mercredi 26 octobre 2016

"LE" fameux livre


C'est drôle comme, parfois, certains lecteurs de ces lignes, quand j'exprime un raisonnement qui se veut équilibré ne retiennent que l'un des termes de l'équilibre ... je reviens donc sur "LE" fameux livre dont tout le monde parle et que, tout compte fait, je ne lirai pas : si j'ose dire " j'ai assez mal comme ça à ma République " et la plaie béante à plus besoin de baume cicatrisant que de remuer le couteau en elle.

Les auteurs du livre sont trois  : Le Président et deux journalistes et ils sont , c'est bien évident, coresponsables du livre . Quand on voit les centaines d'heures qu'ils ont passées ensemble, les dizaines d'entretiens, les dîners pris ensemble, personne ne peut croire à la fable du "Président piégé "!

Le jugement que je porte sur ces deux journalistes ( je les distingue et les différencie car je déteste les amalgames : "Les" journalistes , ça n'existe pas . Il y a des journalistes qui tirent le débat public vers le haut et que j'apprécie, et d'autres qui Le tirent vers le bas...) est sévère .

Mais celui que je porte sur le Président ne l'est pas moins , il suffit de me lire attentivement pour le comprendre .

La question qui est posée est simple : face à la dictature de la transparence , peut-on , doit-on tout dire ? Les démagogues répondent oui, et moi je crains de n'être pas démagogue . Je crois , je l'ai déjà dit souvent en ces lignes, aux vertus du silence et je crois aussi à la nécessité du secret pour défendre les intérêts supérieurs du pays .

Simplement, je ne veux pas en rajouter : si tous les parlementaires qui se font traiter d'ânes et de cretinisme dans ce livre répondent au Président sur le même ton , où ira le débat public ??

lundi 24 octobre 2016


Je suis tellement accablé, décontenancé, en colère par la parution du récent livre des dénommés Davet et Lhomme intitulé « Un président ne devrait pas dire ça » que je me garderai bien, à ce stade, de dire mon sentiment profond sur cette prestation du Président qui correspond si peu à ce qu’on attend d’un Président de LA République, en termes de principes. Je sais, je suis  vieux jeu avec mes « principes », mais j’y tiens.

Mais je veux dire un mot de la prestation de ces 2 journalistes, que je ne connais pas. Ils vont gagner beaucoup d’argent, tant mieux pour eux, tant pis pour la morale. Ils savent très bien, ils savaient depuis le début qu’ils gagneraient d’autant plus d’argent qu’ils pousseraient le Président à la faute. Alors ils l’ont poussé, poussé, poussé… et il est tombé, tombé, tombé dans le piège.

Cette dictature de la transparence est détestable et dangereuse pour la démocratie et y céder, c’est mettre en péril les équilibres de celle-ci. Se mettre à « nu » ne peut pas être un objectif en soi. Pudeur et dignité doivent être préservées !

Au théâtre du Vieux-Colombier, par la compagnie de la Comédie Française, « Vania », d’après « Oncle Vania » de Anton Tchekhov sur une mise en scène de Julie Deliquet.
Une écriture, celle de Tchekhov, encore très moderne, des acteurs de grande qualité (avec une mention particulière pour Laurent Stocker), une mise en scène chaleureuse et spontanée, « actuelle ».
Du beau, du bon théâtre.

Andreï MOLODKINE à Maubourguet


Maubourguet, village des Hautes-Pyrénées dont j’ai été maire et où j’habite toujours. Il y avait, dans ce village de 2500 habitants, au cœur du Val d’Adour, une Fonderie en ruine, la Fonderie Fabre, qui connut ses heures de gloire dans la 1ere partie du 20è siècle, relancée un temps par un jeune ingénieur venu de Grenoble, que j’avais accompagné dans sa démarche.

Qu’allait devenir cette friche industrielle en plein cœur du centre-ville ?

Il y a 2 ans, j’ai appris qu’un artiste russe s’y était installé. Curieux, je m’y suis rendu et ai fait connaissance d’Andreï MOLODKINE, artiste très « new wave », libertaire et provocateur, mal fagoté et ne parlant pas un mot de français, qui avait entrepris des travaux considérables de rénovation de l’usine, seul ou aidé d’artisans locaux l’usine, aujourd’hui, est devenue un très beau lieu d’exposition.

