vendredi 24 septembre 2021

Lu « 2022 la flambée populiste » de Damien Fleurot et Mathieu Souquière paru chez Plon et coédité avec la Fondation Jean Jaurés.

Mathieu Souquière est un consultant, ancien conseiller en cabinet ministériel et en
collectivité locale, et expert associé à la Fondation Jean Jaurés. Damien Fleurot est un journaliste politique que je connais depuis bien longtemps et dont j’apprécie particulièrement l’honnêteté et la rigueur professionnelle, qui est actuellement au service politique de TF1-LCI. Ils nous livrent ici un essai sur le populisme mais on devrait plutôt dire sur « les populismes » tant ils démontrent avec pertinence que ce positionnement, cette attitude, cette stratégie politique qui consiste à dresser le « peuple » ( je mets des guillemets à dessein tant les populistes, justement, s’appropriant le peuple sans vergogne, lui font dire souvent ce qui les arrange…) contre les élites, existe un peu partout dans le monde ( Trump, Bolsonaro, Orban, Salvini…) et pas seulement en France, et ne date pas d’hier ( ils évoquent notamment et à juste titre l’épisode du général Boulanger). Ce qui est interessant dans cet essai c’est qu’il s’efforce de ratisser toutes les causes et toutes les formes de ce phénomène et, en particulier, le terrifiant jeu des réseaux que j’appelle depuis longtemps «asociaux » tant ils sont destructeurs de lien social. Je dois dire, en particulier, mon aversion révoltée contre le fameux « Twitter »: imaginez, dans un monde de plus en plus complexe, des sociétés de plus en plus sophistiquées, des économies en perpétuel renouvellement, bref face à cette complexité triomphante si bien décrite par Edgard Morin, ces messieurs de Twitter obligent les politiques à s’exprimer en un nombre ô combien limité de signes. Quelques dizaines de signes , histoire d’empêcher l’appel à la raison et de provoquer le raccourci réducteur et, si possible, sensationnel. Et les politiques se plient à cette exigence !! Misère des comportements qui entraîne l’appauvrissement de la pensée politique.

Dans ce procès en responsabilité du populisme, les chaînes d’information continue sont aussi particulièrement mises en cause. Ou plutôt, l’une d’entre elles « CNews » qui, il faut le dire, en matière de populisme ne néglige rien par ses thématiques ou par ses invités. Mais curieusement les autres chaînes d’info continue sont épargnées ! Certes, BFM n’atteint pas le degré de vulgarité populiste de CNews mais je suis bien placé, pour en avoir été victime, pour savoir que l’honnêteté intellectuelle de certains de ses journalistes ne les fait reculer devant aucun obstacle quant il s’agit de faire passer les élus comme « tous pourris ».
Cet essai s’attaque à un sujet complexe, difficile, et offre des clefs très utiles pour comprendre ses fondements et ses mécanismes. Et nul doute, hélas, qu’il reste d’actualité encore quelques temps.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire