lundi 7 novembre 2016

Mes dernières lectures

-  Lu  "Cannibales" de Régis Jauffret paru au Seuil. Drôle de roman : une jeune femme de 24 ans vient de rompre avec un homme de trente ans son aîné et elle décide d'écrire à la mère de celui-ci pour s'expliquer de cette rupture. Il s'en suit une correspondance soutenue entre les deux femmes que retranscrit le livre. Parti pris littéraire doublement curieux : d'abord parce que correspondre ainsi avec la mère de son ex-compagnon n'est pas chose usuelle, ensuite parce que cette correspondance entre deux femmes très libres, pour ne pas dire libertines ou libertaires, prend parfois une tournure pour le moins déjantée. Mais il y a des passages extrêmement bien sentis sur les ruptures ou sur les rapports hommes-femmes =. Ca n'est pas le roman du siècle mais ça peut se lire.

- J'ai beaucoup apprécié "Génie de la laïcité" de Caroline FOUREST, paru chez Grasset et qu'elle a eu l'amitié de m'offrir dédicacé. Une vraie complicité intellectuelle, philosophique et politique me lie à Caroline FOUREST, qui est une femme courageuse et clairvoyante. De ce plaidoyer convaincant, présentant la laïcité "comme un bouclier et non pas comme un glaive", je retiendrai surtout cette approche parallèle et différenciée des cultures américaines et françaises sur la place des religions - où j'ai appris que l'ambassade américaine à Paris soutenait et semble soutenir encore des mouvements communautaristes, même si ceux-ci flirtent parfois avec l'intégrisme radical...-, ou bien cette présentation pédagogique du débat qui sévit à gauche entre "républicains" et " démocrates" sur ce sujet si majeur pour l'avenir de notre société. Républicains laïques, lisez ce livre pour affermir encore vos convictions !

- Lu encore "chanson douce" de Leila Slimani paru chez Gallimard, une beau roman de la littérature contemporaine. Une histoire très actuelle, celle d'un jeune couple de bobos parisiens avec deux très jeunes enfants, qui embauche une "nounou" afin de ne pas sacrifier la vie professionnelle de la femme. La nounou est, miracle, une recrue de choix qui est vite adoptée par les deux enfants, puis par l'ensemble de la famille et même par leurs amis qui profitent aussi de ses talents culinaires. Elle devient membre de la famille à part entière. Mais c'est une femme seule, veuve, endettée, qui vit dans un meublé glauque en grande banlieue et qui commence à s'angoisser de devoir, un jour, quitter cette famille et ces enfants qu'elle aime tant. Cette dérive psychologique, très bien décrite, finira en drame. Ca n'est pas gai. C'est même épouvantablement triste, mais c'est tellement actuel et vivant que ça donne, je le répète, un très beau livre, plein de sensibilité.

- "Comment on en est arrivé là ?" de Michèle Cotta, chez Robert Laffont. Ce livre-là, je ne l'ai pas lu du début à la fin, mais j'ai dû m'y plonger : un de mes amis l'avait emporté pour notre voyage et me l'a tendu en me disant : "Je ne te conseille pas de le lire car c'est très mauvais mais regarde les passages qui te concernent car elle te dezingue sévèrement". C'est curieux ce genre de journalisme politique, si peu scrupuleux...me démolir, après tout, c'est bien son droit et sa liberté. Et même sa méchanceté, dont évidemment, on peut bien se passer, ne regarde qu'elle : ce genre de sentiment, surtout gratuit, ne relève pas de l'honorable. Mais c'est sur le fond des choses que ces écrits m'ahurissent : elle me trouve "médiocre" parce qu'après les dernières élections municipales largement perdues par la gauche, j'avais fait une déclaration - pourtant très retenue ! Bien plus retenue que bien des dirigeants politiques de gauche ...- pour interpeller le pouvoir sur la désertion des urnes par le peuple de gauche, comme si cette contribution à tirer les leçons de ce scrutin était médiocre par essence...; elle me trouve "odieux" parce que, au fond, après avoir été le directeur de la campagne de Lionel Jospin lors de la présidentielle de 2002 , je n'aurais qu'un droit, celui de me taire puisque je serais le principal responsable de cet échec ... la victoire de Chirac, tout le monde s'en souvient, n'avait qu'un responsable : Antoine Rufenacht, son directeur de campagne. Dérisoire. Enfin, elle me trouve "couillon" pour avoir interrogé le gouvernement lors d'une séance de questions à l'Assemblée, après les attentats de novembre 2015, sans savoir - il eût fallu se renseigner !- que je l'avais fait à la demande du gouvernement et comme si c'était moi qui avais fait déraper l'attitude de la Droite dans l'hémicycle ...
Bref, sur le fond des choses, ce livre ne révèle rien d'intéressant si ce n'est les compte-rendus de dizaines, centaines de déjeuners de l'auteure avec le "tout Paris" politique.
Mais c'est un livre de règlements de comptes personnels. J'ai écrit il y a peu qu'il y avait des journalistes qui tiraient le débat politique vers le haut et d'autres vers le bas . Il y a aussi le très bas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire