lundi 17 janvier 2022

Lu « la décision » de Karine Tuil, paru chez Gallimard il y a quelques jours.

J’aime bien lire Karine Tuil, cette jeune écrivaine française contemporaine dont le
succès s’affirme de roman en roman au point d’avoir obtenu plusieurs prix pour son précédent ouvrage « les choses humaines » qui fut aussi traduit au cinéma par Yvan Attal. Ce que j’apprécie le plus chez cette auteure, c’est son rapport étroit avec la société dans laquelle elle vit - la nôtre- et ses grands thèmes sociétaux, tout en les mêlant avec des intrigues humaines fictives : elle a ainsi traité des coulisses du pouvoir politique, du retour d’un officier d’Afghanistan, des centres de rétention pour immigrés, ou du viol, bien sûr, pour « les choses humaines ». Avec une appétence manifeste pour le côté juridique des choses ce qui m’étonne moins depuis que j’ai appris qu’elle avait fait de solides études de droit…. Avec « La décision » , elle reste dans ce genre que je qualifierais de « juridico-romanesque » avec l’histoire d’une juge d’instruction antiterroriste au tribunal de Paris, confrontée à ses profonds dilemmes professionnels ( libérer ou maintenir en détention des hommes de retour de Syrie et suspectés de terrorisme ) peu compatibles avec une vie familiale sereine ( elle est mère de trois enfants dont encore deux au foyer) et, encore moins, beaucoup moins avec une aventure amoureuse quand celle-ci concerne un avocat, défenseur d’un de ses

« clients »…l’exercice de la responsabilité du juge et ses dilemmes, un beau sujet pour mes étudiants de Sciences-Po. La forme littéraire, faite d’alternance de récit romanesque et de comptes-rendus d’auditions( fictifs également, j’imagine, mais tellement vrais…), est très vivante et on dévore ce livre avec passion jusqu’à sa fin, tragique à bien des égards. Tout juste pourrait-on reprocher à l’auteure une relative difficulté à traduire les sentiments humains avec suffisamment d’émotion au sens romantique du terme. C’est lourd, très lourd, pas gai du tout, mais c’est à lire.

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