sable et parvient à vaincre ses angoisses grâce à cette révélation apaisante. Mais cette rencontre, cette révélation débouche surtout sur un hymne à l'agnosticisme, une glorification du doute philosophique face à tous les " bardés de certitudes". Amoureux du déserts, adeptes des lectures faciles, tenants du doute philosophique, lisez ce livre, vous ne risquez rien ....

lundi 15 février 2016

Vu au théâtre des Folies Bergères,


  " Je t'ai rencontré par hasard" de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, spectacle chorégraphique créé et dansé par eux-mêmes.
J'ai déjà écrit dans ces lignes l'admiration que j'éprouve depuis tant d'années pour l'ancienne étoile de l'Opéra et l'amitié qui me lie à ce couple créatif et sympa qui se bat, souvent seul, sans l'aide des institutions aveugles et sourdes, avec le courage de ceux qui ont la passion.
Ils se sont connus au ballet national de Marseille, il y a déjà longtemps, dont les mêmes aveugles racontent que ce fut un échec pour Pietra, sans avoir regardé de près  comment avait évolué le répertoire dudit ballet, et sans avoir imaginé à quel point leur rencontre fut riche. PIETRA,  on la connaît et on ne s'en lasse pas. Elle est devenue actrice autant que danseuse et ça ne gâche rien. Quant à Julien dont on parle trop peu, il est devenu un très, très grand danseur. Rien que ça.

Ils nous livrent là un beau spectacle sur le couple, les couples, l'intimité des couples, drôle, émouvant, varié.
Un spectacle très abouti.


lundi 8 février 2016

Lettre ouverte à Cécile Duflot


Chère Cécile,


 Je sais bien qu'après avoir évoqué Vichy dans le débat sur la déchéance de nationalité, tu as aussitôt précisé " il ne s'agit pas de faire des parallèles hasardeux " et  que, si on te cite, il faut citer les deux phrases. Mais c'était trop tard ! Car ton intervention n'était pas hasardeuse, elle ! Et tu as cité Vichy dans le débat sur la déchéance de nationalité, pas dans celui sur la fin de vie...


Alors, je veux te dire une chose simple : mon père est un vieux soldat, blessé 3 fois par les allemands et qui porte dans son corps les traces des balles, obus et grenades des allemands. Il m'a éduqué dans cette culture-là, celle du courage et de la Résistance. Et ton parallèle, hasardeux ou pas, est une insulte à tous ces hommes car c'est une manière de réhabiliter Vichy. 


Je ne veux pas m'acharner contre toi car je n'aime pas les déferlements contre les boucs-émissaires. Mais tu devrais t'excuser. Pour eux.

Vu " les saisons" film-documentaire de Jacques Perrin.


Après ses chefs d'œuvre sur les océans ou les oiseaux migrateurs, Perrin nous livre un hymne à la forêt. La forêt, poumon du monde mais poumon menacé depuis longtemps.

C'est beau, très beau, et très convaincant. Même s'il y a moins d'émotion que dans ses précédents films. Perrin est vraiment un magnifique plaideur de la cause écologiste. J'allais dire" la vraie"...

