J’aime
bien lire Karine Tuil, cette jeune écrivaine française
contemporaine dont le
succès s’affirme de roman en roman au point
d’avoir obtenu plusieurs prix pour son précédent ouvrage « les
choses humaines » qui fut aussi traduit au cinéma par Yvan Attal.
Ce que j’apprécie le plus chez cette auteure, c’est son rapport
étroit avec la société dans laquelle elle vit - la nôtre- et ses
grands thèmes sociétaux, tout en les mêlant avec des intrigues
humaines fictives : elle a ainsi traité des coulisses du pouvoir
politique, du retour d’un officier d’Afghanistan, des centres de
rétention pour immigrés, ou du viol, bien sûr, pour « les choses
humaines ». Avec une appétence manifeste pour le côté juridique
des choses ce qui m’étonne moins depuis que j’ai appris qu’elle
avait fait de solides études de droit…. Avec « La décision » ,
elle reste dans ce genre que je qualifierais de «
juridico-romanesque » avec l’histoire d’une juge d’instruction
antiterroriste au tribunal de Paris, confrontée à ses profonds
dilemmes professionnels ( libérer ou maintenir en détention des
hommes de retour de Syrie et suspectés de terrorisme ) peu
compatibles avec une vie familiale sereine ( elle est mère de trois
enfants dont encore deux au foyer) et, encore moins, beaucoup moins
avec une aventure amoureuse quand celle-ci concerne un avocat,
défenseur d’un de ses
«
clients »…l’exercice de la responsabilité du juge et ses
dilemmes, un beau sujet pour mes étudiants de Sciences-Po. La forme
littéraire, faite d’alternance de récit romanesque et de
comptes-rendus d’auditions( fictifs également, j’imagine, mais
tellement vrais…), est très vivante et on dévore ce livre avec
passion jusqu’à sa fin, tragique à bien des égards. Tout juste
pourrait-on reprocher à l’auteure une relative difficulté à
traduire les sentiments humains avec suffisamment d’émotion au
sens romantique du terme. C’est lourd, très lourd, pas gai du
tout, mais c’est à lire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire