On connaît l'auteur, très prolifique et très médiatique, spécialiste de l'islam et du monde arabe qui enseigne à Sciences Po et à l'Ecole Normale supérieure.
En 1987, il avait déjà opéré, avec "les banlieues de l'islam", une plongée dans nos cités imprégnées de l'immigration post coloniale. Il y revient près de trente ans après.
Il décrit une fracture qu'il situe en 2004-2005 avec le vote de la loi interdisant le port de signes religieux dans les établissements scolaires de 2004 et les terribles émeutes des banlieues de 2005.
L'ouvrage a une qualité majeure : il est très bien documenté. En particulier, il retrace en détails les parcours des terroristes devenus célèbres, Merah, Coulibaly, Kouachi et tous les autres avec une précision ahurissante et, évidemment, très évocatrice. Il en fait de même avec la description de lieux sensibles, Lunel, Trappes, les Buttes-Chaumont ou Artigat en Ariège, et de leur rôle comme plaques tournantes. Édifiant là encore.
Son autre mérite est de se nourrir aux sources mêmes du terrorisme : les communiqués, les articles, les blogs et les vidéos parus sur le net et les sites terroristes. Ils disent tout.
En tout cas, à la croisée de tous ces chemins, on voit bien, par exemple, comment le monde carcéral joue un rôle majeur.
L'ouvrage est moins convaincant quand il parle politique, quand il fait une analyse politique, même si son approche de la montée concomitante de l'extrême droite ne manque pas toujours de pertinence, ou bien quand il essaye de remettre tout cela en perspective.
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