mardi 15 avril 2014

Début avril 2014

Lu pour vous ces derniers jours :

1. « La vie en mieux » d’Anna GAVALDA paru aux éditions « Le dilettante ». J’étais –presque – un inconditionnel d’Anna Gavalda, celle des débuts, de « je l’aimais » ou bien de « Ensemble c’est tout ». De beaux monuments de tendresse.
Et puis le déclin, « la consolante », « l’échappée belle » … bof.
L’an dernier, éclaircie avec « Billie », original précis d’humanité.
Voilà qu’on retourne non pas à l’insignifiant, ce serait sévère, mais au « peut mieux faire » avec ces deux histoires croisées et … banales.

2. « Quand la France s’éveillera » de Pascal LAMY aux éditions Odile JACOB. J’ai connu Pascal il y a une quarantaine d’années et on s’aime bien. Son parcours exceptionnel, longtemps dans l’ombre de Jacques Delors – mais il y a ombre moins respectable … – puis comme commissaire européen et, enfin, comme Directeur Général de l’Organisation mondiale du Commerce, en fait une voix bien intéressante. Même si, avec un plaisir qui frise parfois le masochisme, il aime titiller une grande partie des socialistes français qu’il trouve bien peu conscients des réalités du monde …
Dans cet essai qui reprend à dessein le titre d’Alain Peyrefitte sur la Chine, il jette un regard sans concession sur la France, non pas en tant que français, mais comme citoyen du monde.
Et c’est décoiffant. Au bon sens du terme. Ne retenons que 3 idées :
- en ce début de la décennie 2010, le PIB des pays dits « du Sud », qu’on appelait avant « Tiers-Monde » dépasse, pour la 1ère fois depuis le 17e siècle, celui des pays dits « du Nord » qu’on appelait auparavant « pays développés ».
- l’Europe, c’est 7 % de la population mondiale, 25 % du PIB mondial et 50 % des prestations sociales versées dans ce monde ! …
- enfin, last but not least : on dit la France « désindustrialisée » avec 13 % d’emplois industriels. C’est moins que l’Allemagne ou l’Italie certes. Mais les USA ou le Royaume-Uni, c’est entre 10 % et 11 % !!
Les meilleures pages sont sur l’Europe et sa crise si profonde.
Et pour ce plaidoyer que je partage tant sur le nécessaire couple franco-allemand comme moteur de l’Union. Ceux qui l’oublient, –  y compris chez les socialistes français ! – oublient l’histoire, sans laquelle il n’est pas d’avenir solide.

3. « La fête de l’insignifiance » de Milan KUNDERA, paru chez Gallimard.
« L’insoutenable légèreté de l’être » écrivait l’auteur il y a déjà quelques années. Nous y sommes toujours.
J’ai toujours pensé qu’être sérieux c’était de faire les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux.
Mais chez Kundera, le sérieux, voilà l’ennemi ! L’insignifiant doit triompher. Ces hommes qui se croisent à Paris – beaucoup au jardin du Luxembourg … – à une époque indéterminée, et qui expriment cette insignifiance des sentiments, se trouvent ainsi mélangés – dans le récit – à d’ahurissantes conversations entre Staline et Khrouchtchev ! Cette insignifiance-là peut plaire ou déplaire mais elle ne laisse pas indifférent.
Et puis, comme c’est léger, c’est facile à lire …

4. « Le collier rouge » de Jean-Christophe RUFIN, toujours chez Gallimard. Le médecin-diplomate-écrivain est décidément bien productif ces temps-ci. Un an après « L’immortelle randonnée » qui eut le succès que l’on sait, il nous livre un petit roman bien ciselé : 1919, dans une petite bourgade du Berry, un juge militaire vient rendre visite à l’unique détenu de la prison locale, militaire lui aussi, héros de la guerre. Il vient clore l’enquête et délivrer le jugement sur des faits qu’on ne découvre qu’à la fin du livre. Entre-temps, bien des rapports de forces psychologiques se nouent et se dénouent … Intéressant et agréable.

5. « Tempête, deux novellas », de Jean-Marie LE CLEZIO notre prix nobel de littérature. Superbe écriture …
Deux histoires qui n’ont rien à voir si ce n’est leur condition de jeunes filles abandonnées à leur naissance : la première par son père, la seconde par sa mère.
La première histoire qui se passe dans une ile d’Asie ou d’Indonésie est très émouvante. La seconde qui commence en Afrique et se termine en banlieue parisienne est, tout simplement, bouleversante. A lire absolument.


6. « SULAK » de Philippe JAENADA chez Julliard. L’histoire fut bien documentée d’un ancien légionnaire d’origine yougoslave, déserteur par inattention, devenu gangster français, dans les années 70-80. L’homme a multiplié les casses par dizaines, d’abord de supermarchés puis de bijouteries. Supérieurement intelligent, bourré de charme, il avait une morale d’action : jamais de blessés, encore moins de tués. L’intérêt du livre vient de son entremêlement permanent avec l’actualité du moment et, surtout, de la distance affichée de l’auteur par rapport à son écrit. Il s’arrête pour se commenter, se critiquer, insister ou se mettre en doute. C’est très original même si la répétition des récits des casses est un peu lancinante.

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