Dimanche dernier, il m’a invité à un « vernissage » d’une expo d’un autre artiste russe, Erik BULATOV, en petit comité car il ne veut pas que ce lieu soit ouvert au public (les contraintes administratives sont trop lourdes…). Il y avait là un critique d’art venu de Suisse, un oligarque russe amateur d’art et quelques personnalités diverses.

J’aime ce mélange : au fin-fond du monde rural de notre Sud-Ouest, une friche industrielle et un artiste russe… Vive le choc des cultures !!

jeudi 13 octobre 2016


Un livre que vous pouvez ne pas lire : " Babylone" de Yasmina Reza paru chez Flammarion. Une intrigue sans grand intérêt, des personnages sans arêtes, une ambiance médiocre, une écriture passable. Passable ? Passons...



Un spectacle que vous pouvez ne pas voir : la comédie musicale Olivia Ruiz-Galotta à Chaillot. Olivia Ruiz est une chanteuse contemporaine d'origine espagnole intelligente et cultivée. Elle livre ici un ensemble de chansons autour d'un thème d'actualité avec générosité : entre 1936 et 1938, l'immigration espagnole en France a provoqué des réactions de xénophobie  invraisemblables qui préfiguraient douloureusement ce que l'on vit en 2016. Message juste et humaniste. Pas de chance, elle s'associe à un chorégraphe qui l'accompagne avec une création ....d'une pauvreté rare. Franchement, c'est presque offensant pour la danse.

Olivia Ruiz ne méritait pas ça....

mercredi 12 octobre 2016

Lettre ouverte à mon ami Kader Arif


Cher Kader,

Cette conversation  sur la République et ses valeurs, le modèle d’intégration face au communautarisme, nous l'avons entamée tous les deux en confiance et en amitié, il y a déjà longtemps. Jusqu'ici elle était privée mais la tenir publiquement peut avoir un sens politique pour faire connaître nos idées, convergentes pour leur plus grande part, différentes – et non divergentes – sur d'autres.

Ton interview de lundi dans Libé me permet de le faire et j'en suis très heureux.

D'abord, les convergences : elles sont nombreuses, bien sûr. Comme tu as raison de te plaindre de ce « débat-débile » sur le burkini cet été, un débat qui n'a pas honoré notre démocratie !

Comme tu as raison de te plaindre des amalgames de tant de politiques, mais aussi de tant de journalistes qui mélangent tout et ne comprennent pas que la démocratie c'est de refuser les amalgames et d'apprendre à différencier !

Comme tu as raison de préciser que « tous les arabes ne sont pas musulmans et tous les musulmans ne sont pas arabes » !

Comme tu es convaincant quand tu parles de ton identité « heureuse » (je souris avec toi …) comme d'un « mélange », une «identité multiple et complexe » !

Comme tu as raison de remarquer qu'on te demande ce qu'on ne demande pas à un Breton ou à un Basque !

Comme tu as raison de citer Hugo « Souvent la foule trahit le peuple » ! Je me demande d'ailleurs si, au lieu de dénoncer le « populisme » on ne devrait pas adopter le terme de « foulisme » …

Il y a tellement d'autres points, cher Kader, où je constate, sans surprise, nos convergences : le refus du communautarisme, la République comme seule solution, les vertus de l'engagement.

Nous n'avons pas vécu, ensemble, tant d'années d'engagement commun, au plan national, et au plan régional, dans le même Parti et auprès de Lionel JOSPIN, pour qu'il en soit autrement.

Je continue à m'en réjouir.

Reste notre – petite – divergence qui concerne la laïcité. Je te trouve une excuse : la question qui t’était posée faisait allusion aux « laïcards », mot rempli de tant de péjoratif et de mépris que ça en reste renversant, mot que j’exècre puisqu’il ne vise qu’à dévaloriser  ceux qui ont de vraies convictions laïques, mot qui exprime la vacuité de la pensée de ceux qui n’en ont pas.

Mais tu dis : « Il ne faut pas réduire la laïcité à une laïcité de combat, une laïcité « revancharde ».

Le combat ? Eh, le combat, l'ancien talonneur du Castres Olympique sait ce que c'est ! Et il ne l'a pas toujours refusé !

Je me permettrai juste de te rappeler que, historiquement la conquête de la Laïcité a été un combat. Un très rude combat. Contre une religion qui dominait tout et régentait tout dans la société française, la religion catholique, et qui, avant 1905 et après 1905, n'a jamais admis cette loi, républicaine s'il en est. Tu veux que je te dise, Kader ? A bien des égards, la République a été plus violente à l’égard de la religion Catholique il y a un siècle, qu’avec l’Islam aujourd’hui.

