lundi 25 décembre 2017

Il faut absolument lire le numéro spécial commun à l'hebdomadaire " Marianne " et à la revue "L'histoire" , intitulé " Intégristes et fous de Dieu" .

D'abord parce que la série de contributions collectées réunit de belles signatures : des historiens de grande qualité, de Michel Winock à Philippe Joutard, des spécialistes éminents du monde arabo-musulman tels Gilles Kepel ou Jean-Pierre Filiu, et des intellectuels de référence comme Marcel Gauchet ( même si je n'ai pas été convaincu par sa distinction entre intégrisme et fondamentalisme...) Elie Barnavi ou Caroline Fourest.
Il faut le lire parce qu'il remet les idées en place pour ceux qui se laisseraient aller à je ne sais quel angélisme : toutes les religions ont eu et ont toujours leur intégrisme radical, et même si l'islam radical est , aujourd'hui, celui qui fait peser la plus lourde menace sur nos sociétés démocratiques et laïques, il faut rester  les yeux ouverts sur tous les intégrismes religieux.
Dans ces contributions, je retiendrai deux points plus particulièrement éclairants pour nos débats d'actualité :
- Philippe Joutard, qui fut aussi un grand recteur de La République, à Toulouse notamment, et que sa lointaine successeur nous fait bien regretter,  explique bien la thèse du " Millenium" ( Le règne terrestre du Christ pour mille ans) , qui fut à l'origine de la poussée fondamentaliste , en particulier des églises baptistes du sud des États-Unis, et qui doit être annoncée, précédée par le retour des juifs en Palestine. La guerre des six jours en 1967 crédibilisa ce mouvement et cette croyance. L'annonce récente de Trump, réamorce le processus si j'ose dire.
- Et puis, dans un article de Jean-Christophe Attias sur le péril des ultra-orthodoxes en Israël, il y a ce si singulier et indispensable rappel de ce que j'appelle " le syndrome Yigal Amir" , syndrome que je rappelais récemment à l'ambassadrice d’Israël à Paris dans un débat public à l'IRIS : n'oublions jamais que Yitzhak Rabin, le premier ministre israélien du processus d'Oslo, ne fut pas assassiné par un extrémiste palestinien, mais par un juif ultra-orthodoxe, un fanatique de la droite religieuse qui lui reprochait de vouloir la paix. Et n'oublions jamais que cette droite religieuse ultra-orthodoxe est dans la majorité parlementaire et participe au gouvernement de Monsieur Netanyahou.
Ces deux intégrismes - ou fondamentalismes , peu importe la sémantique- religieux convergent sous nos yeux impuissants...

SOS -Méditerranée est une petite ONG au grand cœur, aux petits moyens mais aux valeurs immenses.

C'est une organisation qui affrète un bateau, l'Aquarius, pour récupérer des migrants en perdition sur des canots de fortune dans le bassin ouest de la Méditerranée, essentiellement au large des côtes libyennes. 
 Une mission humanitaire au sens strict et noble du terme : sauver des vies . SOS-Méditerranée organisait hier soir,  à  l'Institut du Monde Arabe, une soirée de soutien à son action. Du monde, de l'émotion, des témoignages poignants, des artistes de qualité ( comme toujours j'ai aimé l'humanisme simple et profond de Laurent Gaudé, mais j'ai aussi découvert  la créativité émouvante de la chanteuse Emilie Loiseau ). 
J'étais heureux d'être avec toutes ces belles personnes. Il faut aider SOS-Méditerranée !!

mardi 12 décembre 2017

Ce que j'apprécie, en vieux républicain, dans ces jours de commémoration nationale autour de deux disparus, c'est que le peuple oublie quelques instants de se diviser, de se quereller, de glorifier ses différences, et se rassemble. 
Et si j'osais aller plus loin encore dans l'optimisme, je dirais volontiers que le peuple se rassemble alors pour honorer une part de son identité culturelle : la littérature française avec Jean d'Ormesson,  la musique contemporaine, la chanson et le spectacle vivant avec Johnny Hallyday. 
Une part d'identité française comme disait Braudel.

dimanche 10 décembre 2017

Voilà donc que ce Monsieur Trump décide, le jour de la mort de Johnny Hallyday, d'allumer le feu... au Moyen Orient.