vendredi 5 février 2016

Le départ de Benjamin Millepied

Le départ de Benjamin Millepied de l'Opéra de Paris : il en reste 998 !!
Quand j'ai appris, il y a un peu plus d'un an, le choix de Benjamin  Millepied pour succéder à Brigitte Lefèvre à la direction de la danse de l'Opéra de Paris, j'ai dit ma dubitativité : je ne repoussais pas l'idée de la nouveauté, de l'ouverture des fenêtres, de la modernité, mais j'étais plus rétif à la fascination pour le modèle américain et pour les phénomènes de mode.
J'ai observé de près les premiers pas de Millepied à l'Opéra et ils ne m'ont pas sorti de ma dubitativité  : changer les parquets de danse pour épargner physiquement les danseurs, prôner un suivi médical, introduire la kiné, très bien ! Mais la première création du chorégraphe m'avait laissé froid : bien léché mais sans émotion. Et le discours visant à promouvoir les sujets aux dépens des étoiles me paraissait démagogique : l'amateur passionné que je suis continue à trouver bêtement qu'une étoile danse mieux qu'un sujet, question d'expérience et de travail sans doute ...
Enfin, vint un épisode récent, avec un reportage long et très bien fait de Canal Plus sur le directeur de la danse, quelques mois après sa prise de fonction. Et ce reportage, aussi bien fait qu'il ait été, a eu des conséquences désastreuses pour lui : la vedette, la star, c'était lui ! Quand nous sommes nombreux à penser que la vraie vedette, la vraie star, c'est ce corps de ballet exceptionnel, l'un des meilleurs du monde si ce n'est le meilleur, ce sont ces danseuses et ces danseurs qui se plient depuis des années à une discipline terrible et perpétuent une tradition d'une qualité exceptionnelle. Cette captation de lumière avait quelque chose de malsain. Suivaient quelques propos dérangeants et parfois choquants sur le thème " la danse, ça n'est pas ça, la danse ça doit être un plaisir " comme si l'Opéra était un bagne, comme si la discipline et le travail n'étaient pas la clef de l'excellence, comme si celle-ci n'était pas à la base du vrai plaisir...
J'ai entendu bruisser, à travers les murs de l'opéra, les murmures et les réactions des " bagnards" et ils ne m'ont pas étonné. Le résultat était écrit.
Voici donc Aurélie Dupont promue directrice. 6 mois après son départ à la retraite à la fin d'une carrière de danseuse exceptionnelle. Compte tenu de son parcours dans cette maison, elle ne fera sûrement pas les mêmes erreurs. Aura-t-elle le sens du management et les qualités humaines pour réussir ? Souhaitons-le ...

mercredi 3 février 2016

Johnny Halliday à Bercy


Johnny Halliday à Bercy. Il a passé les 70 berges mais il est vaillant le type !
J'ai dû le voir 20 ou 30 fois sur scène depuis 50 ans mais je crois que je ne l'avais jamais entendu chanter autant de rocks dans une même soirée. Et je l'avoue, j'aime ca...

Tout fout le camp


Hier matin, par la fenêtre de ma salle de bains, je vois....un vol de palombes. En février !
Tout fout le camp...
Une heure après, mon copain Gaston, le héron cendré souvent posé dans un champ entre Nouilhan et Vic-en-Bigorre, et que je salue toujours d'un discret coup de Klaxon, est absent. Je le retrouve quinze kilomètres plus loin, vers Bazet. Je vous dis que tout fout le camp !
Lu "Piège d'identité" de Gilles Filchenstein, paru chez Fayard. Gilles , qui est un copain, dirige la Fondation Jean Jaurès , fondation de recherche du PS chère à Pierre Mauroy, où il fait du bon travail. Il fut le collaborateur de DSK  et Moscovici, ce qui prouve que tout le monde peut se tromper et que son sens politique peut encore progresser. Mais  c'est un intellectuel engagé qui se pose de bonnes questions du genre " qu'est-ce qu'être français en 2016?" , " le clivage droite-gauche est-il encore pertinent ?"  ou bien " Peut-on construire un consensus républicain autour de la laïcité ?"  ( il faut qu'il en parle à Bianco...), " Autour de l'immigration ?" ...
Ici, il prend acte du fait que la prochaine élection présidentielle se jouera sur le thème de l'identité, thème qu'il aborde pertinemment comme Fernand Braudel et son identité française et non pas comme l'infernal couple Sarkozy-Besson et leur identité nationale.
Et il rêve de marier identité et égalité en définissant l'identité française comme l'équilibre entre la République laïque et le modèle social, ce qui ne manque ni de pertinence ni d'ambition. Bon, le livre jongle audacieusement avec les concepts et c'est toujours intéressant. Si j'ai un reproche à faire à Gilles, c'est ce que j'appellerais son côté " Havas " c'est à dire la tentation d'user de formules communicantes pas  toujours assez approfondies. Mais ça rend le livre  plus facile à lire!