Alors que la République laïque soit encore un combat aujourd'hui contre tous les intégrismes religieux et, en particulier, l'un d'entre eux, plus menaçant aujourd'hui que les autres, je préfère le dire et le regarder en face. Oui Kader, la laïcité est un combat. Non pas un combat contre les religions, tu as raison de le dire, mais un combat contre les intégrismes religieux qui placent les lois religieuses au-dessus de celles de la République, et c’est cela que j’aimerais te voir préciser avec moi.

Quant à la « laïcité revancharde », je te le dis tout net : je n'aime pas du tout cette expression. Car je ne vois pas comment l'affirmation de la « liberté de conscience » c'est à dire le droit de croire ou de ne pas croire, la garantie donnée au libre exercice des cultes dans la seule limite – mais elle est essentielle ! – de l'ordre public, serait une « revanche » !?

Si c'est une « revanche », c'est que ça n'est pas la laïcité !

Et c'est pourquoi je souhaite vraiment qu'on se mette d'accord sur ce point politique essentiel.

A Droite, et à l'Extrême-Droite, il y a beaucoup de responsables politiques qui n'ont rien de laïque. Rien. Ils ne parlent de « laïcité » que pour combattre une religion et une seule, l'Islam. Ça n'a rien à voir avec la laïcité, celle de Jaurès et de Briand et, donc, il faut leur récuser le droit d'utiliser ce terme. Ce ne sont pas des laïcs !

Car si on ne récuse pas ce droit  à se réclamer de la laicité, alors on accepte l’idée que la laïcité puisse être liberticide et on affaiblit le message laïque.

Mais à Gauche, et surtout à l'Extrême Gauche, il y a des gens qui se disent laïques –et qui le sont sans doute plus, ça n’est pas difficile, que bien des gens de droite-  mais pour qui la liberté n'a pas de limites. Pour eux, la laïcité c'est le « droit à la différence » sans contraintes au risque d’instaurer la différence des droits, les droits sans les devoirs, le respect de la diversité sans la recherche de l'unité. Ils ont la République et la laïcité hémiplégiques … Et ce sont eux qui, en évoquant la « revanche » font un amalgame coupable entre la Droite et l'Extrême-Droite qui, je le répète, n'ont rien à voir avec la Laïcité, et les Républicains essentiellement de Gauche, qui rappellent avec insistance que la République est un précieux équilibre entre droits et devoirs, diversité et unité.

Merci, cher Kader, de m'avoir permis de le rappeler.

Amitiés,



Jean GLAVANY

mardi 11 octobre 2016

Pour poursuivre ces réflexions sur l'Algérie d'aujourd'hui


et ne pas laisser entendre que tout va bien, là-bas, dans le meilleur des mondes, deux réflexions complémentaires :


- les diplomates étrangers qui vivent à Alger – de quelque rang qu'ils soient – et qui veulent se balader dans le pays pendant les week-ends doivent en demander l'autorisation aux autorités algériennes. Et quand ils obtiennent l'autorisation, ils doivent obligatoirement être accompagnés d'une voiture de policiers. Bonjour la liberté de circulation … Impératifs de sécurité sans doute ?


- Une femme admirable se bat courageusement, avec beaucoup d'autres bien sûr : elle s'appelle Nouria BENGHEBRIT et est Ministre de l'Education Nationale. Son mari est historien, ancien militant communiste et elle est la petite fille d'un ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris ayant abrité et sauvé des juifs pendant l'occupation. Elle prône, elle aussi, l'Islam de Cordoue, islam tolérant, islam des lumières et veut que l'Education Nationale algérienne soit fondée sur des valeurs républicaines dont, bien entendu, l'égalité hommes-femmes. Elle est devenue la « tête de turc » des islamistes qui répandent sur elle des torrents de boue sur les réseaux sociaux.

Je me rappelle les propos de l’ami BOUGHERBAL au Sénat algérien : « nous avons vaincu l’islamisme terroriste mais nous ne l’avons pas éradiqué». Elle en est la preuve flagrante…


J'aurais voulu la rencontrer pour lui témoigner mon estime, mon respect, mon admiration. Ça n'a pas été possible alors je le fais dans ces lignes. L'histoire n'est pas finie ...

lundi 10 octobre 2016

Dours est un petit village de 237 habitants, à une dizaine de kilomètres au Nord-est de Tarbes, dans l’ancien canton de Pouyastruc, nouveau canton dit « des Coteaux ».


