mercredi 27 septembre 2017

Lu "Le jour d'avant" de Sorj Chalandon paru chez GRASSET.

 Sorj Chalandon est une belle personne, journaliste humaniste et progressiste , longtemps à Libération, et désormais au Canard Enchaîné où, chaque semaine, il nous recommande une émission de télévision intelligente . 
Il démontre depuis longtemps une sensibilité et une qualité d'écriture qui font les bons écrivains. Ce "jour d'avant" est un livre noir, sombre ,triste qui tourne autour de la tragédie minière de Lievin en 1974 qui tua 42 mineurs , et  raconte l'histoire d'une famille d'agriculteurs dont le fils aîné était mineur dans cette fosse et mourra deux jours plus tard, peu de temps avant le suicide du père . Le petit frère va porter tout ce poids sur les épaules . Il part du bassin minier pour devenir chauffeur routier et épouser une institutrice pour un mariage doux et harmonieux. Mais sa femme, Cecile, va mourir d'un cancer et cette rupture douloureuse dans sa vie va provoquer son retour vers le bassin minier animé d'un fort sentiment de vengeance qui ne l'avait jamais quitté . La vengeance, que l'on voit venir violente, va buter sur deux difficultés qui révèlent une sorte de Mythomanie visant à transformer l'histoire et donner de la cohérence à la démarche : le message posthume du Père et les conditions réelles de la mort du frère. 
Du coup, c'est l' étude psychologique du petit frère vengeur qui fait l'intérêt de la fin de ce très beau livre.

lundi 25 septembre 2017

Un week-end politique bien dense.

Mélenchon qui dérape encore avec ses amalgames , qui ne sont sans doute qu' oratoires mais qui troublent profondément un esprit républicain normalement constitué.Franchement, mettre Juppé, le CPE et les nazis dans la même phrase c'est , au minimum, terriblement maladroit .Et dire que c'est la rue qui a eu raison de ces derniers, est une appréciation historique bien hasardeuse...
Des Sénatoriales où le "ni droite ni gauche"  ( à moins que ce ne soit et droite et Gauche...) semble laminé, où le vieux clivage droite-Gauche réapparaît et où, dans mon département, la Gauche rassemblée fait un carton . " Dernier soubresaut du vieux Monde " comme dit mon amie Bariza Khiari, ou bien début de la fin d'une parenthèse. Soyons prudents...
Mais c'est vers  le domaine du logement social que vont mes préoccupations les plus graves du moment. Il est vrai que je préside - bénévolement , je préfère le préciser par les temps qui courent !- l'Office départemental de l'Habitat des Hautes Pyrénées, petit Office de moins de 8000 logements, qui en construit 130 à 150 et en rénove 2 à 300 par an. Un organisme d'assez petite taille auquel je suis très attaché, y compris parce qu'il a failli mourir il y a une vingtaine d'années après une crise d'une grande gravité et que , patiemment , avec ses personnels, nous avons redressé . Il dégage ces dernières années 3 à 4 millions d'euros de résultat, ce qui prouve sa bonne gestion . Et que croyez-vous qu'il fît de ses résultats ?  Eh bien, c'est assez simple: d'abord il pense à ses locataires qui sont pour une grosse majorité aux minimas sociaux - ce qui prouve que nous sommes un organisme plus social que la moyenne- en gelant les loyers depuis plusieurs années ; ensuite il pense à ses personnels dont la grille salariale est loin d'être exorbitante en leur distribuant un intéressement; enfin, il réinvestit tout dans l'économie locale du bâtiment en construisant et rénovant les logements affichés plus haut. C'est un modèle économique assez simple et opérationnel. 
Et voilà que ce gouvernement nous annonce des mesures très dirigistes de baisse des Aides Personnalisées au Logement ( la fameuse APL) et, concomitamment , des loyers " afin que , dit-il, les locataires ne soient pas pénalisés ". Soit. Qui donc va payer ces mesures ? Les bailleurs sociaux...
Je veux dire ici avec la plus grande modération mais , en même temps ( pour employer le balancier macroniste !) toute la force de mes convictions, ce que je pense de ces annonces.
D'abord sur la forme : aucune, mais alors aucune concertation, aucun dialogue,  avec les bailleurs sociaux, ce qui me paraît relever des modes de gestion du vieux Monde.Nous, bailleurs sociaux, nous apprenons tout ça dans la presse...
Ensuite, aucune évaluation de la situation concrète du logement social dans notre pays, ce qui me paraît aussi très archaïque : sachez que ces mesures ne toucheront pas le parc privé mais seulement le logement social et, dans celui-ci, d'une façon indifférenciée les gros organismes avec d'importantes réserves et les petits qui se battent avec de faibles moyens, ceux qui jouent trop facilement avec les loyers et ceux qui font preuve d'une grande modération, ceux qui touchent un public très social et ceux qui "sélectionnent" leurs locataires ...
C'est ma troisième critique de forme : l'absence d'évaluation entraîne le manque de différenciation . Allez ouste ! Tout le monde dans le même sac ! L'amalgame aussi relève  du vieux Monde, la gestion moderne est plus fine, elle différencie...
Sur le fond , ma première remarque sera d'ordre philosophique : je ne vois pas celle qui se cache derrière ces mesures. Je vois des chiffres assénés, des ratios, des critères, des objectifs mais je ne vois pas l'humain, les locataires en particulier , ceux que nous côtoyons tous les jours. Or, la politique, dans le logement aussi, c'est d'abord le service de ses concitoyens. Où est-il en la circonstance ?
Ma deuxième remarque de fond tient aux conséquences qu'auront ces mesures sur un organisme comme le nôtre : en première approche, un résultat d'exploitation réduit à zéro, le juste équilibre et , donc, l'arrêt total de nos constructions neuves et de nos rénovations. Est-ce bien cela que le gouvernement recherche ? On a du mal à l'imaginer.
Ma troisième et dernière remarque sera  la plus constructive possible : le gouvernement veut faire des économies ? Qu'il nous les demande !! Je vois trois pistes  possibles : le calcul de l'APL sur les revenus de l'année n plutôt que n-2 , qu'il propose est une bonne idée ; lutter contre la fraude à l'APL ( il ne le propose pas mais il a tort; même s'il ne faut pas en attendre des milliards, c'est une question de morale publique. Or, la CAF qui distribue ces aides ne veut ou ne peut les contrôler); enfin, la baisse des loyers , différenciée et négociée dans notre parc de 8000 logements , nous savons où il nous faudra le faire , non pas par idéologie mais parce que la situation du marché l'impose) .Il suffit de nous le demander et de nous y inciter .
Sur tous ces sujets, je voudrais tant que le dialogue s'instaure et que la raison l'emporte. J'y suis disponible.