lundi 1 février 2016

Laïcité : les 4 fautes de l’Observatoire

L’Observatoire de la Laïcité créé opportunément il y a trois ans par le Président de la République traverse une grave crise.
Ce qui doit nous importer c’est le débat d’idées et l’efficacité de l’action publique au service de la République. C’est parce que je m’inscris dans cette optique que j’ai refusé de signer la pétition –exprimant pourtant une exaspération légitime- demandant la démission de Jean-Louis Bianco : là n’est pas la question et une démission ajouterait de la crise à la crise ; la question tient au fond des choses.
Sans agressivité aucune, avec le souci de faire progresser le débat, je veux regarder lucidement les quatre fautes de l’Observatoire de la Laïcité : une faute juridique, une faute déontologique, une faute politique et une faute morale.
  • La faute juridique. Le Président de l’Observatoire dit « nous sommes indépendants, le Premier Ministre n’a pas à s’exprimer sur notre action ».
Un observatoire placé, selon l’article 1 du décret le créant « auprès du Premier Ministre » et chargé de « conseiller le gouvernement » serait indépendant ?
Un observatoire dont la composition réunit, outre des parlementaires et des personnalités qualifiées, plusieurs représentants des ministères serait indépendant ?
Je me souviens que, du temps de Jean-Marc Ayrault, à propos du dossier Baby-Loup, le Président de l’Observatoire avait fait arbitrer Matignon pour que tous les fonctionnaires présents votent dans son sens ! Bonjour l’indépendance…
Voilà déjà une bonne raison pour laquelle le « rappel à l’ordre » de Manuel Valls était bienvenu.
  • La faute déontologique : l’Observatoire étant « divers », il m’apparaît qu’il devait s’en tenir à une certaine neutralité, un certain devoir de réserve :
Loin de ça, l’Observatoire se mêle d’un débat public, signe des pétitions, condamne... Et voilà le pire : la crise éclate à propos d’un tweet de son rapporteur général critiquant Elisabeth Badinter pour une intervention respectable sur une radio publique. J’avais attiré l’attention de Bianco sur le double risque des tweets : 140 signes pour traiter de sujets si sensibles et complexes ajoutés à la tentation de « faire le buzz », c’était tellement risqué que ça courait droit à la catastrophe. Nous y sommes.
J’ajoute, et je le maintiens avec fermeté qu’il me semble que ça n’est pas la mission d’une institution de la République, quelle qu’elle soit, de polémiquer avec une intellectuelle honorable, quelle qu’elle soit, a fortiori sans en avoir délibéré collectivement. La République ce sont aussi des principes de comportements, des interdits qu’il faut rappeler de temps en temps. Deuxième bonne raison du rappel à l’Ordre du Premier Ministre.
  • La faute politique. Continuons à être clair : les responsables de l’Observatoire voudraient nous faire croire qu’il s’agirait du retour du débat de 1905 entre Aristide Briand, tenant de la liberté de conscience et Combes, l’antireligieux célèbre. Aujourd’hui, entre l’Observatoire et les « intégristes laïques » qui voudraient interdire aux religions de s’exprimer sous quelque forme que ce soit dans l’espace public.
Cette présentation des choses est caricaturale et fallacieuse. D’abord parce que je ne sais pas ce qu’est un « intégriste laïque » quand il s’agit d’affirmer la plus belle de nos libertés, la liberté de conscience. Le « laïcisme intégriste » est un concept artificiel inventé pour combattre, en les dévaluant, les défenseurs d’une laïcité sans adjectif.
Ensuite parce que je me sens aussi proche d’Aristide Briand (et de Ferdinand Buisson ! et de Jaurès !) qu’éloigné du père Combes et que je ne me reconnais donc pas dans cette présentation.
De quoi s’agit-il ? La Gauche républicaine et laïque depuis plus d’un siècle a toujours été traversée par deux courants de pensée : l’un plus attaché aux droits de l’homme et à la diversité ; l’autre plus républicain, attaché à l’unité et au commun. Comme le dit Régis Debray dans Le Monde du 27 janvier « qu’il y ait dans notre tradition, deux gauches comme il y a trois droites, cela s’apprend en 1ère année de Sciences Po » ! Pour moi être socialiste, c’est conjuguer les deux, c’est tenir les deux bouts de la chaîne, qui réunit ces deux courants qui sont, l’un et l’autre, authentiquement de gauche. Car la Laïcité, c’est le respect des spécificités ET leur dépassement, c’est la conjugaison de la diversité ET l’unité, ce sont les droits ET les devoirs.
