lundi 25 avril 2022

Lu aussi, dans ces temps électoraux déprimants, « Le laboureur et les Mangeurs de vent » de Boris Cyrulnik paru chez Odile Jacob.

Le neuropsychiatre et écrivain, sage et pondéré, revient sur sa «condamnation à mort » à l’âge de 7 ans quand, arrêté par la gestapo à Bordeaux - alors que ses parents étaient sans doute déjà morts en déportation- il s’était sauvé lui-même en se jetant sous le corps d’une femme blessée et quasi-morte dans une ambulance. Et, à partir de cet évènement ô combien marquant, l’auteur pendant toute sa vie, a cherché à comprendre pourquoi une telle idéologie a pu prospérer. Et dans cette quête, Boris Cyrulnik se place délibérément dans le camp du « laboureur » qui cherche à comprendre et à penser par lui-même plutôt que de celui des « mangeurs de vent » qui par paresse, se conforment au discours ambiant, au « prêt-à-penser », quitte à s’engager sur la voie de l’embrigadement jusqu’à l’aveuglement. Il se place du côté de la liberté intérieure contre la servitude confortable.
Or la servitude engourdit la pensée: quand on hurle avec les loups, on finit par se sentir loup…tandis que la liberté intérieur isole du groupe et il faut une bonne dose de confiance en soi pour tenter l’aventure - car c’en est une- de l’autonomie.
Boris Cyrulnik se place délibérément du côté d’ Hannah Arendt, quitte à évoquer la banalité du mal. Mais l’angoisse est le prix de la liberté.
Un livre plein de profondeur et de sagesse, pour continuer à apprendre à penser par soi-même, une quête jamais achevée.

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