mercredi 1 septembre 2021

Deux belles lectures pour cette fin de mois d’août :

- « Quitter le monde » de Douglas Kennedy dans la collection Pocket. Il y avait


quelques années que je n’avais plus lu d’ouvrage du célèbre romancier américain aux succès d’édition multimillionnaires. Une sorte de lassitude devant ce qui me paraissait être un manque de renouvellement. Les hasards d’une « librairie d’été » où l’on s’échange les livres entre amis, m’a fait replonger dans ce monde littéraire américain pourtant si attachant. Avec quel bonheur ! Le récit de la vie de cette jeune femme américaine contemporaine, Jane Howard, si marquée par les épreuves de toutes sortes, père abandonnant sa mère et elle, mère alcoolique, mari qui la trompe et l’escroque, amant -par ailleurs son professeur à Harvard- se suicidant et, last but not least, l’amour de sa vie, une petite fille de trois ou quatre ans se faisant écraser sous ses yeux…Jane Howard, brillante diplômée de littérature américaine contemporaine, craque et tente de se suicider. Elle s’amoche bien mais se loupe…. Et elle se lance alors tant bien que mal, plutôt à son corps défendant, dans un chemin de résilience qu’elle va trouver d’une façon inattendue : quasiment dans une intrigue policière . Ce livre est à la fois émouvant et haletant. Je l’ai lu avec infiniment de plaisir.


- « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon paru chez Grasset. J’aime particulièrement Sorj Chalandon. J’ai aimé le journaliste membre de la toute première équipe de

Libération, le chroniqueur judiciaire pertinent et sensible, j’aime le journaliste curieux du « Canard enchainé », qui sait chaque semaine nous dénicher une émission de télévision ou un documentaire de qualité qui passera sur une chaîne impossible à une heure pas possible , j’aime l’humanisme et la sensibilité de cet homme que j’ai eu l’occasion de croiser au salon du livre de Pau il y a quelques années et avec lequel j’avais eu un contact à la fois simple et très chaleureux. Et j’aime ses livres d’abord parce qu’ils sont bien écrits, ensuite parce qu’ils sont bourrés d’humanité. A moins que ce ne soit l’inverse…Il nous livre ici un roman bigrement original, lourd et à bien des égards pathétique : « l’enfant de salaud » en question, c’est lui, Sorj Chalandon qui part, avec ce livre, à la recherche de son père ou, plus précisément, à la recherche du parcours de son père pendant la deuxième guerre mondiale. A partir de quelques témoignages, et en particulier celui de son grand-père lui ayant confié qu’il avait vu son fils sous l’uniforme allemand des SS, il mène une enquête minutieuse avec l’aide d’un ami historien pour cerner aussi précisément possible ce parcours pendant ces 5 années de nuit et brouillard. Le résultat est édifiant ! Un parcours fait de trahisons, de lâchetés, de dissimulations et de mensonges. Le livre s’organise autour de deux aspects des choses : d’abord le dialogue avec son père à qui il veut faire avouer la vérité. Dialogue impossible avec un mythomane de cette espèce. Et, au fond, c’est cette saloperie-là que ne digère pas l’auteur : que son père lui mente et ne lui dise pas franchement la vérité, les yeux dans les yeux, entre père et fils. Le salaud, c’est cet homme qui laisse son fils porter ce fardeau sans explication aucune…

Ensuite, le livre est largement nourri du contenu du procès de Klaus Barbie, à Lyon, que Sorj Chalandon a suivi pour le compte de son journal. Le livre commence d’ailleurs par le récit d’un, « pèlerinage » de l’auteur à Izieux dans la maison des enfants-martyrs. Et, à travers le parallèle entre ces deux dialogues impossibles, celui avec son père, et celui de Barbie refusant de répondre à la Cour, dialogues qui n’ont ni la même portée - son père n’est pas un criminel de guerre- ni la même profondeur philosophique, mais qui portent bien sur la même période douloureuse et en éclairent deux volets au fond complémentaires, l’auteur offre un tableau à la fois pathétique, puissant et émouvant. C’est un roman certes imprégné d’autobiographie et de recherches historiques mais c’est un roman comme le prouve la fin du livre aussitôt démentie par une mise au point éclairante. C’est un exercice douloureux , poignant, mais au final très réussi.

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