jeudi 26 octobre 2017

Les USA vu de deux angles cinématographiques différents , voire opposés :

- dans " The finest hours " ( qu'on peut traduire par " les heures glorieuses") , le film de Craig Gillepsie qui date de 2016, on admire le récit d'une histoire vraie, celle de l'équipage d'un canot de sauvetage des Coast Guards du Cap Code dans le Massachuset qui, en 1952, lors de la pire tempête qui ait frappée les Etats-Unis ces dernières décennies, ont réussi l'exploit de sauver 32 hommes d'un pétrolier coupé en deux par la tempête. Exploit ahurissant. Images de mer déchaînée impressionnante. Effets spéciaux bien foutus. Une belle histoire de dévouement et de courage. ( j'ai vu ce film lors du festival " Ciné salé" du film de mer et de marins au Havre, où j'étais allé débattre des reflets d'argent de la mer et dédicacer mon dernier livre; joli festival , initiative heureuse de gens passionnés)
- Et dans " Detroit", le film de Kathryn Bigelow , sorti cette année, est évoquée une autre histoire vraie, celle des émeutes de 1967, où la population noire s'est rebellée contre les comportements racistes, violemment racistes, meurtrièrement racistes de la police locale. Des scènes insoutenables de racisme primaire. Une envie de vomir
C'est le même pays ! 
Excessif en tout.
Fascinant pour ses exploits, détestable pour ses dérives et ses excès.

lundi 16 octobre 2017

Alma de JMG Le Clezio

Oui, il faut lire " Alma" , le dernier roman, paru chez Gallimard,  de notre prix Nobel de littérature ( je dis "notre" comme tout français fier de ses écrivains..), JMG Le Clezio. 
Il faut le lire parce que c'est de la bonne littérature, de la très bonne. De la belle écriture, un langage riche, une syntaxe originale. Il faut le lire qu'on connaisse l'Ile Maurice pour s'y replonger, ou qu'on ne la connaisse pas - ce qui est mon cas, à mon plus grand regret, et qui mérite vraiment réparation !- pour la découvrir . Pour admirer sa géographie,  la mer et ses lagons turquoise, mais surtout la forêt si dense, riche, puissante. Pour apprécier sa Culture, mélangée, métissée. Pour s'émouvoir de cette histoire douloureuse, celle de l'esclavage et de la traite des noirs. 
Un livre d'ambiance construit intelligemment et tout en sensibilité autour de deux héritiers lointains d'une même famille, l'européen éduqué qui revient sur la terre de ses ancêtres pour comprendre, et " Dodo" le vagabond qui porte le nom de l'oiseau géant et mythique de l'île , mi clochard-mi artiste, simple d'esprit au visage dévoré par la lèpre. Le dialogue à distance de ces deux sensibilités et d'une grande beauté.

samedi 7 octobre 2017

Le moment Macron de Jean-Noël Jeanneney

Il faut lire " Le moment Macron" de Jean-Noël JEANNENEY, qui parait ces jours-ci au Seuil mais que l'auteur a eu l'amitié de m'offrir en primeur et que j'ai dévoré avec ravissement avant de le relire stylo en mains. Il faut le lire non pas parce que son auteur est mon ami et qu'une vieille complicité politique et personnelle me lie à lui, ce qui ne suffit pas, j'en conviens , à assurer une qualité littéraire et culturelle au- dessus de la moyenne. Encore que...
Non, il faut le lire parce que c'est le produit du regard d'un historien sur l'actualité . Le produit de la réflexion et de l'analyse d'un historien remarquable, amoureux par nature du temps long sur un temps court où trop d'entre nous se précipitent vers les jugements hâtifs. Bref, pour une fois, une très très rare fois depuis la disparition de De Gaulle et Mitterrand, le produit d'un regard "longtermiste" sur une conjoncture politique et des débats tellement "courtermistes".
Disons tout de suite que, justement parce qu'il est longtermiste et se garde de jugements hâtifs, l'auteur est, globalement, d'une grande bienveillance à l'égard du Président élu il y a 5 mois. "Ne nous hâtons pas de juger, laissons-lui le temps". Soit. Mais disons aussi que, du coup, ses flèches en sont d'autant acérées ! Qui aime bien châtie bien...J'y reviendrai. 
Alors, retenons de ce voyage dans l'histoire pour retrouver des ancêtres du "moment Macron", que l'auteur balaye aussi bien Napoleon - n'a-t-on pas déjà abusé de cette comparaison à propos de Sarkozy ?- que De Gaulle ( qui fut  d'abord Président du Conseil et provoqua un premier bouleversement institutionnel avant sa présidence ), pour retenir deux références historiques : sur le fond, le " Saint-simonisme ", glorification des créateurs et des entrepreneurs (mais qui n'oublia point les pauvres et les démunis, lui) , et sur la forme...Waldeck Rousseau ! Le chef du gouvernement de 1899 à 1902, qui gouverna à partir de la "concentration " des forces de droite et de Gauche. Passionnant rapprochement.
Il y a tant à dire sur cet essai. Retenons peut-être que des flèches acérées auxquelles je faisais allusion, on peut tirer une cohérence : c'est bien la Culture républicaine qui manque le plus dans ce pouvoir quand on enfourche par trop les chevaux de l'antiparlementarisme, ceux du "management " et, à certains égards, ceux du communautarisme bien peu laïque.
Mais gardons-nous de toute hâte et donnons du temps au temps avant de juger. " En même temps " ( il faut bien céder à la mode !) , certains signes.....

lundi 2 octobre 2017

Ce matin , j'écoute France Inter et l'émission d'Augustin Trappenard, un homme qui fait beaucoup plus pour la diffusion de la Culture que bien des professionnels de celle-ci, dont l'invité est Yves SIMON, le poète, compositeur et chanteur, romancier aussi, que je connais depuis bien longtemps et que j'ai perdu de vue ce que je regrette beaucoup.       ( Yves, si tu m'entends..) . Augustin demande à Yves de lire son texte " Les gauloises bleues", joli moment. Mais le meilleur est à venir : après cette lecture vient la chanson reprise par une jeune chanteuse, de moi inconnue, " Clou" . Une voix limpide, musicale , gracieuse, intelligente sur ce beau texte. Un moment de grâce.

Hier, je vois " Nos années folles ", le dernier film d'André Techiné avec Pierre Deladonchamps et Céline Salette. Paris, 1916 : Paul qui est au front depuis deux ans , déserte. Sa femme le cache dans leur cave et résiste aux inquisitions de la police. Mais il étouffe et elle imagine alors un stratagème pour lui permettre de sortir : le travestir en femme. Paul devient Suzanne. Et il fréquente, chaque nuit, le bois de Boulogne et les nuits de débauche parisiennes. Quelques années plus tard, amnistié, il tente de redevenir Paul. Mais , entre temps, il est vraiment devenu Suzanne et tout se dérègle dans sa vie... un scénario bien intéressant, des acteurs de qualité. Pourquoi l'émotion est-elle si absente ?