lundi 12 septembre 2016

Retour de mission parlementaire au Maroc et en Mauritanie,


Retour de mission parlementaire au Maroc et en Mauritanie, deux pays amis de la France, membres d'un " Maghreb" qui demeure, hélas, une virtualité plus qu'une réalité. Je reviendrai plus tard sur cette mission qui nous conduira bientôt en Tunisie et en Algérie et nous permettra de faire un point aussi exhaustif que possible sur cette rive sud de la Méditerranée.

Je retiendrai pour l'instant un événement majeur survenu le 20 août au Maroc et que nos médias français ont pour le moins oublié, si ce n'est un édito très bien senti de Bernard Henry Lévy dans " Le point" de la semaine dernière : ce jour-là, le roi Mohamed VI, dans un grand discours du style " État de l'union", a évoqué avec clarté et courage le difficile et douloureux problème de l'islamisme radical. Il l'a fait comme chef de l'Etat mais aussi et peut-être surtout comme " chef des croyants" de son pays. Et il n'y est pas allé de main morte, dénonçant avec une fermeté spectaculaire ces " mécréants" qui usurpent leur appartenance à l'Islam, leur déniant tout droit à s'exprimer et agir au nom de celui-ci et leur promettant l'enfer comme issue collective fatale. On voit bien ce que ce discours a de fondamental puisqu'il vient d'une personnalité du monde musulman (et pas n'importe laquelle !)  au moment où, en France et face au terrorisme djihadiste, nous sommes tant à nous plaindre que des grandes voix musulmanes ne s'élèvent pas, ou pas assez, ou pas assez fort, pour en faire de même. C'est d'ailleurs pourquoi le silence des médias sur ce discours du roi achemite a quelque chose de déroutant.

Cette question est une question centrale et j'en profite pour répondre à ceux qui, à Gauche notamment, nous font reproche de mettre en cause l'unité de la Republique - rien que cela ! - en interpellant de la sorte les musulmans de France. Mais le lien entre le terrorisme et l'islam, ça n'est pas moi, ça n'est pas nous qui le faisons ! Ce sont les terroristes eux-mêmes, qui disent agir au nom de l'Islam !! Et pour faire vivre l'idée, que je crois juste, qu'il faut bien distinguer l'immense majorité des musulmans de France, républicains et respectueux des lois de la République, d'une infime minorité de fanatiques violents et barbares a bien des égards, il faut bien couper ce lien ! Et qui d'autre que les musulmans est susceptible de le faire ? J'avoue qu'autant je me sens, comme républicain, capable de dire " ça n'est pas ça la laïcité " (ce qui n'est déjà pas toujours facile tant les usurpations du terme ou le confusionnisme le concernant foisonnent ...), autant je ne me sens pas capable de dire " ça n'est pas ça l'islam ". Et ça n'est pas seulement une question de capacité ou de légitimité, c'est aussi une question de légalité : la loi de 1905 n'a pas seulement pour conséquence de priver les religions de toute ingérence politique, elle oblige aussi les politiques à ne pas s'ingérer dans les affaires religieuses.  J'ajoute que ladite loi de 1905 instaure un équilibre que l'on ferait bien de mieux mesurer : elle garantit le libre exercice des cultes dans la limite des considérations d'ordre public. Or, ce n'est plus seulement l'ordre public qui est menacé en France, c'est la paix civile mise en cause par la guerre que nous livrent les terroristes de l'islam radical. Et il sera de plus en plus difficile pour la République de garantir le libre-exercice de l'islam si ce fameux lien n'est pas coupé, c'est une évidence .voila pourquoi le discours de Mohamed VI  méritait plus d'écho.

Paradoxe de l'histoire : à Rabat, nous rencontrons le Premier Ministre Abdelilah Benkirane, chef du Parti de la justice et du développement, que l'on qualifie " d'islamiste modéré ", et qui dirige la coalition gouvernementale depuis 2011 et sa victoire aux élections avec 27% des élus (jusqu’aux prochaines élections au début du mois d'octobre prochain.) Forcément, je l'interroge sur le discours du roi et lui demande si son engagement islamiste n'a pas été malmené par sa loyauté absolue au roi. Ou si c'est l'inverse. Il se lance alors dans un long développement dans lequel il commence par approuver le roi puis insiste sur la nécessaire dissociation entre l'engagement religieux, affaire personnelle ("  je ne suis pas un pratiquant exemplaire" nous dit-il ...) et le service du pays qui ne peut être guidé que par l'intérêt général. Comme l'homme est un séducteur manifeste, on aurait presque tendance à le croire, jusqu' à ce qu'il nous reproche le vote, en France, de la loi de 2004 sur l'interdiction des signes religieux à l'école....


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