Livre bien original : je n'avais jamais lu un ouvrage de
ce type. On peut dire que c'est une biographie, ou une autobiographie, sauf que
le cœur du sujet s'élargit de l'auteur à sa famille, au sens large du terme.
Une famille protestante qui, après guerre, s'installa dans un habitat groupé,
la Fraternité, à Clamart. Une famille à deux grandes branches, l'une plutôt
aisée, l'autre pauvre. Mais une famille unie. Et les décennies passent, les
liens se distendent, les évolutions sociales modifient les situations et les
relations, les pauvres deviennent riches, les plus vieux s'en vont, les enfants
puis les petits enfants grandissent. Et puis, politiquement, dans cette famille
globalement de gauche, 68 intervient comme un détonateur traumatisant :
beaucoup s'engagent, mais le rêve passé, certains insistent, au sein de
l'ultra-gauche et, des années plus tard, après s'être approchés d'Action
Directe, connaîtront même la prison. C'est très intéressant : même si je n'ai
accroché ni à un certain nombrilisme familial de l'auteur - alors que
curieusement, je connais plusieurs membres de cette famille...-, ni à un
certain sentimentalisme à l'égard du gauchisme que je n'ai jamais partagé, il
reste l'histoire vraie d'une certaine partie de la gauche française de la
deuxième moitié du 20ème siècle qui révèle une évolution psychosociologique
qu'on dira incontournable. De ce point de vue, l'exercice littéraire est aussi
original qu’instructif.
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