mercredi 29 septembre 2021

Lu « Yes we Cam! » livre d’entretien entre le navigateur Jean Le Cam et le journaliste Jean-Louis Le Touzet.

Jean Le Cam, cet homme qui a ému la France entière lors du dernier Vendée Globe
en sauvant Kevin Escoffier, naufragé dans l’océan indien, bien qu’encore très jeune, 61 ans à peine, est le doyen des navigateurs transocéaniques ou tourdumondistes à la voile. Ce qui fait d’abord de lui un témoin privilégié de la véritable révolution technologique que la navigation à voile a connu ces 50 dernières années puisqu’il a fait son service militaire sur le Pen Duick VI d’Eric Tabarly et qu’il a navigué depuis sur tout ce qui se fait de mieux et surtout de plus sophistiqué dans le domaine de la navigation à voile, monocoques ou multicoques réunis. Son regard sur ces évolutions croisé avec ses réflexions sur l’inflation des budgets est en soi passionnant. Sa personnalité très particulière faite de gouaille, de simplicité parfois sauvage, de spontanéité souvent décoiffante, de refus systématique de la moindre concession à la mode et aux ravages de la communication si superficielle en font quelqu’un de bien à part dans ce milieu de la voile de compétition : jamais coiffé ni particulièrement élégant, il pourrait laisser croire qu’il est une sorte de vagabond des mers du sud, comme Moitessier, ou un écolo révolté et marginal façon Eugène Riguidel . Eh bien pas du tout ! Le Cam est d’abord et avant tout un compétiteur, un gagneur et, d’ailleurs, son palmarès parle pour lui. J’ai retenu de cette lecture de la conversation avec Jean -Louis Le Touzet, excellent journaliste avec lequel Le Cam a noué une vraie amitié, deux aspects étonnants de cette personnalité bien intéressante :

- d’abord, c’est un patron de PME qui a créé son entreprise, un chantier naval, il y a bien des années, 4 ou 5 salariés à peine mais une vraie cellule de veille technologique dont le principal savoir-faire, compte tenu des budgets ténus, est de sélectionner les vrais des faux progrès technologiques. Ce qui apporte vraiment quelque chose. Ce qui n’entraîne pas un poids superflu. Ce qui n’est pas une concession à un modernisme aveugle mais pas forcément utile. Ce qui ne fait pas prendre des risques inconsidérés. Bref, une démarche raisonnable et raisonnée.
- l’autre aspect qui m’a surpris, c’est que ce taiseux un peu marginal est, au fond, très conformiste dans les relations sociales, très respectueux des institutions, bien peu révolté, un esprit-critique qui ne semble pas savoir porter sur d’autres domaines que le sien, un petit garçon timide et impressionné quand il parle au Président de la République ou à Laurent Delahousse. Ça fait, au fond, un drôle de mélange .

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