Samedi matin, nous y inaugurions la nouvelle mairie, magnifiquement aménagée dans une ancienne ferme construite dans la dernière partie du 18e siècle en galets de l’Adour.

Il y avait beaucoup de monde et beaucoup de plaisir partagé. Dans mon intervention j’ai souligné combien, pour nous parlementaires qui passons beaucoup de samedis à inaugurer des réalisations diverses, il y a deux types de bâtiments qui nous donnent un plaisir particulier : les écoles bien sûr, parce que c’est le plus beau des investissements, l’investissement pour l’avenir, et les mairies. Pourquoi les mairies ?

Parce que c’est la maison commune, la maison du peuple, de tous les citoyens.

Parce que c’est le lieu de la démocratie locale, là où sont débattus tous les dossiers locaux qui sont élaborés au nom de l’intérêt général. Parce que c’est là qu’on vote dans nos villages. Parce que c’est la maison de la République au fronton de laquelle est affiché notre beau triptyque, où Marianne trône dans la salle du Conseil, la maison où l’on se rassemble, au-delà de toutes nos différences. La maison du commun.

Samedi matin, à Dours, dans les Hautes-Pyrénées, la République avait belle allure.

samedi 8 octobre 2016

Alger la blanche

Je poursuis mon travail sur le Maghreb par une visite aux autorités algériennes. Du point de vue des rapports à la religion et, en particulier du combat contre l'intégrisme islamiste radical, l'Algérie vit une double particularité :
- d'abord parce que, dans les années 90, après la "presque victoire "du parti islamiste, le FIS, aux élections de 91 et le coup d'état militaire, l'Algérie a vécu une "décennie noire" de véritable guerre civile d'une violence terrible et de dizaines - centaines ? - de milliers de morts qui a profondément traumatisé la population.
Même si ces années s'éloignent dans le temps, on sent encore, profondément ancré dans la population un sentiment de " plus jamais ça". Quand on pense l'Algérie, il ne faut jamais oublier ce facteur majeur. Combien de mes interlocuteurs algériens me l'auront rappelé : " le coup d'Etat d'entre les deux tours des élections de 91 était peut-être un coup d'Etat constitutionnel, mais il a sauvé la République et empêché l'instauration d'un État islamiste".
En France, beaucoup de donneurs de leçons, à Droite comme à Gauche, à Gauche surtout parce que le "scrupule démocratique" y est culturellement plus développé, mais aussi au Quai d'Orsay où l'on préfère naturellement les processus démocratiques aux coups d'état, oublient cette réalité : obsédés par l'exigence démocratique, ils ont exercé une pression très puissante pour protéger les partis islamistes, "qui avaient bien le droit de se présenter aux élections et d'exercer le pouvoir si le peuple en décidait ainsi" et, donc, condamner le coup d'état. Et l'idée selon laquelle " la France n'aurait pas été aux côtés de l'Algérie dans cette terrible épreuve" ( je me demande, d'ailleurs qui était à ses côtés...) est le fruit d'un regard porté aujourd'hui, 20 ans après, mais qui fait abstraction de ces réactions et attitudes de l'époque.
De fait, il y avait une sorte d'aveuglement devant le caractère totalitaire de ces forces religieuses que la suite de l'histoire a pu permettre de faire évoluer. Je dis cela parce que le coup d'Etat de 91 éclaire une grande partie d'autres événements ultérieurs dans le monde arabo-musulman, et en particulier le coup de force de Sissi en Egypte après la démonstration totalitaire des frères musulmans au pouvoir, ou, plus remarquable, la mobilisation et la réussite du quartet tunisien face au totalitarisme d'Ennahda.
- ensuite parce que l'Etat algérien a "fonctionnariséé" l'Islam puisque les imams sont recrutés, formés et payés par l'Etat. J'ai été marqué par mon entretien avec le Ministre des cultes, un homme sage et modéré, m'expliquant dans son bureau : "l'Algérie compte 17.000 mosquées environ avec une moyenne de 1000 croyants par mosquée ; quand les imams de ce Ministère s'exprime dans le sens que nous voulons, celui d'un islam de Cordoue, ouvert et tolérant, nous touchons 17 millions de citoyens et ça a une certaine influence... ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de trace de radicalisme dans le pays mais disons que nous nous sommes donnés les moyens de maîtriser les choses et, notamment, d'être renseignés rapidement sur ces phénomènes." C'est cette capacité qui a d'ailleurs amené notre remarquable Ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à signer un accord de coopération avec le gouvernement algérien, pour bénéficier de ces compétences, notamment pour la formation des imams algériens en France.
Je retrouve à Alger ce cher Rachid BOUGHERBAL, que je connais depuis longtemps pour l'avoir croisé dans différentes instances politiques internationales, et qui est désormais Président de la Commission des Affaires Étrangères du Conseil de la Nation, le Sénat algérien. L'homme a 74 ans et est professeur de cardiologie. C'est un humaniste comme il y en a peu, doté d' un beau charisme et d'une élocution riche et libre. Il me parle avec sa franchise habituelle : "Nous avons contenu le terrorisme mais il n'est pas éradiqué et nous devons rester vigilants. En particulier, nous devons faire face à la matrice du terrorisme qu'est la radicalisation des jeunes". Et l'on comprend que, sur l'une ou l'autre berge de la Méditerranée, cette question de la radicalisation des jeunes reste un problème autant qu'une énigme. Je repense au Ministre des cultes qui me disait quelques heures plus tard "Mais qui a dit, chez vous, que ça n'était pas l'islam qui se radicalisait mais la radicalité qui s'islamisait ?". Je lui réponds "C'est Olivier Roy. Et l'on peut prolonger sa pensée en précisant que c'est la radicalité qui se franchise - au sens presque commercial du terme - en s'islamisant."
Le sage Bougherbal poursuit : " Islam et radicalité ne sont pas synonymes. L'islam peut être radical mais l'Islam doit être tolérant comme les autres religions monothéistes".
Je résiste à la tentation de lui rappeler l'histoire des guerres de religions qui n'a pas prouvé, spontanément, cette nature tolérante mais... "L'Islam du Maghreb, poursuit-il, c'est l'Islam de Cordoue, celui de l'Andalousie, l'Islam des lumières, pas l'islam salafiste et encore moins wahabite. Ca n'est pas non plus un islam modéré, car ça n'existe pas. C'est un islam de séparation des églises et de l'état, comme à Cordoue". Là encore, je résiste à la tentation de lui rappeler à quel point l'islam algérien est étatisé ....
Mais dans notre long dialogue qui a suivi, je suis frappé de voir à quel point cet homme sage est à la fois lucide est inquiet, "J'ai peur" me dit-il. "J'ai peur du retour des combattants de Syrie. Ici, en Algérie, nous avons vécu l'expérience du retour des "afghans" et nous en avons un très mauvais souvenir".... où l'on comprend mieux que les victoires sur l'Etat islamique qui se dessinent en Syrie, en Irak ou en Libye, ne sonneront pas la fin de l'histoire : celle-ci nous enseigne les dangers portés par ces retours des combattants. Là encore, la leçon algérienne peut profiter à la France.

jeudi 6 octobre 2016

Danse à Garnier pour un programme de rentrée moderne et d'outre-Atlantique.


Commençons par le hors d’œuvre, un ballet de Tina Seghal sans  grand intérêt, si ce n'est d'introduire et de mettre en condition. Mais on n'en retiendra rien. Et profitons pour dire un mot du dernier " ballet" (je mets les guillemets à dessein) signé je crois de Justin Peck et intitulé In creases, où toute chorégraphie est proscrite, qui commence par un "son et lumière" de la salle plutôt amusant et se termine par des danseurs qui se mêlent au public dans la salle puis, à l'extérieur pour les raccompagner en chantant... C'est sympa, un peu soixante-huitard attardé mais bien peu créatif.



Reste les deux ballets qui compteront et marqueront :

- Black Works I de William Forsythe, sur une musique chantée et de très belles voix de blues américain, où les danseurs sont dans une harmonie en clair-obscur, ambiance cool. Assez réussi.

-Et surtout la création de Crystal Pite, une chorégraphe canadienne dont je crois qu'elle a longtemps travaillé avec Forsythe et qui livre là un très beau ballet sur une musique de Max Richter, qui revisite l'œuvre de Vivaldi - et note les quatre saisons -.  Il y a beaucoup de danseurs sur la scène, plus d'une cinquantaine, et le ballet commence par un très beau tableau où ils sont tous regroupés dans une immense mêlée agitée de convulsions et de soubresauts collectifs. C'est très bien fait. Quelques étoiles, dont Marie-Agnès Gillot, Alice Renavand ou Ludmila Pagliero, brillent au-dessus de cette chorégraphie d'ensemble très réussie, harmonieuse et émouvante.

On n'avait jamais vu cette chorégraphe à Paris et c'est bien dommage. Mieux vaut tard que jamais.