Plus rien n'étonne de la part de Monsieur Trump, mais je cherche à comprendre. 
Pour être honnête, je ne crois pas trop aux théories selon lesquelles cet homme 
serait " fou ", "inculte", " irresponsable", " provocateur", même si je reconnais qu' existent bien des ébauches de preuves de cette théorie.
 
Mais, je ne sais pas pourquoi, mon histoire personnelle ou mon expérience sans doute, je crois à l'explication politique : Trump fait de la politique. Vulgairement peut-être, dangereusement sans doute, mais il fait de la politique. De la basse politique intérieure.
Je m'explique : dans le noyau dur de l'électorat ultra-conservateur de Trump, les protestants évangélistes intégristes tiennent une place particulière. Majeure. Leur influence sur lui est, comme leur mobilisation pour son élection ,considérable. (Paradoxe, d'ailleurs, en la circonstance : les études sur l'élection Présidentielle américaine montrent que l'électorat juif a voté  pour Hillary Clinton à 80%...). 
Et pour des raisons liées à l'histoire des religions que je connais trop mal pour en parler - mais je suis preneur de toute explication enrichissante ! -, pour ces protestants-là, la solidarité avec le peuple d'Israël et la vénération de la terre de Jérusalem sont comme des clefs de la porte de l'au-delà.
 
Alors Trump fait de la politique , il parle au noyau dur de son électorat. Il paye cash son soutien. Sans vergogne. Au risque de la paix dans le monde ? Il s'en fout, ce n'est pas un homme d'Etat, c'est un politicien .

mercredi 6 décembre 2017

Dans ce torrent de témoignages sur Johnny Hallyday qui déferle dans tous les médias, que dire de plus et d'original ?

Ce qui me frappe, c'est à quel point cet homme, avec  ses chansons, ses disques, ses spectacles, a ponctué toute ma vie . Un peu plus jeune que lui, j'étais au lycée quand il est apparu sur scène et dans nos vies : depuis les  amours de jeunesse jusqu'à son dernier spectacle au Stade de France, tous les événements de la vie de ma génération sont liés à une de ses chansons. 
Je crois que je l'ai vu 15 ou 20 fois sur scène, de l'Olympia (c'est là que je l'ai le plus apprécié, dans son cocon) à Bercy, du Parc des Princes au Stade de France, j'ai vraiment adoré les prestations de cette immense bête de scène. 
Musicalement, Johnny, c'est l'avènement du rock en France, et ça n'est pas une mince affaire ! Quel cadeau il nous a fait en faisant traverser l'Atlantique à cette musique américaine ! Quelle belle danse, quel beau rythme ! Quel résumé de nos vies...
Alors, il me revient une anecdote : il y a une vingtaine d'années, je navigue avec mes compagnons de mer habituels, sur un vieux gréement en mer d'Iroise, et nous faisons escale dans l'île de Molène, petite île proche de Ouessant, si chère à mon copain le Maire de Brest. Là, on nous dit que la salle des fêtes du petit village accueille une expo sur Johnny. On s'y précipite et là, stupeur : une caverne d'Ali Baba ! Des disques, des photos, des posters, des objets-fétiches et des reliques par milliers. Nous découvrons que l'idole a ses idolâtres jusqu'au plus petit des villages français.
Un chanteur, très, très populaire .

J'ai croisé Jean D'Ormesson quelques fois dans ma vie

et j'ai eu l'occasion d'échanger avec lui , trop brièvement mais assez pour lui dire mon admiration.
Ce qui frappait chez cet homme, c'était d'abord son regard, bleu azur, extraordinairement lumineux. Bleu comme cette Méditerranée qu'il aimait tant et qu'il fréquentait si souvent sur sa belle île. 
Puis venait tout le reste, qui fait l'objet d'un hommage unanime depuis quelques heures : 
sa Culture si profonde, son amour de la littérature, son engagement politique conservateur mais modéré, libéral mais éclairé, gaulliste sans sectarisme, son amour du débat, de l'échange avec ceux qui n'étaient pas de son bord comme l'on dit , de Mitterrand à Mélenchon. 
Mais Jean d'Ormesson, c'était aussi l'humour, la malice, l'espièglerie, un brin de cabotinage, l'amour passionné de la vie, du monde  dans lequel il vivait.
Si je devais ne retenir qu'un mot, je dirais l'élégance. Une élégance si rare dans notre monde justement, et notre monde politique particulièrement. Mais j'y reviendrai. Aujourd'hui, retenons l'élégance d'un homme qui s'en va.

samedi 2 décembre 2017

Comme une période de vie où l'on dévore les spectacles vivants à pleines dents :



- un petit séjour à Toulouse, ma capitale régionale si belle et si attirante, histoire d'assister à un concert au Zénith de Jamiroquai, le groupe anglais du mouvement "acid jazz" né dans les années 90, où j'ai encore constaté qu'un mauvais réglage de la sono peut faire plus de mal aux oreilles que donner du plaisir musical, puis assister à Odyssud, la belle salle de Blagnac, à la dernière création de la chorégraphe Bianca Li, "solstice", hymne puissant et entraînant à la sauvegarde de la planète. Bianca Li, ancienne danseuse de flamenco, n'est pas la chorégraphe la plus classique et technique qui soit, mais c'est une personnalité sacrément sympathique et à l'imagination débordante. 
Mais le moment le plus précieux de ce séjour fut celui partagé avec mes amis Kader Belarbi et Laure Muret, anciens danseurs de l'Opéra, désormais en charge du ballet du Capitole, qui répétaient " Casse-noisettes" qu'ils présenteront dans quelques semaines. Je raffole de ces moments : je me fais tout petit dans un coin du studio et j'observe les danseurs répéter inlassablement leurs mouvements, scrupuleusement corrigés par le maitre, parfois sur des détails. Cet apprentissage me fascine.
 
- au cinéma, à Tarbes, vu " Brio" le film d'Yvan Attal avec Camélia Jordana et Daniel Auteuil. L'histoire très contemporaine d'un prof de fac à Paris-Assa, bien reac et aux propos souvent provocateurs, parfois même racistes, qui , menacé d'une sanction du Conseil de discipline et sur le conseil de son Président, suscite et prend en charge la candidature d'une jeune étudiante beurette au concours national d'éloquence. Histoire de se disculper. La manœuvre est grosse mais le déroulement est plus fin. C'est bien vu, et remarquablement joué. Un bon moment.

Et puis, au théâtre :
  • " Petits crimes conjugaux " d'après le livre d'Eric-Emmanuel Schmitt au théâtre Armande Béjart à Asnières, avec Fanny Cottençon et Sam Karman, sur une mise en scène de Jean-Luc Moreau.
    Le texte de Schmitt est ...du vrai Schmitt ! Simple, facile mais plein de sensibilité. L'histoire, celle d'une crise de couple au retour d'hôpital du mari après un traumatisme crânien d'origine inconnue, est amusante. Les acteurs sont professionnels en diable. La mise en scène décevante..


    " Réparer les vivants" au théâtre du Petit Saint-Martin d'après le beau livre de Maylis de Kerangal sur la thématique difficile du don d'organe, joué et mis en scène par Emmanuel Noblet, lauréat du Molière Seul en scène 2017. Un sacré spectacle ! Une sacrée prestation de l'acteur, à la fois pédagogue, drôle , émouvant, poignant. Une belle mise en scène, aussi simple que travaillée, dépouillée mais originale : l'homme est seul sur scène mais des voix viennent ponctuer son propos. Un très beau spectacle.

    "Être ou paraître " au studio Hebertot, une chorégraphie de mes amis Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, mise en scène par la première, joué et dansé par le second, sur une musique de Yannael Quenel et des textes de Louis Aragon et William Shakespeare. Là encore, un sacré " One man show" ! Julien, qui commença par être un très bon gymnaste et est devenu un grand danseur, est désormais aussi acteur. Et quel acteur ... physique, puissant, fin, émouvant, drôle. Voilà que j'apprends qu'il s'entraîne aussi au chant ! Ce saltimbanque-là est bien éclectique. À voir absolument.

    Et puis, un tour au Grand Palais pour voir l'expo Gauguin et me régaler de ses œuvres peintes en Polynésie ou aux Marquises. J'y ai appris beaucoup de choses fascinantes sur les techniques utilisées par l'artiste, non pas pour ces tableaux-là mais pour des gravures moins connues et moins flamboyantes . Des techniques alliant le bois, le verre, les tissus, l'encre et l'aquarelle.. bien intéressant