lundi 14 mai 2018

10 mai 1981-10 mai 2018... 37 ans déjà. 


Je pense chaque jour ou presque à François MITTERRAND et à tout ce que nous avons vécu, collectivement, avec lui. À ce que j'ai vécu, pendant 10 ans, à ses côtés, pendant 23 ans de militantisme partagé, 17 ans de compagnonnage politique et, in fine, d'amitié. Et, évidemment, le 10 mai, j'y pense encore plus.
Mais je pense à lui souvent, en pensant à notre actuel président . Car Francois MITTERRAND nous disait souvent : " vous voyez ces gens qui vous disent qu'ils ne sont ni de Droite ni de Gauche ? Vous apprendrez cette règle incontournable : en fait , ils ne sont ni de Gauche...ni de Gauche !" . 40 ans après, on conviendra que la réflexion de Mitterrand est plus que jamais d'actualité non ?
J'y pensais notamment en regardant le portrait de Macron réalisé par Bertrand Delais, un réalisateur de documentaire que je connais et que j'apprécie, même si son obsession - respectable !- d'être "en communion" avec ses sujets ne le met pas à l'abri, en la circonstance, d'une tendance hagiographique évidente ....
Un an après l'élection de Macron, Bertrand Delais nous propose donc un portrait-bilan qui pousse naturellement à l'analyse critique en essayant d'être honnête à défaut d'être objectif.
J'aime bien, chez ce Macron mis en valeur par Delais, la politique étrangère volontariste. Et même sa relation avec Trump ne me choque pas quand il s'agit d'essayer jusqu'au bout d'essayer d'éviter le pire. Personne ne peut lui reprocher d'avoir essayé. Même si face à un homme qui nous refait le coup de Bush et des armes de destruction massive en Irak - franchement, voir dans l'Iran le principal financier du terrorisme, et ignorer ainsi, non seulement le schisme entre le sunnisme et le chiisme, mais aussi les liens évidents entre le sunnisme, le salafisme wahabbite notamment, et le terrorisme djihadiste, c'est prendre le monde pour un benêt ! Ben Laden n'était pas chiite . Al Qaïda n'est pas née à Téhéran !! - , même si, donc, ces efforts sont vains, ils sont méritoires. Cela étant, il y a des images de la visite à Washington où le paternalisme de Trump à l'égard du Président français, met mal à l'aise. Passons.
J'aime bien, chez ce Macron mis en valeur par Delais, l'engagement européen, assumé et courageux . C'est si rare depuis ... Mitterrand justement. En même temps ( oui ! En même temps...), à entendre certains de ses discours européens, je me dis d'une part qu'il sous-estime la crise Européenne - Ah! Cette idée qu'un Ministre ou un budget de la zone euro va redonner confiance aux peuples dans l'Europe...- et, d'autre part qu'il ferait bien de se garder de cette arrogance française qu'on nous reproche dans toute l'Europe.
J'aime bien, chez ce Macron mis en valeur par Delais, cette incarnation du pouvoir, cette autorité naturelle qui manquait tant à son prédécesseur, cette capacité à penser la France et à parler aux français de leur pays comme ce qui les unit ou les réunit, qui manquait tant à ses trois prédécesseurs.
"En même temps" (!..), il y a aussi dans tout cela une forme d'arrogance qui se confirme peu à peu et dont le Président ferait bien de se méfier.
D'abord pour sa tentation technocratique, l'arrogance de l'inspecteur des finances, très étrangère au vécu Des ( et non ce) citoyens, ensuite pour son penchant monarchiste qui fait fi de l'importance majeure, en démocratie, des contre-pouvoirs et des corps intermédiaires. J'ai déjà dit, dans ces pages, combien je partageais le cri - de colère?- de Laurent Berger, le dirigeant de la CFDT, qui voit bien que la démocratie sociale est en danger et ne s'y résigne pas. Attention...
Et puis, il y a l'affirmation de Mitterrand : ni de Gauche, ni de Gauche. C'est, désormais, tellement évident au plan économique, fiscal et social. Les ordonnances sur le marché du travail devaient instaurer la "flexisecurité" ? On a vu beaucoup de " flexi" et bien peu de "sécurité". La politique fiscale fait-elle de Macron le Président des riches ou des très riches ? En tout cas personne ne s'aventure à dire qu'il est le Président des pauvres ou, encore moins, des très pauvres... Quant au plan social, parce que je préside encore - bénévolement !- un office public d'HLM, j'ai déjà dit mon cri de colère et de révolte contre une politique tellement technocratique qu'elle en est bête et qu'elle sera inefficace.
Enfin, il y a un point que, curieusement, Bertrand Delais occulte totalement dans cette première année du quinquennat de Macron : c'est le discours des Bernardins aux évêques de France. C'est curieux cet oubli, non ? Je plaide, moi, que ce discours est hélas bien éclairant quant à une conception de la République qui, justement, n'est pas vraiment républicaine. Mais j'ai déjà dit pourquoi.

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