lundi 11 septembre 2017

Comme ça, s'octroyer trois jours de trêve culturelle, histoire de s'enrichir sans réserve :

- ça commence par l'expo des portraits de Cézanne au musée d'Orsay. Même si le peintre impressionniste d'Aix-en-provence est plus connu et apprécié pour ses paysages et notamment ceux de la Sainte Baume, cette galerie de portraits à quelque chose de bien intéressant. En particulier les nombreux portraits de sa femme, si différents qu'on se demande si cette femme avait tant de visages ou, plutôt, si Cezanne le tourmenté l'a vu avec tant de regards...
- ça se poursuit, puisqu'on est avec les impressionnistes, par une escapade de 24h à Auvers sur Oise. Histoire de voir la chambre de Van Gogh, celle où il mourut, les tombes de Vincent et Théo, l'église du village dont le tableau a fait le tour du monde, l'atelier de d'Aubigny, la maison du bon docteur Gachet...une belle promenade dans les rues bien préservées de ce petit village
- ça continue avec la lecture de "Ma mère cette inconnue" , de Philippe Labro paru chez Gallimard. On connaît Labro, pétri de culture américaine , journaliste libéral au sens politique du terme , et humaniste souvent tenté par l'autobiographie. Le romancier prolixe qui avait si bien raconté sa vie d'étudiant ou la terrible dépression qu'il avait traversé, raconte ici sa mère Netka, petite fille abandonnée d'origine polonaise. Un portrait de grande tendresse.
- et ça se termine par une cure de cinéma : " 120 battements par minute" de Romain Campillo, qui raconte de l'intérieur, la vie de l'association "Act up" au début des années 90, que je qualifierais presque de "film d'histoire contemporaine" relatant les épisodes douloureux des débuts de l'épidémie du SIDA en France. Parfois irritant, très poignant en tout cas . Puis " Barbara" de Mathieu Amalric avec le même et Jeanne Balibar, un film original qui n'est pas un biopic mais une " variation autour du biopic". Bien  fait et parfois troublant tant on se demande souvent si c'est la chanteuse ou la comédienne  que l'on entend. Intéressant. Enfin, "Petit paysan" de Hubert Charuel avec Swann Arnaud et Sara Giraudeau, l'histoire d'un éleveur de vaches laitières qui tue, en cachette,  l'une de ses vaches atteinte de la vache folle pour éviter que son troupeau ne soit totalement abattu. Mais sa sœur est vétérinaire...Pour avoir vécu ce drame comme Ministre de l'Agriculture, j'ai traversé cette histoire, silencieuse et triste,  avec gravité.

vendredi 8 septembre 2017

Je connais bien Saint-Martin , cette drôle d'île je nous partageons avec les Pays-Bas.

Une petite île d'ailleurs, pas très jolie mais entourée de son archipel de grande beauté : Anguilla, Tintamarre, Fourchue, Saint Barth....
Nous, les marins, nous aimons mouiller notre ancre après une longue traversée dans ces eaux turquoises, devant ces cocotiers. 
J'y compte des amis, de bons amis. 
Et je suis depuis deux jours, comme beaucoup de français, en sidération devant le désastre engendré par Irma, le cyclone...
Sidéré et triste pour cette population . Désolé et solidaire. Disponible et attentif.
Il faut savoir qu'aux Antilles, la population a la culture du cyclone en elle. Elle en a vu tant. Elle s'y prépare. Elle sait comment agir. Sauf que là.... Lá, ça  a atteint un degré jamais connu  depuis des décennies . Il faut, il faut absolument que l'on en tire toutes les leçons : sur le réchauffement climatique, bien sûr, puisqu'il est au cœur des mécanismes cycloniques par le réchauffement de l'eau des océans ; mais aussi sur l'urbanisme des bords de mer.Il y a tant à faire.. Mais aujourd'hui, compassion.