Si l’on oublie le « ET », on ampute la laïcité : le communautarisme respecte les différences ! Mais il ne cherche pas à les dépasser…
Or, depuis la création de l’Observatoire de la Laïcité, son Président n’a cessé de dresser ces deux familles l’une contre l’autre et, pour être plus précis, pour donner systématiquement raison à l’une contre l’autre. On aura deviné laquelle.
Là est la faute politique car cela divise le monde laïque. Et toute division est un affaiblissement. Troisième bonne raison pour Manuel Valls…
  • Reste la quatrième faute, qui touche à la situation de notre pays en ces heures douloureuses. La France est en guerre avec un intégrisme religieux particulier, l’intégrisme islamiste, le fanatisme djihadiste de barbares qui assassinent nos fils et nos compagnes jusque dans nos rédactions, nos épiceries, nos bistrots et nos salles de spectacles et qui menacent à présent jusqu’à nos écoles et nos enseignants. Face à cette agression terrible, il faut avoir les idées claires et les paroles justes.
Nous, Républicains, laïques et progressistes ne pouvons pas répondre à un amalgame par un autre !
Face à l’amalgame irresponsable et dangereux du Front National devant l’Islam et les musulmans, les assimilant à un danger global et indistinct, nous ne devons pas répondre par un autre amalgame sur le thème « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » !
Ne qualifions pas le Front National de tenant d’une « laïcité dure » alors qu’il n’est pas laïque du tout, pour inventer je ne sais quelle « laïcité molle » par souci de se différencier de lui. Soyons la laïcité tout simplement.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde » disait Camus et, justement, la démocratie ce n’est pas l’amalgame, c’est la différenciation. Notre devoir, c’est aujourd’hui de distinguer, de différencier l’immense majorité des musulmans de France qui sont républicains et laïques, et qu’il faut aider, d’une minorité d’intégristes, fanatiques et dangereux qu’il faut combattre.
Notre devoir c’est de critiquer l’islam, comme toute autre religion, non pas par principe mais quand il porte atteinte aux droits universels et, notamment à l’égalité hommes-femmes.
Il n’est pas indifférent que ce débat explose après qu’Elisabeth Badinter ait justement démontré que le concept d’islamophobie a été inventé, construit et promu par les intégristes musulmans et leurs prédicateurs obscurs pour coaliser les musulmans de France autour d’eux en leur faisant croire que la République et la Laïcité seraient antireligieux. « Il n’y a rien à espérer de la République, elle nous combat, elle nous empêche de croire librement » veulent-ils convaincre. Avant de convaincre de l’étape suivante…
Ce raisonnement d’Elisabeth Badinter a été, avant elle, fort bien démontré par Gilles Kepel dans son dernier ouvrage ou par Caroline Fourest et Fiammetta Venner dans leurs travaux depuis plus de 10 ans. Ou bien –encore lui !- Régis Debray qui disait cette semaine que « le chantage à l’islamophobie est insupportable ».
C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe si c’est le prix à payer pour être libre de dénoncer ce stratagème mortifère. Si c’est le prix à payer pour être efficaces dans notre lutte sans merci. Allons ! Serons-nous assez aveugles pour ne pas voir que l’islam radical mène, contre la laïcité, le même combat que l’église catholique en 1905 ?
Et c’est pourquoi il peut être dangereux de signer des textes avec des personnalités et des organisations, notamment religieuses, qui ne s’étaient pas manifestées après les attentats de janvier parce qu’elles pensaient à voix à peine basse que ceux de Charlie « l’avaient bien cherché » en se permettant de critiquer et de caricaturer une religion, les religions, bref en se permettant d’être libres. Pourquoi ces appels, pourquoi ces signatures aujourd’hui et pas hier ?
Etre laïque aujourd’hui ça n’est pas tout accepter des religions sous prétexte que la laïcité n’est pas et ne sera jamais antireligieuse. C’est être critique et exigeant avec elles, notamment pour qu’elles se démarquent sans ambigüité de leurs intégrismes respectifs. C’est ainsi qu’elles montreront leur fidélité à la République.
Ces questions il faut se les poser et y répondre clairement, hors de toute confusion. Il est temps de réparer ces quatre fautes et de se remettre au travail avec le seul souci du rassemblement dans la clarté pour le meilleur service de la Laïcité.

Christiane Taubira a donc quitté le gouvernement et contrairement à la droite et même certains de ces " frondeurs" que j'ai vus se réjouir cette semaine de ce nouvel affaiblissement de l'Exécutif, je ne m'en réjouis pas.

Christiane et moi avons été élus pour la première fois lors de la grande débâcle de la Gauche en 1993 et même si elle n'était pas clairement inscrite dans les rangs de la Gauche à cette époque, ça crée des liens. Liens renforcés encore, un an plus tard, en 1994, quand nous avons vécu ensemble une formidable mission parlementaire d'observation des premières élections libres en Afrique du Sud, marquant la fin de l'Apartheid sous l'égide  de Mandela.

Depuis, une belle amitié nous lie, même truffée ça et là de divergences politiques : l'élection présidentielle de 2002 en fut une et pas la moindre.

Quand, sous cette législature, Christiane a fait l'objet, de la part de la droite, la droite extrême et l'extrême droite, d'attaques odieuses, j'ai été le premier à me lever à l'Assemblée pour crier ma colère.

Aujourd'hui, donc elle part. Elle ne meurt pas, elle part du gouvernement. Sur un désaccord politique majeur dit-elle, que je lui demanderai de m'expliquer car le paradoxe veut que ce départ se fasse au moment où la référence aux binationaux dans le texte sur la déchéance de nationalité disparaît ....

Christiane quitte le gouvernement mais sera toujours présente dans la vie et le débat politique. Tant mieux.

A peine est-elle revenue dans ce débat qu'elle donne une formidable leçon de dignité politique, refusant de polémiquer et réaffirmant sa loyauté au Président. Quelle élégance ! Et quel camouflet pour tous ceux qui, ces dernières années, se sont mis à taper à bras raccourcis sur le gouvernement auquel ils appartenaient, à peine l'avaient-ils quitté !!

Merci Christiane de leur montrer, de nous monter qu'élégance et dignité ont encore leur place dans le débat public.

Jacqueline Sauvage - est-ce le nom de son mari ? Auquel cas il portait bien son nom...- est cette femme qui a été condamnée à 10 ans de prison pour avoir tué son mari après 47 années de viols subis par elle et ses filles, de coups reçus, de violence conjugale et familiale insupportable.
Elle a déjà fait 3 ans ou 3 ans et demi de prison et le Président l'a graciée pour ce qu'il lui  reste  à faire. Franchement, il a bien fait. On voudrait être sûr qu'elle n'a pas déjà trop fait de prison...