dimanche 3 juin 2018

Le 12 mai dernier, la dénommée Maryam Pougetoux, Présidente du Syndicat d'étudiants UNEF de l'Université de Paris IV, intervenait sur M6 pour commenter le blocage de certaines universités.

Jusque là, pas de problème, on est dans l'habituel et le fonctionnel, presque l'anecdotique..
Sauf que, pour ce faire, cette chère responsable syndicale portait un hijab, ce voile noir qui entoure le visage chez certaines femmes musulmanes. Polémique publique. Polémique alimentée par les propos ingénus ( faussement ?) de l'intéressée, affirmant que ce port n'était pas un message politique, mais juste l'expression de sa foi personnelle....
Et, évidemment, comme dans toute polémique, on a entendu toutes les bêtises possibles, de bonne ou de mauvaise foi.
Bêtise de la Droite extrême et de l'extrême-droite qui, dès qu'elles aperçoivent un voile, crient à l'envahissement et, une fois de plus, une fois encore, ne conçoivent la laïcité républicaine que comme une arme -qu'elle n'est pas !- pour combattre non pas les religions, mais une religion et une seule, l'Islam. Ces faux-laïcs, si aveugles quand il s'agit des atteintes à la laïcité par les religions chrétiennes, si complices même quand il faut porter des coups à l'école de la République, ne seront jamais de vrais laïcs.
Bêtise plus sournoise de tel responsable de l'Observatoire de la Laïcité qui, à force de l'observer, ne sait plus -s'il a jamais su!- ce qu'elle est dans sa globalité et sa richesse majeure, et qui nous explique doctement, long raisonnement juridique à l'appui, qu'elle a tout à fait le droit de porter le voile. " Elle a le droit !"... la belle affaire. Bien sûr qu'elle a le droit de porter le voile mais la question n'est pas là. Dans ces débats publics un peu polémiques, il faut toujours qu'il y en ait un pour prendre les autres pour des imbéciles et caricaturer leurs positions pour mieux les démolir. Personne d'intelligent et de sensé n'a mis en cause le droit de cette jeune femme de porter un voile, la question n'est pas là . La question est évidemment politique, elle n'est pas juridique. Et, dans ce genre de cas, réduire la laïcité à un corpus juridique n' est pas seulement inepte, c'est coupable. 
Bêtise de tous les bien-pensants de la presse et d'une grande partie de la Gauche qui, devant l'expression de l'émotion provoquée par cette image ont évidemment crié à l'islamophobie, ce refuge trop facile de tous les communautarismes et de tous les abandons.
Eh bien non !
On a bien le droit de s'émouvoir que cette jeune femme porte le voile quand elle s'exprime au nom de son Syndicat, non pas parce qu'elle n'aurait pas le droit d'exprimer une conviction personnelle, mais bien parce qu'elle s'exprime dans un débat public, au nom d'une organisation qui se disait laïque et républicaine. Je voudrais bien entendre les cris d'orfraie de tous ces faux-laïcs si le responsable d'un Syndicat étudiant de Droite s'exprimait à la télévision avec une grosse croix chrétienne autour du cou !
J'essaye de garder une position mesurée sur ces sujets si sensibles et, par exemple, je ne suis pas favorable à l'extension à l'université de l'interdiction des signes religieux valable dans les établissements scolaires. D'abord parce que les étudiants sont majeurs et que la République n'a plus à protéger leurs consciences. Ensuite parce que la tradition des franchises universitaires en fait des territoires de liberté très particuliers. Mais à condition qu'on ne nous prenne pas pour des imbéciles et qu'on ne nous empêche pas, au nom de je ne sais quelle pensée d'abandon et de compromission, de voir dans ces actes-là des actes politiques et de les aborder politiquement. Ca n'est pas parce que le port du voile est autorisé dans l'espace public et l'université que, pour autant, mon devoir de citoyen m'interdirait de m'interroger sur la signification politique de ce voile et d'y voir, quoi qu'on en dise, bien plus que l'expression individuelle et privée d'une foi. Derrière la sempiternelle rengaine selon laquelle " il y a aussi des femmes musulmanes qui portent le voile librement et de leur plein gré" , ce qui est sans doute vrai, on a bien le droit aussi de rappeler que des millions de femmes sont mortes à travers le monde pour avoir le droit... de ne pas le porter !
Et , avec l'universalisme  et le combat pour l'égalité femmes-hommes au cœur, on a bien le droit de poser la question : combien d'hommes portent le voile, librement ou pas ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire